Pour G. Robin l'ordre de Yalta et la politique des blocs étaient intrinsèquement mauvais et injustes. Le monde qui en est sorti est moins contestable ; ne serait-ce que parce qu'il a réglé le problème allemand. La réalité du monde des années 90 est qu'il s'agit désormais d'un " monde de nations ". Avec la chute de l'URSS est mort le dernier empire. Ne demeurent plus que des Nations, préoccupées par leurs intérêts et leurs problèmes propres. Le monde d'aujourd'hui doit compter avec l'égoïsme des Nations. Cela explique peut-être que les conflits internes ou guerres civiles s'y multiplient au détriment des affrontements classiques entre Etats et que le monde donne ainsi le sentiment d'être moins dangereux qu'autrefois.

La multiplication des guerres civiles trouve son explication dans la relative faiblesse des Etats, harcelés en permanence par des exigences souvent contradictoires, en particulier par une revendication croissante d'ordre public et par une demande toujours insatisfaite d'Etat-providence. Or, pour tenter d'atténuer, sinon de régler les problèmes qui se posent aux sociétés, il faudrait dans chaque Etat un supplément de pouvoir et des moyens pour l'exercer. Pour l'auteur, c'est au niveau des Etats que se trouve la seule solution pour l'avenir.

L'auteur fait confiance aux Etats, s'ils parviennent à conserver le minimum d'ordre et de stabilité qui leur permettrait d'absorber les problèmes qui se posent à eux ; ceux-ci ont changé de nature : ils ne sont plus d'ordre militaire, mais social et culturel ; dans ces conditions, l'insécurité ne menace plus l'intégrité des nations, mais le tissu des sociétés, leur cohésion et leur identité. Et ces problèmes resteront de la responsabilité des seuls Etats.

Editions Odile Jacob 1995, 284 pages.