Artiste:
Artiste du courant Fantastique/Visionnaire
L’œuvre gravé de Gérard Trignac s’attache principalement à un thème
de prédilection :
architectures imaginaires et paysages fantastiques.
Certaines de ces gravures évoquent les compositions des planches de Piranèse. En dehors de travaux exécutés sur commandes, ses dessins explorent la même veine. Volontairement sourd aux tentations de la mode et de la contemporanéité, il affirme sa volonté de rester graveur et graveur figuratif. Il utilise à la fois l’eau-forte, le burin et la pointe sèche et assure lui-même les tirages, toujours restreints. Il accorde une grande importance aux jeux d’ombre et de lumière, usant d’une gamme étendue de gris. Dans ses dessins, au crayon ou à la plume, et ses lavis, il reprend souvent les mêmes compositions, les laissant évoluer d’une technique à l’autre.
Son trait rappelle celui de la bande dessinée Dans ses planches, nulle présence humaine ; et si parfois de microscopiques personnages s’y sont égarés, ils passent inaperçus, faisant partie intégrante de l’environnement architectural. Épris d'architecture, particulièrement de claude Nicolas ledoux , il rassemble toujours une documentation importante, puisant dans les livres ou les revues, exécutant des croquis ou accumulant des photographies. Il aime à se promener dans les villes, à l’affût de l’extraordinaire.
Les titres de ses œuvres participent pleinement à cet univers poétique qui se situe dans la tradition de ses maîtres. Son fantastique est inexorablement lié à une angoisse dans laquelle certains voudront voir le refus du présent, la peur d’un futur déshumanisé : noires visions du lent écroulement des constructions humaines enfermées dans la prison du temps
Technique
Superbe gravure originale sur papier de type bfk rives
réalisée à partir d' un cuivre en forme circulaire.
Techniques utilisées:
Eau forte, pointe sèche et burin
++ Très belle et rare planche de l'artiste réalisée en 2013 ++
(Elle serait sa dernière planche réalisée et commercialisée)
Titre/Sujet:
"la menace"
et daté au crayon 2013
"superbe dragon ailé menaçant crachant du feu, entourant une planète sur laquelle
on distinguerait des villes industrialisées, des usines, des monuments effondrés etc..
Allégorie à l'apocalypse de saint Jean ??
Signée
dans l'impression+ contre signée au crayon
Numérotée 7/65 (petit tirage)
Format de la planche : 39,5cm x 35cm
Format du diamètre du cuivre: 25cm
Sa première exposition personnelle a lieu en 1980 à la Galerie Condillac, Bordeaux. L’année suivante il obtient le Premier prix de dessin de la ville de Bordeaux ainsi qu’une bourse de gravure attribuée par l’Académie des Beaux-Arts de Paris En 1984, il expose à la Galerie Bernier, Paris ainsi qu’à la Société des Peintres et graveurs français à la Bibliothèque Nationale, Paris. En 1985, il illustre Le Château et Tristan et Iseut, publié par le Club du Livre et expose à la galerie L’Angle Aigu, Bruxelles. 1986: exposition personnelle à la Galerie K, Lyon et acquisition du Musée Espagnol d’Art Contemporain; illustre le poème de Philippe Soupault Ode à Paris. En 1987, il participe à l’exposition Huit graveurs à la Galerie Condillac, Bordeaux. Deux ans plus tard, il illustre L’Immortel de Jorge Luis Borgès pour le compte des Bibliophiles de l’Automobile Club de France et l’année suivante les Éditions Natiris publie 10 ans de gravures, avec un texte de Gilbert Lascault; suit une exposition personnelle à la Galerie Michèle Broutta, Paris. 1991: exposition personnelle à la Galerie Torculo, Madrid; exposition personnelle à la Galerie les Argonautes, Lyon. En 1993, il illustre Les Villes invisibles d’Italo Calvino pour Les Amis du Livre Contemporain; suivent les expositions personnelles à la Galerie Michèle Broutta, Paris; à la Bibliothèque de Bordeaux ainsi qu’à la Galerie Torculo, Madrid et enfin l’exposition personnelle à la Galleria del Leone, Venise (avec Francois Houtin). En 1997, il est nommé Académicien associé, section Art (Académie internationale de Greci-Marino, Italie) et obtient l’année suivante une exposition personnelle à la Galerie Palladion, Toulouse. En l’an 2000 sont organisées deux expositions personnelles, l’une à la galerie Condillac, Bordeaux, l’autre à la Galerie Michèle Broutta, Paris. Enfin en 2004 se tient la première rétrospective de son oeuvre gravé à la Bibliothèque municipale de Bordeaux avec l’édition de Les Portes du Silence, catalogue raisonné (William Blake & Co). Il commence sa collaboration avec le monde de la publicité et des jeux vidéo.
Il a obtenu le premier prix du Salon de la Gravure Originale de Bayeux, le premier prix du Salon des Méridionaux de Toulouse, le Prix Charles Oulmont, Fondation de France, le Prix Kiyoshi Hasegawa, le Prix de gravure Michel Ciry. Depuis trente ans, il participé à de très nombreux rendez-vous professionnels autour de la gravure (IFPDA Print Fair, New York; Art On Paper Fair, Londres, Imprimatur, Milan, Works On Paper, New York, Art On Paper Fair, Bruxelles, Estampa, Madrid, Salon de l’Estampe, Paris, avec ses différentes galeries). Il expose en 2012 avec 13 autres graveurs français (Hélène Csech, Dado, Yves Doaré, Erik Desmazières, François Houtin, Jacques Le Marechal, Etienne Lodeho, François Lunven , Jean-Michel Mathieux Marie, Alain Margotton , Didier Mazuru , Georges Rubel , Jean-Pierre Velly) dans l'exposition "Les Visionnaires" au Musée Panorama de Bad Frankenhausen en Allemagne.
Ces Visionnaires inventent des lumières imprévisibles, déplacées,
modifiées, paradoxales. Certaines lumières sont souveraines, suprêmes,
extrêmes, parfois excessives. D’autres lumières glissent, coulent,
fluent, se diffusent. Et d’autres lueurs sont à demi perdues, écartées,
égarées, secrètes et pourtant efficaces. Ces Visionnaires diversifient
les ombres, les éclairs, les rayons équivoques et vacillants, les
opacités, les frémissements, les vibrations. Ils se souviennent des
clairs-obscurs de Rembrandt, de Piranèse, de Goya, des encres de Victor
Hugo, d’Odilon Redon... Le globe-œil énorme contemple, parfois, la
nuit... Ou bien, Gérard de Nerval (El Desdechado) murmure : « Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé / Porte le Soleil noir de la Mélancolie. »
|
Ces Visionnaires imaginent les Cités
utopiques, les grands déserts inconnus, les ruines oubliées, les cimes
inaccessibles, les guerres barbares et dissimulées, les cortèges
extravagants, les rites féroces, les danses sanguinaires, les jeux
pervers, les mandalas, les spirales, les cataclysmes, les oasis, les
îles inexplorées...
Car, vers 1970, Marcel
Brion, le critique d’art Michel Random, Michèle Broutta et quelques
autres réunissent les œuvres de nouveaux Visionnaires, les exposent, les
commentent, les admirent.
Jean-Pierre Velly (1943-1990) dresse les redoutables «Temples de la nuit».
Il représente un paysage vénéneux : le grouillement des fleurs
radieuses et macabres. Il dessine mille corps nus, serrés dans une
immense vallée : des innocents destinés à des massacres recommencés.
Pour La Clef des songes (1966), la longue femme nue règne en un espace courbe, en un maelström de formes et de forces.
Jean-Pierre Velly
entrelace la tourmente et la précision : « Le déséquilibre est au-dedans
de nous, cette sensation d’être toujours sur le fil du rasoir »,
dit-il. Il parle, parfois, de « la beauté apocalyptique ». Ou bien, il
remarque : « La vie est une histoire merveilleuse qui finit terriblement
mal. »
Dado (né en 1933)
célèbre le triomphe de la Mort en rosé et en bleu, les décompositions,
les désagrégations, les pulvérisations, les excroissances, les
proliférations, les contagions, le chaos baroque, l’expansion généreuse,
l’harmonie hagarde. Il exaspère les lignes et les teintes. Il relit
sans cesse le Livre de Job et l’Apocalypse. Il bouleverse l’Histoire naturelle
de Buffon. Anatomiste fiévreux, tératologue, il dessine les tourbillons
où se fusionnent les griffes, les mâchoires, les viscères, les zones
indéterminées, le sang.
Ljuba (né en 1934)
multiplie les perspectives perverties et outrées, les anamorphoses, les
déplacements des choses, les formes dilatées et modifiées, les plantes
insolites, les pierres transformées et fluides, les paysages perturbés,
le jeu du réel et de l’étiré, les androgynes lumineuses, la sensualité
des jeunes géantes, les corps-cristaux, la géométrie mouvante, les
machines-fauves, la poussière des étoiles, l’essaim des corpuscules, les
monstres à tête de méduse, les orgues de cristal, le « mystère en
pleine lumière ». Ses couleurs sont tantôt sombres, tantôt stridentes.
Il rend des hommages aux cauchemars de Fussli, à l’Ile des morts de Boecklin, à des romans de science-fiction, à Victor Hugo, au Rameau d’or de l’ethnologue Frazer, à Kafka, à Lautréamont, à Dante... Souvent, il rencontre les démons, les anges et l’avenir des humains.
Peintre et écrivain,
René-Jean Clot (1913-1997) donne à voir les kermesses, les cortèges, les
échafaudages, une église en gloire, la nuit d’une cour d’école, les
carrières, les visages hantés, les villes ruinées, les chimères, les
squelettes des oiseaux, l’espace ocellé... Il note : «Pour moi, le monde
est un monde de terreur. Ce qui m’intéresse dans l’art, c’est
l’hallucination... Il faut convertir le réel sans le trahir, l’acheminer
vers la vision.»
André Breton, le philosophe Gaston Bachelard, André Pieyre de Mandiargues, Alain Jouffroy, Marcel Brion, Michel Random admirent les gravures de Le Maréchal (né en 1928). Gaston Bachelard remarque :
« Les villes de Le
Maréchal sont construites sur un tremblement de terre... Les drames de
la lumière et de l’ombre sont des batailles menues, intimes... ».
En 1983-1984, Le Maréchal
commente sa propre gravure, Le Mont Kailâsa : «Sommet blanc
éblouissant, cristal, neige et diamant. Cascades de glace bleu vert. A
ses pieds, entre les deux collines, né d’une larme, le lac de la
Compassion, du vert émeraude le plus pur. » Le Mont Kailâsa est
peut-être proche du « Mont Analogue » de René Daumal (1908-1944) : une
cime spirituelle... Parfois, il oppose le « vital inférieur » et le «
supramental ». Les cascades montent vers le ciel.
Yves Doaré
(né en 1943) guette le chaos. En hommage à Cioran, il propose un «
Précis de la décomposition ». Il construit le Palais du Feu. Il éprouve
la nostalgie de l’Unité et les jouissances du pluriel. Il déploie le
moiré. Il se souvient de l’histoire des strates de la Terre bouleversée.
Il dévoile l’éruption des gemmes et du cristal : des talismans sans
limites, des pierreries qui regardent. Il aime l’art savant et sensuel.
Il figure les chutes, les assomptions, les ravissements. Il choisit
souvent la profusion et l’incandescence.
José Hernandez
(né en 1944) ne cesse de graver. « La gravure (dit-il) est pur venin.
Je ne peux pas m’en débarrasser. »Tout menace. Un ange ailé est ligoté.
Avec ironie, il note : « Si certains de mes personnages sont dans un
état de décomposition assez avancé, c’est qu’ils n’ont pas évolué à la
vitesse du reste du monde. » La mort, la douleur, la violence
s’accélèrent.
Alain Margotton (né en
1948) suggère le prologue d’un drame cosmique: « l’arrivée des cygnes »,
« un paysage mythique », des anges, des apparitions...
Didier Mazuru (né en
1953) serait peut-être le neveu du surréaliste Yves Tanguy. Il peuple
les volumes courbes et lisses, les concrétions minérales, les
végétations illusoires et luxuriantes, un bestiaire artificiel, des
personnages qui ne dialoguent jamais. Il peint le fastueux ossuaire des
songes, les rencontres chimériques, les lieux et les temps
contradictoires, les horizons irrésolus.
Les têtes gravées d’Yves Milet Desfougères (né en 1930) sont hantées par la force du destin et par le désarroi.
Gérard Trignac (né en 1955) entrebâille les hautes portes du Silence. Au-dessus du Royaume des Immobilités Immortelles, nul oiseau ne fend l’air immobile. Nul lièvre, nul chien n’apparaît.
On ne voit pas même un
lézard sur les pierres effritées, désagrégées. Ses habitants se
dissimulent, peut-être, dans de vastes demeures, semblables aux grands
hôtels des quais de Bordeaux. Et, alors, des milliers d’yeux épient sans
être vus... Peut-être, dès le début du Royaume, les lieux auraient été
déjà ruinés et inhabitables... Les tours, les temples, les ponts, les
escaliers, les machines, les barques n’auraient jamais été utilisés par
nulle personne... Le Royaume des Immobilités Immortelles serait
peut-être la matérialisation du songe d’un rêveur inconnu et toujours
inquiet.
Grâce à l’américain Nall
(né en 1948), les méchants fémurs et les vertèbres cruelles squattent
le parc magique ; la grenade est un fruit qui explose ; les poupées
macabres séduisent ; les rapaces attaquent les monastères ; les insectes
voraces annoncent l’Apocalypse. La grotte effraie.
Hélène Csech (née en
1921) tresse le filet du Destin ; entre les mailles, les vivants
circulent. Selon le poète Claude Louis-Combet, Hélène Csech représente
des êtres sans visage et sans nom, qui errent, « convoqués à l’aube de
la conscience », silencieux...
Philippe Mohlitz
(né en 1941) unit l’anxiété et l’ironie. Une immense épave, oblique,
s’enfonce lentement. Le douanier assoupi néglige le redoutable. L’avion
désemparé tourne dans la cathédrale-piège. Dans la même région, les
gardiens impitoyables et les exilés définitifs ne se parlent jamais. La
jungle envahit le navire ivre.
Parfois, Erik Desmazières
(né en 1948) préfère la prolifération, les accumulations, le
foisonnement, les flots, les flux, l’exubérance, le débordement,
l’encombrement, les foules, le carnavalesque, le grouillement ; il
invente des villes souterraines ou suspendues ; il s’inspire de la
bibliothèque borgésienne de Babel. A d’autres moments, il imagine les
places désertes, les vides, les silences de la mélancolie.
Georges Rubel
(né en 1945) traduit une « partie de campagne » panique, cocasse,
macabre. Les nuages sont empoisonnés, les vents mauvais, les squelettes
excités, les marais maléfiques, les immenses huttes hérissées, les
plantes corrompues. De l’autre côté du pont, les fantômes viennent à
notre rencontre.
Et les œuvres
hétérogènes des Visionnaires révèlent. Elles voilent et dévoilent. Elles
déguisent et manifestent. Elles annoncent. Elles seraient des augures.
Elles présagent. Elles prophétisent. Elles éprouvent le vertige du
Temps.
|