Édouard CADOL (1831-1898), dramaturge, romancier
Correspondance de 9 lettres autographes signées
in-12, 28 pages d’une écriture serrée, adressée au comédien Frédéric Febvre
(1833-1916) et 1 lettre autographe signée de son épouse Berthe Cadol après le
décès de son mari, 2 pages ½ in-8. 1889-1898.
Une plume acerbe.
La lettre datée de 1889 est entièrement consacrée à un
ouvrage publié par Febvre : « Il est bien ‘de toi’ », j’entends qu’il a
précisément le cachet de ton individualité artistique ».
1890 : la lettre est adressée à la femme de F. Febvre le
sachant sur les planches pour huit jours. Il est curieux d’avoir des
informations sur une pièce de Lavedan dont il ironise un truc de mise en scène.
Il cite Georges Richard (acteur et auteur dramatique) et Jules Claretie,
administrateur de la Comédie-Française.
1896 : une longue lettre sur sa santé dans laquelle il
pratique l’autodérision : il sort de la crise du « retour d’âge » : «
Elle a tardé chez moi».
1896 : Le Figaro a parlé du livre de F. Febvre et lui écrit que Mounet l’a acheté. Il a vu Scheffer (Robert Scheffer) et informe son ami que Garel lui a pris une de ses pièces. Même s’il a été critique envers Claretie, ce dernier ne lui ferme pas la porte de la « Maison » (Comédie-Française). Mais Scheffer est entêté « comme un démon et qu’il s’obstine à pétrir de l’amertume ».
« On va jouer la pièce de Meilhac (Henri Meilhac),
refaite paraît-il. Si c’est par Halévy (Ludovic Halévy) on peut en
espérer quelque chose. Mais si c’est par lui je crains le déchet ».
« Le pauvre Dumas a eu une mauvaise presse et je ne
serai pas étonné que ce triomphateur si envié ait été très
malheureux en sa vie ».
1896 : « Ma sortie nocturne était causée par la 1re de
Grosse Fortune. J’en suis revenu très triste », « Augier, Feuillet,
Dumas morts, et Meilhac gaga, qui diable va l’approvisionner ? Ç’a
été navrant. Mais, on lui [Meilhac] a accordé l’eau bénite d’un service
de première classe ».
Il évoque ensuite les deux volumes de Journal d’un comédien
qui vient de paraître, puis Dumas fils (qui a écrit la préface du
Journal de Febvre) : « Dumas… contre une société à qui il n’a jamais
pardonné de l’avoir fait enfant naturel et mulâtre », sa relation subie avec
Émile Augier et « sa supériorité de penseur et de philosophe », Dumas qui n’était pas bachelier.
1897 : émouvante lettre sur la progression de sa maladie et
ses réflexions sur le passé et la vie présente.
1898 : il va recevoir un des amis de F. Febvre et il sera
traité comme s’il était lui.
Sans date : il est candidat... Il reporte à son ami les
personnalités qu’il a rencontrées, des propos au ministre, qu’il était « un républicain avant la république».
Sans date : il est soulagé que F. Febvre soit bien arrivé à
New York. Il donne des nouvelles du monde artistique : « peu de choses.
Amphitryon n’a pas donné grand-chose. Coquelin a dû être déçu. Quant au
Pardon (de Jules Lemaître) si tu as voté pour, c’est que tu y as
mis de la complaisance. Sans Bartet (…) et les Wormes dont
les rôles sont mauvais, on n’aurait pas fini. C’est odieux, lubrique et
ennuyeux. Non seulement, nulle jeune fille ne peut assister à cela, mais encore
le mari qui y conduirait la jeune femme commettrait une boulette énorme (…)
Ce bon Lemaître avec une inconscience qui le rend un peu comique, a accumulé
là-dedans, les scènes les plus licencieuses qui se puissent supporter ».
Envoi SOIGNÉ