Donatien Alphonse François de Sade (1740.1814). Marquis de SADE.

Lettre autographe signée au gouverneur du Fort de Miolans, Louis de Launay.

Trois pages in-4°. Slnd (décembre 1772 ou janvier 1773). Encre passée.

Lettre inédite. 

Exceptionnelle lettre de Sade, aux toutes première heures de sa détention au Fort de Miolans, en Savoie.

« Monsieur, Après toutes les bontés que vous avez bien voulu me témoigner, puis-je me flatter que vous voudriez bien encore avoir pour moi celle de faire parvenir cette lettre à ma belle-mère si vous ne trouvez rien dedans qui soit contraire à la punition qui m’est imposée. Ce que je désire le plus ardemment, monsieur est de revoir ma femme, c’est une grâce que j’ose vous demander à genoux, les larmes aux yeux ; donnez moi la douceur de me réconcilier avec une personne qui m’est si chère et que j’ai eu la faiblesse d’offenser si grièvement. Je ne spécifie rien dans la lettre que j’écris à ma belle-mère, comme vous voyez monsieur, espérant que vous voudrez bien avant que je la voie me faire dire ce que vous aurez pris le parti de dire à ma famille pour couvrir mes torts les plus affreux, que vous voudrez bien j’espère mettre dans un éternel oubli. Je vous en supplie monsieur, ne me refusez pas de voir la personne la plus chère que j’aie au monde. Si elle avait l’honneur d’être connue de vous, vous verriez que sa conversation, bien plus que tout, est capable de remettre dans le bon chemin un malheureux dont rien n’égale le désespoir de s’en être écarté. Vous avez eu la bonté de me promettre que vous me permettriez mon valet de chambre. C’est un homme que mes parents ont mis auprès de moi depuis très longtemps ; ce sera pour moi une consolation de l’avoir. J’ose vous supplier de ne pas la refuser en lui donnant permission de venir. Vous voudrez bien lui faire rendre cette lettre qui comme vous voyez ne contient que l’état des ordres nécessaires dans le malheureux cas où je me trouve (...) De Sade. »

Après l’affaire d’Arcueil, survint en juin 1772, l’affaire de Marseille. Sade et son valet Latour organisèrent une soirée fine durant laquelle le marquis proposa à ses partenaires sexuelles des pastilles à la cantharide. Jugés pour sodomie et empoisonnement, les deux hommes sont condamnés, par contumace, à la peine de mort.

Arrêtés à Chambéry, le 8 décembre 1772, ils sont conduits au Fort de Miolans, à St Pierre d’Albigny, alors dirigé par le gouverneur Louis de Launay. Ce dernier, en respect de la condition sociale de Sade, le traite en gentilhomme et lui accorde la possibilité d’avoir son domestique à ses côtés. Après cinq mois de détention, Sade et Latour (accompagnés du Baron de l’Allée de Songy) s’évadent, le 30 avril 1773, grâce à des complicités probablement achetées par Mme de Sade. 

Sade laisse deux lettres dans sa cellule. L’une au Gouverneur de Savoie, l’autre à M. de Launay : « Si quelque chose peut troubler la joie que j’ai de m’affranchir de mes chaines, c’est la crainte où je suis qu’on ne vous rende responsable de mon évasion. Après toutes vos honnêtetés et vos politesses, je ne puis vous cacher que cette pensée me trouble. »


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