François-Toussaint GROS (1698-1748).


Recuil de Pouesiés Prouvençalos. Nouvello Edicien, courrigeado et

augmentado per l'autour, eme uno explicacien dei mots lei plus difficiles.

Marseille, Sibié, Imprimeur du Roi, de la Ville, & Libraire sur le Port, 1763.

In-8° de 227 pages, cartonnage moderne.


(BRUNET, II, 1762; CIORANESCU, 32597; Ernest LABADIE, Bibliographie

Gasconne et Languedocienne, p. 70; NOULET, Essai sur l'histoire littéraire

des patois du Midi de la France au XVIIIe siècle, p. 195; REBOUL, Bibliographie

des ouvrages écrits en patois du Midi de la France, N° 223).

Deuxième édition, en partie originale (la première en 1734).

"Le Recuil de Pouesiés Prouvençalos de ce Marseillais qui vécut à Paris une partie

de sa vie et mourut à Lyon, contient un certain nombre de poésies de société, épîtres

badines à ses amis, adresses flatteuses à des protecteurs des épigrammes, des contes

mythologiques, des fables originales écrites avant 1734. Toussaint Gros n'élève pas la

poésie au dessus d'un exercice élégant, où s'exprime un épicurisme conventionnel et

qui s'habille d'une mythologie encore plus conventionnelle. Il célèbre les loisirs au bord

de l'Huveaume, chez sa protectrice la marquise de Simiane (la petite-fille de Madame de

Sévigné, hanté par les Nymphes, le vin et l'amour. C'est un anacréontique, qui annonce

Louis Aubanel. Mais il possède le don du vers harmonieux, de la phrase bien tournée,

qualités qui pour s'exprimer en occitan, sans qu'il y ait calque du français, demandent

une réflexion sur la langue. Cette réflexion, Toussaint Gros l'a faite : il s'est, utilisant un

vocabulaire beaucoup plus riche que les autres écrivains occitans de son époque (en

particulier un vocabulaire de marine) formé un langage expressif, spirituel où les trivialités

sont rares. Son badinage rappelle celui de Bellaud. Mais il est aussi un équivalent très

juste, et non un décalque, du ton de La Fontaine... Gros aimait sa langue pour ces qualités

qu'il reconnaissait en elle et qu'il savait si bien utiliser... L'idée de l'occitan, mère des autres

langues latines, qui règnera au début du siècle suivant, lui est chère... Toussaint Gros s'

insère ainsi dans une tradition de conscience ethnique que conserve et recrée la Provence..."

(Robert LAFONT & Christian ANATOLE, Nouvelle histoire de la Littérature Occitane, pp. 461-463).