Bel ensemble de quatre lettres de Lucien Descaves à Zo d'Axa.

Cet ensemble contient :

- 1 carte autographe signée à Zo d'Axa (2 pages
- 1 lettre autographe signée à Zo d'Axa (2 pages)
- 1 lettre autographe signée à Zo d'Axa (1 page)
- 1 lettre autographe signée sur papier monogramme L.D. (2 pages)

Provenance : Fonds Zo d'Axa.










Plus d'infos sur Lucien Descaves :

Lucien Alexandre Descaves, né à Paris 14e le  et mort à Paris 16e le Note 1(à 88 ans), est un écrivain naturaliste et libertaire1.

Journaliste, romancier et auteur dramatique français, il est parmi les fondateurs de l'Académie Goncourt.

Fils du graveur Alphonse Descaves (1830-1890), il rendra hommage à cette profession dans une étude intitulée La Teigne (1885).

En 1887, Descaves signe avec Paul MarguerittePaul Bonnetain et d'autres un manifeste contre Zola à l'occasion de son roman La Terre : le Manifeste des cinq.

Lucien Descaves s'est lui-même particulièrement rendu célèbre par un roman antimilitariste, intitulé Les Sous-offs, pour lequel il fut traduit en cour d'assises pour injures à l'armée et outrages aux bonnes mœurs. Il fut défendu par maîtres Tézenas et Millerand. C'est durant son service militaire, qu'il termina comme sergent-major, qu'il puise les scènes d'un réalisme cru qui ponctuent la fiction. Acquitté en 1890, il donna d'autres œuvres dans le même ton et contenant des violences jugées excessives par certains (Louis Bethléem) ou d'une brutale sincérité pour d'autres (Larousse).

Il est rédacteur au journal L'Aurore au moment de l'affaire Dreyfus, à qui il apporte son soutien.

En 1902, avec notamment Élisée ReclusJehan RictusParaf-JavalMaurice DonnayHenri ZislyÉmile ArmandGeorges Deherme, il est parmi les fondateurs de la Société pour la création et le développement d'un milieu libre en France qui appuiera la création d'une communauté libertaireLa Clairière de Vaux (Essômes-sur-Marne, Aisne), « premier milieu libre » français non éphémère dissout en 19072.

Après la mort de Joris-Karl Huysmans en 1907, il crée la Société J.-K. Huysmans.

Il tient à partir de 1916 la rubrique littéraire qui reste le point fort du Journal.

En 1927, il signe en compagnie d'AlainLouis GuillouxHenry PoulailleJules RomainsSéverine... la pétition (parue le 15 avril dans la revue Europe) contre la loi sur l'organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d'opinion.

Il fait partie des membres fondateurs de l'Académie Goncourt. En 1932, il sera l'un des plus violents pourfendeurs de ses coacadémiciens après que le prix, qui semblait promis à Céline pour le Voyage au bout de la nuit, eut finalement échu aux Loups de Guy Mazeline. Il votera par correspondance jusqu'à son retour à la table Drouant le 22 novembre 1939.(in Jacques Robichon Le défi des Goncourt).

René Benjamin, qui lui vouait une haine tout à fait réciproque, a écrit sur lui : « Je ne connais rien de plus étroit que le bureau de Lucien Descaves si ce n'est son esprit ». Paul Léautaud note en effet dans son Journal, à propos de Lucien Descaves : « Il est venu passer deux jours à Paris avec sa femme et repart demain. Que faire à Paris ? Il n'y a plus de journaux. Et collaborer à des journaux tenus par les Allemands ? Ah ! non. Jamais de la vie » (18 septembre 1940). Descaves fit aussi preuve d'une certaine étroitesse d'esprit par rapport à la publication du livre de René Benjamin sur Le Maréchal et son peuple, en 1941.[C'est-à-dire ?]

Il fut président de l'Académie Goncourt de 1945 à 1949.

Il décède le  à Paris3.

Lucien Descaves était le frère d'Eugène Descaves, commissaire de police et collectionneur d'art, l'oncle de la pianiste Lucette Descaves (1906-1993) et le père de l'écrivain et homme de radio Pierre Descaves.


Plus d'infos sur Zo d'Axa :

Alphonse Gallaud de la Pérouse, dit Zo d'Axa, né à Paris le 24 mai 1864 et mort à Marseille le 30 août 1930, est un individualiste libertaireantimilitaristepamphlétaire et journaliste satirique français, créateur du journal L’En-dehors et de La Feuille1.

Après l’arrestation de Ravachol et de ses compagnons, il lance une souscription pour aider les familles de détenus. Pour ce motif, il est enfermé un mois à la prison de Mazas. Craignant de nouvelles poursuites, il part pour un long voyage : Londres, l’Italie, la Grèce, l’empire Ottoman. Début 1893, il est arrêté à Jaffa en Palestine et renvoyé en France où il purge une peine de 18 mois de prison

Zo d'Axa est issu d'une famille bourgeoise. Descendant du navigateur La Pérouse, petit-fils du fournisseur officiel des aliments laitiers de la famille impériale, il est le fils d'un haut fonctionnaire des Chemins de fer d'Orléans devenu par la suite ingénieur de la Ville de Paris.

Après des études au collège Chaptal, Zo d'Axa s'engage en 1882 dans les chasseurs d'Afrique. Il déserte rapidement, après avoir séduit la femme de son officier supérieur. Réfugié à Bruxelles, il collabore aux Nouvelles du jour puis devient quelque temps secrétaire du théâtre de l'Alcazar puis au théâtre de l'Eden. Après avoir publié un essai poétique intitulé Au Galop, Zo d'Axa s'installe à Rome et fréquente la Villa Médicis où il rencontre les peintres Scipione Vannutelli, Constant Montald et Cesare Biseo pour lesquels il pose. Il collabore à ce moment au journal L'Italie, où il fait office de critique d'art.

L'amnistie de 1889 lui permet de rentrer en France après huit ans d'absence2. C'est à ce moment que Zo d'Axa s'implique dans les milieux libertaires, même si son individualisme le pousse à rejeter l'étiquette d'anarchiste.

Il fonde en mai 1891 L’En-dehors3, un hebdomadaire dont le titre résume à lui seul sa pensée et qui publie 91 numéros jusqu'en 1893 (le titre sera repris par Émile Armand en 1922). Les collaborateurs, anarchistes ou non, y sont nombreux : Tristan BernardGeorges DarienLucien DescavesSébastien FaureFélix FénéonBernard LazareErrico MalatestaCharles MalatoLouise Michel et Octave Mirbeau, pour n'en nommer que quelques-uns. Dans une atmosphère de propagande par le fait et d'attentats, L’En-dehors est rapidement la cible des autorités, et subit perquisitions, poursuites et saisies. D'Axa, Louis Matha et Lecoq finissent par être condamnés.

Après l'arrestation de Ravachol et de ses compagnons, Zo d'Axa lance une souscription pour les enfants des détenus : « pour ne pas laisser mourir de faim les mioches dont la Société frappe implacablement les pères parce qu’ils sont des révoltés »1. Il distribue l'argent aux familles, ce qui amène son arrestation pour « participation à une association de malfaiteurs ». Emprisonné à Mazas, il refuse de répondre aux interrogatoires ou de signer quoi que ce soit et est mis au secret, sans visite de ses proches ou de son avocat. Remis en liberté provisoire au bout d'un mois, Zo d'Axa déclare ironiquement, à sa sortie de prison : « Notre pauvre liberté, provisoire toujours ».

Après sa libération, Zo d'Axa intensifie son action pamphlétaire. Un article de Jules Méry, jugé offensant pour l'armée, lui vaut de nouvelles poursuites. Dégoûté, il part pour Londres où il rencontre Charles MalatoLouise Michel (qui connut son grand-père), Georges DarienÉmile Pouget ainsi que les peintres Maximilien LuceCamille Pissarro et James Abbott McNeill Whistler. Il part ensuite pour les Pays-Bas avec une troupe de musiciens ambulants, puis pour l'Allemagne où il vit pendant un bref moment avec des bûcherons de la Forêt noire.

Il se rend ensuite à Milan où se déroule un procès d'anarchistes. Arrêté en pleine nuit, il est expulsé d'Italie avec des anarchistes italiens. Après avoir organisé une révolte à bord du bateau qui le menait en Grèce, il visite Athènes et dort dans les ruines du Parthénon. Il part ensuite pour Constantinopleoù il est arrêté puis relâché, et se rend à Jaffa en janvier 1893. Il est là aussi arrêté, gardé à vue pendant quelques semaines. Il s'évade et se réfugie au consulat du Royaume-Uni, mais est quand même remis aux autorités françaises et embarqué sur le navire La Gironde pour Marseille. En arrivant, Zo d'Axa passe quelques jours à la prison de Marseille, comme prisonnier de droit commun. Transféré à Paris, il passe dix-huit mois à la prison Sainte-Pélagie comme politique, ayant refusé de signer une demande en grâce.

Zo d'Axa est libéré le 1er juillet 1894. Il publie alors De Mazas à Jérusalem qu'il a écrit en prison et qui reçoit des critiques dithyrambiques et unanimes, d'Octave MirbeauLaurent Tailhade à Jules Renard ou Georges Clemenceau1. Malgré ce succès, Zo d'Axa est couvert de dettes, son journal mort et ses collaborateurs sont dispersés. Il cesse alors tout activité publique jusqu'à l'affaire Dreyfus. Il devient dreyfusard pour le principe de justice et pour s'opposer à l'armée, même si la personne même de Dreyfus lui est antipathique : « Si ce monsieur ne fut pas traître, il fut capitaine ; passons. » Le 6 octobre 1897, il fonde un nouveau journal, La Feuille, dont il rédige l'essentiel des textes, illustrés entre autres par SteinlenLuceAnquetinWillette et Hermann-Paul4.

Jusqu'en 1899, Zo d'Axa publie dans La Feuille divers articles antimilitaristes et anti-capitalistes. Il lance une campagne pour l'abolition des bagnes d'enfants. Lors des élections, La Feuille choisit un âne comme candidat officiel ; promené à travers Paris, il fait scandale. Le jour du scrutin, Zo d'Axa parcourt la ville sur un char tiré par l'âne blanc, suivi d'une foule nombreuse et hilare. La police se présente, veut mettre fin à la manifestation et conduire l'âne à la fourrière ; une bagarre s'ensuit et Zo d'Axa relâche l'âne en disant : « Cela n'a plus d'importance, c'est maintenant un candidat officiel ! »

Mais toute cette activité finit par le lasser. En 1900, il part à nouveau, et visite les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Brésil, la Chine, le Japon, et l'Inde. Il envoie de chacun de ces pays des articles où l'on retrouve sa soif intarissable de justice. Aux États-Unis, par exemple, il visite la veuve de Gaetano Bresci qui assassina le roi italien Umberto Ier.

De retour en France, il vit un temps sur une péniche avant de s'installer à Marseille où il se fixe jusqu'à sa mort. Les dernières années de sa vie le voient blasé, pessimiste sur la nature profonde de l'humain. Il choisit de mettre fin à ses jours le 30 août 19301.


Plus d'infos sur l'anarchisme : 

L'anarchisme est un courant de philosophie politique développé depuis le xixe siècle sur un ensemble de théories et de pratiques anti-autoritaires1 d'égalité sociale.

Le terme libertaire, souvent utilisé comme synonyme, est un néologisme créé en 1857 par Joseph Déjacque pour renforcer le caractère égalitaire.

Fondé sur la négation du principe d'autorité dans l'organisation sociale et le refus de toute contrainte découlant des institutions basées sur ce principe2, l'anarchisme a pour but de développer une société sans domination et sans exploitation, où les individus-producteurs coopèrent librement dans une dynamique d'autogestion3 et de fédéralisme.

Contre l'oppression, l'anarchisme propose une société basée sur la solidarité comme solution aux antagonismes, la complémentarité de la liberté de chacun et celle de la collectivité, l'égalité des conditions de vie et la propriété commune autogérée. Il s'agit donc d'un mode politique qui cherche non pas à résoudre les différences opposant les membres constituants de la société mais à associer des forces autonomes et contradictoires4.

L'anarchisme est un mouvement pluriel qui embrasse l'ensemble des secteurs de la vie et de la société. Concept philosophique, c’est également « une idée pratique et matérielle, un mode d’être de la vie et des relations entre les êtres qui naît tout autant de la pratique que de la philosophie ; ou pour être plus précis qui naît toujours de la pratique, la philosophie n’étant elle-même qu’une pratique, importante mais parmi d’autres »5.

En 1928, Sébastien Faure, dans La Synthèse anarchiste, définit quatre grands courants qui cohabitent tout au long de l'histoire du mouvement : l'individualisme libertaire qui insiste sur l'autonomie individuelle contre toute autorité ; le socialisme libertaire qui propose une gestion collective égalitaire de la société ; le communisme libertaire, qui de l'aphorisme « De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » créé par Louis Blanc, veut économiquement partir du besoin des individus, pour ensuite produire le nécessaire pour y répondre ; l'anarcho-syndicalisme, qui propose une méthode, le syndicalisme, comme moyen de lutte et d'organisation de la société6.

Depuis, de nouvelles sensibilités se sont affirmées, telles l'anarcha-féminisme ou l'écologie sociale7.

En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur base de trois modèles. Le premier, « insurrectionnel », englobe autant les mouvements organisés que les individualistes qui veulent détruire le système autoritaire avant de construire, qu’ils soient bakouniniensstirnerien ou partisans de la propagande par le fait. Le second, « syndicaliste », vise à faire du syndicat et de la classe ouvrière, les principaux artisans tant du renversement de la société actuelle, que les créateurs de la société future. Son expression la plus aboutie est sans doute la Confédération nationale du travail pendant la révolution sociale espagnole de 1936. Le troisième est « éducationniste réalisateur » dans le sens où les anarchistes privilégient la préparation de tout changement radical par une éducation libertaire, une culture formatrice, des essais de vie communautaires, la pratique de l'autogestion et de l'égalité des sexes, etc. Ce modèle est proche du gradualisme d'Errico Malatesta et renoue avec « l’évolutionnisme » d'Élisée Reclus.

Pour Vivien Garcia dans L'Anarchisme aujourd'hui (2007), l'anarchisme « ne peut être conçu comme un monument théorique achevé. La réflexion anarchiste n'a rien du système. […] L'anarchisme se constitue comme une nébuleuse de pensées qui peuvent se renvoyer de façon contingente les unes aux autres plutôt que comme une doctrine close »8

Selon l'historien américain Paul Avrich : « Les anarchistes ont exercé et continuent d'exercer une grande influence. Leur internationalisme rigoureux et leur antimilitarisme, leurs expériences d'autogestion ouvrière, leur lutte pour la libération de la femme et pour l'émancipation sexuelle, leurs écoles et universités libres, leur aspiration écologiqueà un équilibre entre la ville et la campagne, entre l'homme et la nature, tout cela est d'une actualité criante. »9



Le terme « anarchisme » et ses dérivés sont employés tantôt péjorativement, comme synonymes de désordre social dans le sens commun ou courant et qui se rapproche de l’anomie, tantôt comme un but pratique, car l'anarchisme défend l'idée que l'absence d'une structure de pouvoir n'est pas synonyme de désorganisation sociale13.

Les anarchistes rejettent en général la conception courante de l'anarchie (utilisée par les médias et les pouvoirs politiques). Pour eux, « l'ordre naît de la liberté »14,15, tandis que les pouvoirs engendrent le désordre. Certains anarchistes useront du terme « acratie » (du grec « kratos », le pouvoir), donc littéralement « absence de pouvoir », plutôt que du terme « anarchie » qui leur semble devenu ambigu. De même, certains anarchistes auront plutôt tendance à utiliser le terme de « libertaires »16.

Pour ses partisans, l'anarchie n'est justement pas le désordre social. C’est plutôt le contraire, soit l'ordre social absolu17, grâce notamment à la socialisation des moyens de production : contrairement à l'idée de possessions privées capitalisées, elle suggère celle de possessions individuelles ne garantissant aucun droit de propriété, notamment celle touchant l'accumulation de biens non utilisés18. Cet ordre social s'appuie sur la liberté politique organisée autour du mandatement impératif, de l'autogestion, du fédéralisme libertaire et de la démocratie directe. L'anarchie est donc organisée et structurée : c'est l'ordre moins le pouvoir19.

Le terme anarchie est un dérivé du grec ἀναρχία, anarkhia20. Composé du préfixe privatif an- (en grec αν, « sans », « privé de ») et du radical arkhê, (en grec αρχn, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »)21,22. L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de principe23 », « absence de règle23 », « absence de chef24 », « absence d'autorité2 » ou « absence de gouvernement22 ».

Dans un sens négatif, l'anarchie évoque le chaos et le désordre, l'anomie25. Et dans un sens positif, un système où les individus sont dégagés de toute autorité25. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoriciensocialiste libertairePierre-Joseph Proudhon (1809-1865). Dans Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare « anarchiste » et précise ce qu'il entend par « anarchie » : « une forme de gouvernement sans maître ni souverain »25.


Pour de nombreux théoriciens de l'anarchisme, l'esprit libertaire remonte aux origines de l'humanité26. À l'image des Inuits, des Pygmées, des Santals, des Tivs, des Piaroa ou des Merina, de nombreuses sociétés fonctionnent, parfois depuis des millénaires, sans autorité politique (État ou police)27 ou suivant des pratiques revendiquées par l'anarchisme comme l'autonomie, l'association volontaire, l'auto-organisation, l'aide mutuelle ou la démocratie directe28.

Les premières expressions d'une philosophie libertaire peuvent être trouvées dans le taoïsme et le bouddhisme29. Au taoïsme, l'anarchisme emprunte le principe de non-interférence avec les flux des choses et de la nature, un idéal collectiviste et une critique de l'État ; au bouddhisme, l'individualisme libertaire, la recherche de l'accomplissement personnel et le rejet de la propriété privée30.

Une forme d’individualisme libertaire est aussi identifiable dans certains courants philosophiques de la Grèce antique, en particulier dans les écrits épicurienscyniques et stoïciens31.

Certains éléments libertaires du christianisme ont influencé le développement de l'anarchisme32, en particulier de l'anarchisme chrétien33. À partir du Moyen Âge, certaines hérésies et révoltespaysannes attendent l'avènement sur terre d'un nouvel âge de liberté30. Des mouvements religieux, à l'exemple des hussites ou des anabaptistes s'inspirèrent souvent de principes libertaires34.

Plusieurs idées et tendances libertaires émergent dans les utopies françaises et anglaises de la Renaissance et du siècle des Lumières35. Pendant la Révolution française, le mouvement des Enragés s'oppose au principe jacobin du pouvoir de l'État et propose une forme de communisme36. En France, en Allemagne, en Angleterre ou aux États-Unis, les idées anarchistes se diffusent par la défense de la liberté individuelle, les attaques contre l'État et la religion, les critiques du libéralisme et du socialisme30. Certains penseurs libertaires américains comme Henry David ThoreauRalph Waldo Emerson et Walt Whitman, préfigurent l’anarchisme contemporain de la contre-culture, de l'écologie, ou de la désobéissance civile37.

Remonter si loin dans l'histoire de l'humanité n'est pas sans risque d'anachronisme ou d'idéologie38. C'est donner une définition extrêmement vague de l'anarchisme sans tenir compte des conditions historiques et sociales de l'époque des faits38. Il faudra attendre la Révolution française pour découvrir des aspirations ouvertement libertaires chez des auteurs comme Jean-François VarletJacques Roux ou Sylvain Maréchal38William Godwin (1793) apparaît comme l'un des précurseurs de l'anarchisme. Pierre-Joseph Proudhon est le premier théoricien social à s'en réclamer explicitement en 184039.

L'anarchisme est une philosophie politique qui présente une vision d'une société humaine sans hiérarchie, et qui propose des stratégies pour y arriver, en renversant le système social autoritaire.

L'objectif principal de l'anarchisme est d'établir un ordre social sans dirigeants ni dirigés. Un ordre fondé sur la coopération volontaire d'hommes et de femmes libres et conscients, qui ont pour but de favoriser un double épanouissement : celui de la société et celui de l'individu qui participe à celle-ci. Selon l'essayiste Hem Day : « On ne le dira jamais assez, l’anarchisme, c’est l’ordre sans le gouvernement ; c’est la paix sans la violence. C’est le contraire précisément de tout ce qu’on lui reproche, soit par ignorance, soit par mauvaise foi. »40

La pensée anarchiste s’oppose par conséquent à toutes les formes d’organisation sociale qui oppriment des individus, les asservissent, les exploitent au bénéfice d’un petit nombre, les contraignent, les empêchent de réaliser toutes leurs potentialités41.

À la source de toute philosophie anarchiste, on retrouve une volonté d'émancipation individuelle ou collective. L'amour de la liberté, profondément ancré chez les anarchistes, les conduit à lutter pour l'avènement d'une société plus juste, dans laquelle les libertés individuelles pourraient se développer harmonieusement et formeraient la base de l'organisation sociale et des relations économiques et politiques.

L'anarchisme est opposé à l'idée que le pouvoir coercitif et la domination soient nécessaires à la société et se bat pour une forme d'organisation sociale et économique libertaire, c'est-à-dire fondée sur la collaboration ou la coopération plutôt que la coercition.

L'ennemi commun de tous les anarchistes est l'autorité, sous quelque forme que ce soit, l'État étant leur principal ennemi : l'institution qui s'attribue le monopole de la violence légale (guerres, violences policières), le droit de voler (impôt) et de s'approprier l'individu (conscription, service militaire)42.

Les visions qu'ont les différentes tendances anarchistes de ce que serait ou devrait être une société sans État sont en revanche d'une grande diversité. Opposé à tout credo, l'anarchiste prône l'autonomie de la conscience morale par-delà le bien et le mal définis par une orthodoxiemajoritaire, un pouvoir à la pensée dominante. L'anarchiste se veut libre de penser par lui-même et d'exprimer librement sa pensée.

Certains anarchistes dits « spontanéistes » pensent qu'une fois la société libérée des entraves artificielles que lui impose l'État, l'ordre naturel précédemment contrarié se rétablirait spontanément, ce que symbolise le « A » inscrit dans un « O » (« L'anarchie, c'est l'ordre sans le pouvoir »Proudhon). Ceux-là se situent, conformément à l'héritage de Proudhon, dans une éthique du droit naturel (elle-même affiliée à Rousseau).

D'autres pensent que le concept d'ordre n'est pas moins « artificiel » que celui d'État. Ces derniers pensent que la seule manière de se passer des pouvoirs hiérarchiques est de ne pas laisser d'ordre coercitif s'installer. À ces fins, ils préconisent l'auto-organisation des individus par fédéralisme, comme moyen permettant la remise en cause permanente des fonctionnements sociaux autoritaires et de leurs justifications médiatiques. En outre, ces derniers ne reconnaissent que les mandats impératifs (votés en assemblée générale), révocables (donc contrôlés) et limités à un mandat précis et circonscrit dans le temps. Enfin, ils pensent que le mandatement ne doit intervenir qu'en cas d'absolue nécessité.

Les anarchistes se distinguent de la vision marxiste d'une société future en rejetant l'idée d'une dictature qui serait exercée après la révolution par un pouvoir temporaire : à leurs yeux, un tel système ne pourrait déboucher que sur la tyrannie. Ils sont partisans d'un passage direct, ou du moins aussi rapide que possible, à une société sans État, celle-ci se réaliserait par le biais de ce que Bakounine appelait l'« organisation spontanée du travail et de la propriété collective des associations productrices librement organisées et fédéralisées dans les communes »43.

Pierre Kropotkine voit pour sa part la société libertaire comme un système fondé sur l'entraide, où les communautés humaines fonctionneraient à la manière de groupes d'égaux ignorant toute notion de frontière. Les lois deviendraient inutiles car la protection de la propriété perdrait son sens ; la répartition des biens serait, après expropriation des richesses et mise en commun des moyens de production, assurée par un usage rationnel de la prise au tas (ou « prise sur le tas ») dans un contexte d'abondance, et du rationnement pour les biens plus rares44.


Dans Qu'est-ce que la propriété ? (1840), Pierre-Joseph Proudhon expose les méfaits de la propriété dans une société. Ce livre contient la citation célèbre « La propriété, c'est le 

Lors du dernier tiers du xixe siècle et du début du xxe siècle, l'anarchisme est l'un des deux grands courants de la pensée révolutionnaire, en concurrence directe avec le marxisme39.

Avec Michel Bakounine, qui joue un rôle déterminant dans la Première Internationale dont il est évincé par les partisans de Karl Marx en 1872, l'anarchisme prend un tour collectiviste face à la tendance mutualiste et respectueuse de la petite propriété privée défendue par Pierre-Joseph Proudhon39.

Sous l'influence des communistes libertaires, dont Pierre Kropotkine et Élisée Reclus, émerge ensuite le projet d'une réorganisation de la société sur la base d'une fédération de collectifs de production ignorant les frontières nationales.

Dans les années 1880-1890, sous l'inspiration notamment de Errico Malatesta, l'anarchisme se scinde entre insurrectionnalistes et partisans d'une conception gradualiste à la fois « syndicaliste et éducative […] fondée sur le primat pacifiste des solidarités vécues »39.

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En 1928, dans l'Encyclopédie anarchiste, le russe Voline définit « les trois idées maîtresses » : « 1° Admission définitive du principe syndicaliste, lequel indique la vraie méthode de la révolution sociale ; 2° Admission définitive du principe communiste (libertaire), lequel établit la base d'organisation de la nouvelle société en formation ; 3° Admission définitive du principe individualiste, l'émancipation totale et le bonheur de l'individu étant le vrai but de la révolution sociale et de la société nouvelle. »45

En 2007, l'historien Gaetano Manfredonia propose une relecture de ces courants sur base de trois modèles46.



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Les socialistes libertaires, selon les tendances, considèrent que la société anarchiste peut se construire par mutualismecollectivismecommunismesyndicalisme, mais aussi par conseillisme. L'abolition de la propriété lucrative et l'appropriation collective des moyens de production est un point essentiel de cette tendance. Par « propriété », on n'entend pas le fait de posséder quelque chose pour soi, mais de le posséder pour en tirer des revenus du travail des autres. Ces courants, composés initialement de Proudhon (et de ses successeurs), puis de Bakounine, étaient présents au sein de l'Association internationale des travailleurs (Première internationale), jusqu'à la scission de 1872 (où Bakounine et Karl Marx se sont trouvés opposés). Le socialisme libertaire établit un pont entre le socialisme et l'individualisme (notamment par le biais du coopérativisme et du fédéralisme) combattant tant le capitalisme que l'autoritarisme sous toutes ses formes.

Les cinq tendances (socialiste, communiste, syndicaliste, proudhonienne et insurrectionnelle) se rejoignent et coexistent au sein des différentes associations. L'ensemble de ces courants se caractérise par une conception particulière du type d'organisation militante nécessaire pour avancer vers une révolution. Ils se méfient de la conception centralisée d'un parti révolutionnaire, car ils considèrent qu'une telle centralisation mène inévitablement à une corruption de la direction par l'exercice de l'autorité.


Selon E. Armand dans l'Encyclopédie anarchiste : « Les individualistes anarchistes sont des anarchistes qui considèrent au point de vue individuel la conception anarchiste de la vie, c'est-à-dire basent toute réalisation de l'anarchisme sur « le fait individuel », l'unité humaine anarchiste étant considérée comme la cellule, le point de départ, le noyau de tout groupement, milieu, association anarchiste »48.

Les individualistes nient la nécessité de l’État comme régulateur et modérateur des rapports entre les individus et des accords qu’ils peuvent passer entre eux. Ils rejettent tout contrat social et unilatéral. Ils défendent la liberté absolue dans la réalisation de leurs aspirations.

L'anarcha-féminisme ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown : « Puisque l'anarchisme est une philosophie politique opposée à toute relation de pouvoir, il est intrinsèquement féministe. »49.

Un des aspects principaux de ce courant est son opposition aux conceptions traditionnelles de la famille, de l'éducation et du rôle des sexes, opposition traduite notamment dans une critique radicale de l'institution du mariage. Voltairine de Cleyre affirme que le mariage freine l'évolution individuelle, tandis que Emma Goldman écrit que « Le mariage est avant tout un arrangement économique […] la femme le paye de son nom, de sa vie privée, de son estime de soi et même de sa vie ». Le féminisme libertaire défend donc une famille et des structures éducatives non hiérarchiques, comme les écoles modernes inspirées de Francisco Ferrer.

L'anarcha-féminisme peut apparaître sous forme individuelle, comme aux États-Unis, alors qu'en Europe il est plus souvent pratiqué sous forme collective. Auteures : Virginia BoltenEmma GoldmanVoltairine de CleyreMadeleine PelletierLucía Sánchez Saornil, l'organisation féminine libertaire50 Mujeres Libres.

Pour l'écologie libertaire, les ressources ne sont plus déterminées par les besoins de chacun mais par leur limite naturelle. Ce courant se situe au croisement de l'anarchisme et de l'écologie. Selon Robert Redeker dans la revue Le Banquet, un des éléments constitutifs de cette rencontre est « le développement de la question nucléaire, qui a joué un grand rôle en amalgamant dans le même combat milieux libertaires post-soixante-huitards, scientifiques et défenseurs de la nature »51.

L'écologie libertaire s'appuie sur les travaux théoriques des géographes Élisée Reclus et Pierre Kropotkine. Elle critique l'autorité, la hiérarchie et la domination de l'homme sur la nature. Elle propose l'auto-organisation, l'autogestion des collectivités, le mutualisme52. Ce courant est proche de l'écologie sociale élaborée par l'américain Murray Bookchin.

Très critique envers la technologie, elle défend l'idée que le mouvement libertaire doit, s'il veut évoluer, rejeter l'anthropocentrisme : pour les écologistes libertaires, l'être humain doit renoncer à dominer la nature.

L'anarchisme chrétien entend concilier les fondamentaux de l'anarchisme (le rejet de toute autorité ecclésiale ou étatique) avec les enseignements de Jésus de Nazareth, pris dans leur dimension critique vis-à-vis de l'organisation sociale. D'un point de vue social, il se fonde sur la « révolution personnelle », soit la métamorphose de chaque individu au quotidien. Léon TolstoïSøren KierkegaardJacques EllulDorothy DayFerdinand Domela Nieuwenhuis et Ivan Illich en sont les figures les plus marquantes56.

Selon Ellul, « Tout cela, que l’on voit (le conformisme, le conservatisme social et politique des Églises ; le faste, la hiérarchie, le système juridique des Églises ; la « morale » chrétienne ; le christianisme autoritaire et officiel des dignitaires des Églises…), c’est le caractère « sociologique et institutionnel » de l’Église, […] ce n’est pas l’Église. Ce n’est pas la foi chrétienne. Et les anarchistes avaient raison de rejeter ce christianisme »57. Par ailleurs, l'anarchisme est pour Ellul « la forme la plus aboutie du socialisme57 ».

L'« anarcho-personnalisme » exprimé par Emmanuel Mounier et les « pédagogues de la libération » comme Paulo Freire au Brésil et Jef Ulburghs (nl) en Belgique partagent des racines avec ce courant. Simone Weil y fut sensible.

Aux États-Unis, le mouvement Jesus Radicals (en)58 s'inscrit dans cette mouvance.


L'anarchisme non violent est un mouvement dont le but est la construction d'une société refusant la violence. Les moyens utilisés pour arriver à cette fin sont en adéquation avec celle-ci : écoute et respect de toutes les personnes présentes dans la société, choix de non-utilisation de la violence, respect de l'éthique (la fin ne justifie jamais les moyens), place importante faite à l'empathie et à la compassion, acceptation inconditionnelle de l'autre.

Apolitique, profondément humaniste, il vise à rassembler les hommes et les femmes pour construire une société où chacun puisse se réaliser (la société est au service de l'individu) et en même temps incite l'individu à collaborer, à contribuer au bien-être de tous les acteurs de la société (l'individu est au service de la société)59,60.

Personnalités marquantes : Léon TolstoïLouis LecoinBarthélemy de LigtMay PicquerayJean Van Lierde.


  • Le crypto-anarchisme qui s'intéresse à l'étude et au combat de toutes les formes de cyber-pouvoirs de domination engendrées par le statut quo technologique de l'internet militarisé actuel. Les crypto-anarchistes prônent la démilitarisation et la libération totale du cyber-espace et de l'ensemble de ses technologies, de telle sorte qu'ils ne produisent plus de cyber-pouvoirs de domination sur les peuples. Ainsi, le crypto-anarchisme est réellement un prolongement naturel et transverse de tous les courants de pensée anarchistes, qui furent tous inventés et conceptualisés dans un contexte historique où le cyber-espace et les réseaux de télécommunication n'existaient pas, c'est à dire dans un contexte où la notion de cyber-pouvoir n'existait pas.

L'association erronée du crypto-anarchisme à un courant de pensée libertarien ou proche de l'anarcho-capitalisme et de l'anarchisme individualiste est à l'origine du désintérêt envers le crypto-anarchisme par les courants anarchistes traditionnels.

Cette situation est entretenue par des intérêts qui désirent éloigner au maximum les courants anarchistes révolutionnaires traditionnels des travaux, savoirs, analyses et combats menés par les crypto-anarchistes pour la libération du cyber-espace. Elle est la conséquence d'une propagande contre-révolutionnaire menée activement par toutes les grandes cyber-puissances, visant à altérer la perception de la réalité du monde dans lequel nous vivons, à savoir un monde devenu totalement dépendant du cyber-espace actuel, totalement militarisé. L'objectif politique étant d'essayer de dissimuler aux courants anarchistes traditionnels l'importance et l'étendue presque sans limite des cyber-pouvoirs de domination des états et des multinationales de l'internet sur les peuples, de façon à conserver un cyber-pouvoir de contrôle, de surveillance, de manipulation et de domination sur la scène anarchiste dans son ensemble, mais aussi pour isoler au maximum les crypto-anarchistes du reste de la communauté anarchiste afin d'empêcher toute solidarité, meilleure stratégie des états et multinationales pour ralentir ou stopper études et combats pour la libération et la démilitarisation totale du cyber-espace et de l'ensemble de ses technologies. Cette situation, qui commence doucement à évoluer, est d'autant plus regrettable que les crypto-anarchistes démontrent que les cyber-pouvoirs sont aujourd'hui les pouvoirs de domination sur les peuples parmi les plus puissants, les plus sournois, les plus dangereux, invisibles, et fascistes qui soient, et que leur étude et leur combat sont en réalité l'affaire de tous les anarchistes. Les crypto-anarchistes considèrent dans leur ensemble qu'il y aura eu un avant et un après invention du concept de cyber-espace dans l'histoire, et que la mise en place d'un internet militarisé aura été à l'origine de la création massive et volontaire de cyber-pouvoirs de domination sur l'ensemble des peuples par les grandes cyber-puissances et les multinationales, interférant sur le fonctionnement et dénaturant même totalement toutes les formes d'organisation du pouvoir connues avant son apparition.


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Des courants plus récents, moins connus ou ayant leur autonomie propre, et ne rentrant pas dans le cadre des tendances précédentes existent.

Ces différents courants/tendances se rejoignent dans la volonté de mettre en place une société libertaire, où la liberté politique serait la règle. C'est surtout après la Seconde Guerre mondialequ'apparaissent d'autres courants dans différents domaines : politiques, philosophiques et littéraires. Ils se démarquent parfois assez radicalement des doctrines anarchistes classiques.

  • L'anarchisme épistémologique est un mouvement qui s'oppose à l'autoritarisme intellectuel et politique s'appuyant sur la transmission coercitive du savoir, la hiérarchie intellectuelle et la censure, et qui prône au contraire la liberté de pensée et d'expression, la diversité de pensée et de culte, et la libre adhésion aux idées (auteur : Paul Feyerabend).
  • L'anarcho-punk est un courant musical, culturel et politique influencé par l'anarchisme et le mouvement punk.
  • Le mouvement Red and Anarchist Skinheads.
  • L'anarchisme queer qui cherche à radicaliser le mouvement gay et lesbien d'un côté, et de l'autre à « queeriser » les réseaux anarchistes à travers la mise en avant des questions d'homophobie et de transphobie.

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Les tendances de l'anarchisme historique (socialiste, syndicaliste, proudhonien, communiste et individualiste stirnerien) sont également les plus actives politiquement et idéologiquement, et les mieux organisées. Elles peuvent en outre revendiquer un héritage historique très riche, qui s'est construit au fil des décennies autour d'un militantisme et d'un activisme très vivaces. Elles constituent encore de nos jours le noyau dur de l'anarchisme actif, et une majorité d'anarchistes considère que ce sont les seuls mouvements qui peuvent légitimement revendiquer l'appellation d'anarchisme. Ce sont ces mêmes courants qui s'associent parfois pour faire front commun au sein d'organisations synthésistes.

Au sein du mouvement libertaire, d'autres courants non traditionnels sont plus ou moins bien accueillis (selon les tendances), certains étant considérés comme un enrichissement de l'anarchisme, d'autres non. Néanmoins, les diverses tendances se rejettent parfois mutuellement, les individualistes pouvant rejeter la composante socialiste et réciproquement (notamment dans le cas d'une organisation politique de type plateformiste).

Pour les courants libertaires traditionnels, les courants tels que le national-anarchisme, l'anarcho-capitalisme et l'anarchisme de droite sont rejetés, considérant que les idées de ces mouvements sont extérieures à l'anarchisme politique et historique et qu'elles n'ont aucun point commun avec les leurs, voire qu'elles leur sont fondamentalement opposées. Les nationalistes anarchistes sont pointés du doigt pour leur promiscuité politique avec l'extrême-droite (pour la branche proche du néonazisme) ou l'incompatibilité de défendre le nationalisme et l'internationalisme. L'anarchisme de droite est critiqué pour son incohérence et son inexistence en tant que mouvement politique. Les critiques à l'encontre des anarcho-capitalistes contestent la possibilité de combiner l'anarchisme et le capitalisme, ce dernier étant considéré par eux comme une source d'exploitation. L'anarchisme chrétien est critiqué par ceux qui estiment que la religion est source d'oppression et d'aliénation.