Le conflit entre le Tiers-Etat et les ordres privilégiés
était latent depuis la moitié du siècle. Les révoltes populaires de l'année
1580 marquèrent encore plus l'urgence de la situation. Le véritable point de
départ du procès des Tailles fut l'audience accordée par Henri IV le 19
septembre 1595 aux représentants du Tiers-Etat du Dauphiné. Ils obtinrent de
faire trancher le procès par le Conseil privé du Roi et non par les Etats de la
Province. A partir de ce moment-là, le Tiers-Etat s'organisa et, lors de l'Assemblée
de Saint-Marcellin, en octobre 1597, il se choisit trois représentants : Claude
de Lagrange, de Saint-Marcellin, Jean Vincent, de Crest, et Antoine Rambaud, de
Die, tous trois hommes de loi
Ce procès, que seul le pouvoir royal a su dénouer, marque
une étape fondamentale dans le renforcement de l'emprise du pouvoir royal
et centralisé sur le Dauphiné. C'est une des deux ruptures majeures dans le
lent processus d'intégration du Dauphiné au royaume de France. D'un statut
préservé et garanti par le Statut Delphinal lors du transport du Dauphiné à la
France en 1349, le premier empiètement fut l'ordonnance d'Abbeville, en 1540,
qui étendait au Dauphiné l'application des ordonnances émises par le
pouvoir royal