Marquis de SADE

La philosophie

dans le boudoir

(1795)

    


Edition originale

Tirage limité à 475 exemplaires numérotés réservés aux souscripteurs

Exemplaire N° 10

(Ce livre ne sera pas mis dans le commerce)



Sceaux

Jean-Jacques Pauvert

1954


Broché

 In-12

306 pages

RARE

Très Bon Etat


Remise en mains propres possible


Donatien Alphonse François de Sade

Donatien Alphonse François de Sade, né le 2 juin 1740 à Paris et mort le 2 décembre 1814 à Saint-Maurice (Val-de-Marne), est un homme de lettres, romancier, philosophe et homme politique français, longtemps voué à l'anathème en raison de la part accordée dans son œuvre à l'érotisme, associé à des actes de violence et de cruauté (tortures, incestes, viols, pédophilie, meurtres, etc.). L'expression d'un athéisme anticlérical virulent est l'un des thèmes les plus récurrents de ses écrits et la cause de leurs mises à l'index.

Détenu sous tous les régimes politiques (monarchie, république, consulat, empire) il est emprisonné pour divers motifs, notamment pour dettes, empoisonnement et sodomie, puis enlèvement et abus sur des jeunes filles, et enfin pour modérantisme. Sur les soixante-quatorze années que dura sa vie, il passera un total de vingt-sept ans en prison ou asile de fous. Lui-même, en passionné de théâtre, écrit : « Les entractes de ma vie ont été trop longs ». Il meurt à l'asile d'aliénés de Charenton Saint Maurice.

De son vivant, les titres de « marquis de Sade » ou de « comte de Sade » lui ont été alternativement attribués, mais il est plus connu par la postérité sous son titre de naissance de marquis. Dès la fin du XIXe siècle, il est surnommé le « divin marquis », en référence au « divin Arétin », premier auteur érotique des temps modernes (XVIe siècle).

Occultée et clandestine pendant tout le XIXe siècle, son œuvre littéraire est réhabilitée au XXe siècle par Jean-Jacques Pauvert qui le sort de la clandestinité en publiant ouvertement ses œuvres sous son nom d'éditeur, malgré la censure officielle dont il triomphe par un procès en appel en 1957, défendu par Maître Maurice Garçon. La dernière étape vers la reconnaissance est sans doute représentée par l’entrée de Sade dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1990.

Son nom est passé à la postérité sous forme de substantif. Dès 1834, le néologisme « sadisme », qui fait référence aux actes de cruauté décrits dans ses œuvres, figure dans un dictionnaire ; le mot finit par être transposé dans diverses langues


Postérité

De Sade au sadisme

Sade disparu, son patronyme, synonyme d’infamie, entre assez vite dans le langage commun comme substantif et adjectif. Le néologisme « sadisme » apparaît dès 1834 dans le Dictionnaire universel de Boiste comme « aberration épouvantable de la débauche : système monstrueux et antisocial qui révolte la nature. »

« Voilà un nom que tout le monde sait et que personne ne prononce ; la main tremble en l’écrivant, et quand on le prononce les oreilles vous tintent d’un son lugubre » peut-on lire dans un dictionnaire de 1857N 30 à l’article Sade. « Non seulement cet homme prêche l’orgie, mais il prêche le vol, le parricide, le sacrilège, la profanation des tombeaux, l’infanticide, toutes les horreurs. Il a prévu et inventé des crimes que le code pénal n’a pas prévus ; il a imaginé des tortures que l’Inquisition n’a pas devinées. »

C’est Krafft-Ebing, médecin allemand, qui donne, à la fin du XIXe siècle, un statut scientifique au concept de sadisme, comme antonyme de masochisme pour désigner une perversion sexuelle dans laquelle la satisfaction est liée à la souffrance ou à l’humiliation infligée à autrui.

Auteur clandestin


L'œuvre de Sade restera interdite pendant un siècle et demi. En 1957 encore, dans le procès Sade, Jean-Jacques Pauvert, éditeur de Justine, défendu par Maurice Garçon avec comme témoins Georges Bataille, Jean Cocteau et Jean Paulhan, sera condamné par la chambre correctionnelle de Paris « à la confiscation et la destruction des ouvrages saisis ».

Mais des éditions circulent sous le manteau, surtout à partir du Second Empire, époque des premières rééditions clandestines, destinées à un public averti et élitiste. « Génération après génération, la révolte des jeunes écrivains du XIXe et du XXe siècle se nourrit de la fiction sadienne » écrit Michel Delon dans son introduction aux Œuvres de la Pléiade.

Sainte-Beuve en avertit les abonnés de La Revue des deux Mondes en 1843 : « J’oserai affirmer, sans crainte d’être démenti, que Byron et de Sade (je demande pardon du rapprochement) ont peut-être été les deux plus grands inspirateurs de nos modernes, l’un affiché et visible, l’autre clandestin – pas trop clandestin. En lisant certains de nos romanciers en vogue, si vous voulez le fond du coffre, l’escalier secret de l’alcôve, ne perdez jamais cette dernière clé. »

Flaubert est un grand lecteur de Sade. « Arrive. Je t’attends. Je m’arrangerai pour procurer à mes hôtes un de Sade complet ! Il y en aura des volumes sur les tables de nuit ! » écrit-il à Théophile Gautier le 30 mai 1857.

Les Goncourt notent dans leur Journal :

« C’est étonnant, ce de Sade, on le trouve à tous les bouts de Flaubert comme un horizon (10 avril 1860)… Causeries sur de Sade, auquel revient toujours, comme fasciné, l’esprit de Flaubert : « c’est le dernier mot du catholicisme, dit-il. Je m’explique : c’est l’esprit de l’Inquisition, l’esprit de torture, l’esprit de l’Église du Moyen Âge, l’horreur de la nature (20 janvier 1860)… Visite de Flaubert. – Il y a vraiment chez Flaubert une obsession de Sade. Il va jusqu’à dire, dans ses plus beaux paradoxes, qu’il est le dernier mot du catholicisme (9 avril 1861). »

Baudelaire écrit dans Projets et notes diverses : « II faut toujours en revenir à de Sade, c'est-à-dire à l'Homme Naturel, pour expliquer le mal. » Les Fleurs du mal suggère ce quatrain à Verlaine :

  Je compare ces vers étranges
  Aux étranges vers que ferait
  Un marquis de Sade discret
  Qui saurait la langue des anges

Dans À Rebours, Huysmans consacre plusieurs pages au sadisme, « ce bâtard du catholicisme ».

Réhabilitation

Le tournant a lieu au début du XXe siècle, période où s’amorce un processus de libération des corps et des sexes et où l’érotisme se manifeste en littérature par des catalogues d’ « art érotique » et des traités d’éducation sexuelle. Sade suscite l'intérêt des scientifiques et des romanciers en raison du caractère précurseur de sa démarche.

Un psychiatre allemand Iwan Bloch, sous le pseudonyme d’Eugen Dühren, publie en 1901, simultanément à Berlin et à Paris, Le Marquis de Sade et son temps, et en 1904 le rouleau retrouvé des Cent Vingt Journées de Sodome. Il fait de l’œuvre sadienne un document exemplaire sur les perversions sexuelles, « un objet de l’histoire et de la civilisation autant que de la science médicale » tout en rapprochant les excès sadiens de la dégénérescence française du temps.

Article de Paul Éluard dans le numéro 8 du 1er décembre 1926 de La Révolution surréaliste : « D.A.F. de Sade, écrivain fantastique et révolutionnaire ».

Apollinaire est le premier à faire paraître, en 1909, une anthologie, en choisissant des textes sadiens très prudents et en insistant sur les réflexions morales et politiques plutôt que sur les éléments scabreux. En même temps, à l’image d’un débauché capable des pires excès et au cas pathologique qui intrigue la science médicale, il substitue un portrait psychologique, à dimension humaine, où sont valorisés le savoir immense et le courage de « l’esprit le plus libre qui ait jamais existé », d’un homme non « abominable », trop longtemps nié alors qu’« il pourrait bien dominer le XXe siècle ».

À la suite d’Apollinaire, les surréalistes, se réclamant d’une logique de liberté et de frénésie, intègrent Sade, « prisonnier de tous les régimes » dans leur Panthéon. Sa présence est extraordinaire dans toutes leurs activités depuis le début. C’est Desnos qui écrit en 1923 : « Toutes nos aspirations actuelles ont été essentiellement formulées par Sade quand, le premier, il donna la vie sexuelle intégrale comme base à la vie sensible et intelligente » (De l’érotisme). C’est André Breton disant : « Sade est surréaliste dans le sadisme. » C’est Éluard en 1926 reconnaissant : « Trois hommes ont aidé ma pensée à se libérer d’elle-même : le marquis de Sade, le comte de Lautréamont et André Breton ». Pour les surréalistes, Sade est un révolutionnaire et un anarchiste. Ses discours politiques — pourtant en partie opportunistes et de circonstance — font de lui un philosophe apôtre de la liberté et de la Révolution.

La légende d'abus sexuels qu'il aurait subi pendant sa jeunesse ou le fait qu'il écrivit surtout en prison où il était privé de sexualité ont été utilisés pour expliquer qu'il a sublimé son énergie sexuelle en écrivant des romans qui n'ont rien à voir avec sa pratique.

Le portrait imaginaire de Man Ray (1938), profil sculpté dans les pierres de la Bastille sur fond de Révolution en marche, symbolise cette vision que tout le XIXe siècle et une grande partie du XXe siècle, jusqu’au graffiti de mai 68, « Sadiques de tous les pays, popularisez les luttes du divin marquis », se sont plu à répandre.

Mais Sade est l’écrivain de tous les paradoxes : après la Seconde Guerre mondiale et la découverte des camps de concentration, on le fait passer sans transition du communisme au nazisme :

« Que Sade n’ait pas été personnellement un terroriste, que son œuvre ait une valeur humaine profonde, n’empêcheront pas tous ceux qui ont donné une adhésion plus ou moins grande aux thèses du marquis de devoir envisager, sans hypocrisie, la réalité des camps d’extermination avec leurs horreurs non plus enfermées dans la tête d’un homme, mais pratiquées par des milliers de fanatiques. Les charniers complètent les philosophies, si désagréable que cela puisse être » ; écrit Raymond Queneau dans Bâtons, chiffres et lettres (1965), tandis que Simone de Beauvoir se demande : « Faut-il brûler Sade ? »

En 1946, le Comte Xavier de Sade, propriétaire du château de Condé, rouvre la bibliothèque de son ancêtre qui était murée dans les greniers du château familial pour protéger toute la correspondance du marquis des deux guerres mondiales. Après-guerre sont publiés sur la pensée sadienne, souvent par des philosophes, des textes qui font date : Sade mon prochain de Pierre Klossowski paraît en 1947, Lautréamont et Sade de Maurice Blanchot en 1949, La littérature et le mal, Faut-il brûler Sade ? (article de Simone de Beauvoir paru en 1955 dans Les Temps Modernes et parle chez le marquis d'une cérébralité lumineusement écrite)puis « Sade, l’homme souverain » dans L’Érotisme, de Georges Bataille en 1957. Les écrits de Sade sont censurés jusqu'en 1957 pour délit d'outrage à la morale publique et religieuse, ou aux bonnes mœurs, l'éditeur Jean-Jacques Pauvert est condamné aux dépens le 12 mars 1958 pour la publication de certaines œuvres de Sade, mais la Cour d'appel de Paris ne lui reproche plus qu'une réédition offerte « à tout venant », confirmant la « saisie des livres » mais « ordonne que ces livres seront versés à la Bibliothèque nationale ». Dans les années 1960, Sade devient, aux yeux de nombreux intellectuels français, un opérateur majeur de la « transgression » . Michel Foucault souligne et théorise l’importance de la figure de Sade dans l’ Histoire de la folie (1961), Les Mots et les choses (1966) et la « Présentation des Œuvres complètes de Bataille » (1970). Jacques Lacan publie Kant avec Sade en 1963. « La pensée de Sade » fait l’objet d’un numéro spécial de la revue Tel Quel, datée de l’hiver 1967 où figurent des textes de Philippe Sollers (« Sade dans le texte »), de Pierre Klossowski (« Sade ou le philosophe scélérat »), de Roland Barthes (« L’arbre du crime »), d’Hubert Damisch (« L’écriture sans mesure »).

Roland Barthes écrit en 1971 Sade, Fourier, Loyola et, dans La chambre claire (1980), il éclaire l’expérience du modèle photographique par le texte sadien. Sollers se fait l’auteur, en 1989, d’une œuvre apocryphe de Sade intitulée Contre l’Être suprême, pamphlet politique et philosophique.

La dernière étape vers la reconnaissance de Sade est sans doute représentée par l’entrée de ses récits dans la Bibliothèque de la Pléiade en 1990.

En 2014, dans le cadre du bicentenaire de la mort du marquis célébré par ses descendants, une exposition lui est consacrée au Musée d'Orsay.

Grands éditeurs et biographes

En 1929, Paul Bourdin est le premier à publier – avec une introduction, des annales et des notes – l’importante Correspondance inédite du marquis de Sade, de ses proches et de ses familiers, conservée par le notaire d'Apt Gaufridy, régisseur des biens des Sade en Provence pendant vingt-six ans et homme de confiance du marquis, de Mme de Sade et de Mme de Montreuil. Sans ces lettres, aujourd’hui disparues, dont les vers commençaient à faire « de la dentelle » et qui donnent l’histoire presque journalière de sa famille depuis le début de 1774 jusqu’en 1800, les grandes biographies de Sade n’auraient pu être aussi complètes.

Maurice Heine (1884-1940), un compagnon de route des surréalistes, dévoue sa vie à la connaissance et à l’édition de Sade. Il publie en 1931 la première transcription rigoureuse des Cent Vingt Journées en 360 exemplaires « aux dépens des bibliophiles souscripteurs ». Auparavant, il découvre et publie en 1926 le Dialogue d’un prêtre et d’un moribond, composé par Sade à la prison de Vincennes, et les Historiettes, Contes et fabliaux, ainsi que la première version de Justine, les Infortunes de la vertu (1930). Il exhume les procédures d’Arcueil et de Marseille. En 1933, il donne une nouvelle anthologie, toujours réservée à des amateurs.



Gilbert Lely (1904-1985), qui compose une œuvre poétique personnelle, reprend la mission d’éditeur et de biographe de Maurice Heine. Il entreprend la première grande biographie de référence, La Vie du marquis de Sade, sans cesse parfaite et complétée de 1948 à 1982, quatrième et dernière version publiée de son vivant. Dans les archives du château de Condé-en-Brie que le comte Xavier de Sade (descendant direct à la 4e génération du Marquis de Sade) accepte de lui ouvrir en 1948, il découvre – dans deux caisses, fermées depuis 1815 d’un cordon rouge – la correspondance écrite au donjon de Vincennes et à la Bastille, des œuvres de jeunesse, deux romans, des pièces de théâtre.

Jean-Jacques Pauvert (1926-2014) est le premier éditeur à publier l’œuvre intégrale de Sade, sous son nom d'éditeur Jean-Jacques Pauvert. Il encourt la prison. Il a vingt-et-un ans, mais prend le risque et publie, de 1947 à 1949, l’Histoire de Juliette. Accusé de démoraliser la jeunesse, traîné en justice, suspendu de ses droits civiques, mais défendu par Me Maurice Garçon, expert des lois sur la censure, il achève néanmoins son entreprise en 1955 et gagne en 1957 ses procès en appel. En 1958, le tribunal déclare que « Sade est un écrivain digne de ce nom ». En 1986, Jean-Jacques Pauvert met en chantier une nouvelle biographie avec les trois volumes de Sade vivant (1986-1990). Cette biographie a été rééditée en un seul volume de 1196 pages, en octobre 2013; aux éditions Le Tripode.

Maurice Lever (1935-2006), après d’importantes découvertes dans les archives familiales entièrement mises à sa disposition (citons en particulier les révélations sur la vie du comte de Sade), publie en 1991 la troisième grande biographie du marquis de Sade, puis une édition de ses Papiers de famille (1993 et 1995), son Voyage d'Italie (1995) et des lettres inédites échangées par le marquis et sa belle-sœur Anne-Prospère de Launey, chanoinesse séculière chez les bénédictines, Je jure à M. le marquis de Sade, mon amant, de n’être jamais qu’à lui… (2005).


Jean-Jacques Pauvert

Jean-Jacques Pauvert, né Jean-Albert Pauvert à Paris le 8 avril 1926 et mort le 27 septembre 2014 à Toulon, est un éditeur et écrivain français, fondateur des éditions Pauvert.

Jean-Jacques Pauvert s'est surtout fait connaître par la réédition d'œuvres oubliées, proscrites ou considérées comme marginales. À près de vingt ans, il est le premier à publier Sade sous son nom d'éditeur. Jusqu'alors, cette œuvre était diffusée sous le manteau.

Par ailleurs, il a fait appel à des maquettistes de talent, comme Jacques Darche ou Pierre Faucheux, lequel, dans les années 1960, a conçu pour Les Éditions Jean-Jacques Pauvert l'identité graphique de la collection « Libertés » (format poche : 9 cm × 18 cm, couverture en papier kraft, gros caractères d'affiche noirs pour le titre, tranche noire), offrant ainsi une présentation originale tout en réduisant les coûts de fabrication.

Il a révélé des auteurs qui ont connu de grands succès de librairie, tels Albertine Sarrazin, Michel Bernard, Jean Carrière, Hortense Dufour, Françoise Lefèvre, 4Brigitte Lozerec'h, Mario Mercier, etc.

Biographie

Fils de Marcel Pauvert, journaliste, petit-neveu d'André Salmon par la branche maternelle, Jean-Jacques Pauvert passe son enfance à Sceaux et fait ses études primaires au lycée Lakanal, où il a pour professeur de français José Lupin, avant de passer brièvement par l'École alsacienne, où son grand-père paternel avait été professeur. Cancre incurable et chaque fois renvoyé de ses établissements scolaires, il se retrouve en 1942 vendeur à la librairie Gallimard, boulevard Raspail à Paris.

En 1945, sous le nom Éditions du Palimugre, il publie de courts textes de Sartre, Montherlant, Léautaud, Flaubert, puis, en 1947, une édition intégrale de l'Histoire de Juliette du marquis de Sade. Pour la première fois, Sade est officiellement publié sous une jaquette d'éditeur, Jean-Jacques Pauvert, ce qui lui vaudra plus de dix ans de poursuites judiciaires. Il sera défendu par le célèbre avocat Me Maurice Garçon. Le dernier des dix volumes sortira en juillet 1949, avec une couverture en carton dont la maquette est signée Mario Prassinos.

En 1949, il fonde la première Librairie du Palimugre, rue de Vaugirard. En 1953-1954, Jean Paulhan (qui en rédige la préface) lui confie le manuscrit d'Histoire d'O d'une certaine Pauline Réage (on apprendra trente ans plus tard qu'il s'agissait de Dominique Aury). Pauvert le publie en 1954. En 1955, il reprend la revue Bizarre, créée par Éric Losfeld. En 1956, il est surveillé par la police. Un procès lui est intenté du 15 décembre au 12 mars 1958 par le Ministère public concernant la publication de certaines œuvres de Sade. Défendu encore par Me Garçon, Pauvert gagne le procès.

Parmi les auteurs qu'il édite ou réédite figurent Georges Darien, Georges Bataille, Gilbert Lely, André Breton, Erckmann-Chatrian, Pierre Klossowski, Raymond Roussel, Charles Cros, Lewis Caroll, Albertine Sarrazin, la comtesse de Ségur, Oscar Panizza, Fulcanelli, Eugène Canseliet, Dalí, C. R. Maturin ou encore René de Solier. Il a également publié une édition des œuvres complètes de Victor Hugo en quatre volumes, ainsi que l’Histoire de l'art d'Élie Faure en trois tomes.

En 1967, il publie une biographie, rédigée par Jean Nohain, du pétomane Joseph Pujol, artiste phénomène qui donnait des spectacles de pets fort prisés au début du siècle. Il fonde plusieurs collections, dont la « Bibliothèque internationale d'érotologie ». Il édite Le Sexe de la femme du docteur Gérard Zwang.

« Camarades enragés, découpez ces étiquettes et collez-les partout !... Nous vous recommandons le dos des C.R.S. Si vous n'avez pas de colle, clouez-les ! », L’Enragé, n°1, 1er mai 1968.

Au début de Mai 1968, il fonde L'Enragé, journal satirique avec les dessinateurs Siné, Reiser, Cabu, Topor, Wolinski, Willem6.

En 1968, il publie pour la première fois en français La Désobéissance civile de Henri David Thoreau, paru aux États-Unis en 1849 et qui a inspiré Gandhi dans son action non-violente.

En 1972, l'un de ses auteurs, Jean Carrière, obtient le prix Goncourt pour son roman L'Épervier de Maheux. Il découvre Françoise Lefèvre, qu'il révèle en 1974 au public par son roman La Première Habitude (Grand prix des lectrices de Elle 1975). En 1976, il publie les Mémoires d'un fasciste de Lucien Rebatet.

Commence le temps où il mène de front son métier d'éditeur et celui d'auteur, car il a entamé l'immense travail de mise en perspective depuis les premiers signes de l'écriture jusqu'à nos jours d'une Anthologie historique des lectures érotiques, dont il fait précéder chaque extrait d'un texte de présentation historique. La publication des cinq volumes sera échelonnée de 1979 à 2001. Entre le pénultième et le dernier volume, il rédige la biographie du Marquis de Sade en trois volumes.

En 1982, il révèle Brigitte Lozerec'h en publiant son premier roman L'Intérimaire, en coédition avec Julliard. Ce livre connaît un immense succès et sera traduit en plusieurs langues. En fin d'année, il entame une riche collaboration avec Annie Le Brun en publiant son mémorable essai sur la fascination pour le roman noir : Les Châteaux de la subversion puis, plus tard, sous sa marque « Pauvert », une introduction d'Annie Le Brun aux œuvres complètes de Sade : Soudain un bloc d'abîme, Sade.

De 1981 à 1983, il publie deux romans de Françoise Sagan, Un orage immobile en coédition avec les Éditions Julliard, puis La Femme fardée en coédition avec Ramsay. Ce dernier demeure le plus fourni, le plus épais de toute l’œuvre de Sagan avec ses 500 pages.

En 1991, il dirige la réédition des œuvres de Guy Debord aux éditions Gallimard.

Vie privée

Jean-Jacques Pauvert est le père de quatre enfants : l'ainée, Anne-Marie, avec sa première épouse, Claude Marie Jeanne Habert, puis, avec Christiane Sauviat (morte en 2008)1 une fille, Corinne et un fils, Mathias. Jean-Jacques Pauvert est le père de Camille Deforges, fille de Régine Deforges, qu'il a reconnue quand elle a eu quarante ans.

Il a épousé Brigitte Lozerec'h le 25 avril 2014 à la mairie du Rayol-Canadel-sur-Mer, comme l'a révélé le quotidien Var-Matin du 26 avril 2014.

Œuvres

Correspondance