Les Epistres dorées, et discours salutaires de Don Anthoine de GUEVARE, Evesque de Mondonedo, prescheur & croniqueur de l'Empereur Charles Cinquième. Traduict d'espagnol en françois par le seigneur de GUTERRY docteur en médecine. Ensemble la révolte que les espagnolz firent contre leur jeune Prince, l'an mil cinq cens vingt. Et l'issue d'icelle. Avec un traicté des travaux & privilèges des galères, le tout du mesme autheur. Traduict nouvellement d'italien en françois. Paris, par la Veufve Jean Ruelle demeurant rue Saint Jacques à l'enseigne Sainct Nicolas, 1585.

3 tomes en un fort volume in-8, veau usagé (un plat faible, dos usagé et décollé, craquelures, traces d'épidermures sur les plats, coins émoussés), motifs losangé doré d'arabesques au centre des plats, galeries de vers dans l'angle supérieur (dans le premier tiers du volume) sans atteinte au texte et au dernier feuillet (marge inférieure), titre maculé en marge inférieure par une tâche d'encre ancienne (non cassante), au lecteur, table (8 ff.) + 352 (mal chiffrées 235) + 304 + 256 pp., impression sur deux colonnes, rousseurs éparses.

L'historien moraliste et prédicateur GUEVARA (1481-1545) naquit dans la province d'Alava, passa sa jeunesse à la cour de la reine Isabelle, entra en 1528 dans l'ordre des franciscains, accompagna Charles Quint dans ses voyages en Italie et autres lieux. Cet humaniste fut conseiller et historiographe du célèbre monarque avant d'être nommé évêque de Cadix puis de Mondonedo.
Ami de la rigueur inquisitoriale il fut qualifié de symbole de l'imposture.
Auteur d'ouvrages qui jouirent d'une grande popularité il fit paraître à Valladolid en 1539 ses "Epistolas familiares", épître adressées à des personnages considérables du temps (le marquis de Pescaire, le duc d'Albe, Inigo de Velascogrand connétable de Castille, Fabrique Enriquez grand amiral, Don Anthoine de Cunigne prieur de Saint-Jean, le comte de Mirande, Don Gonçal Fernandez capitaine, le marquis de Velez, l'évêque de Tuy, Don Diego de Camina, l'évêque de Badajoz, Dom Jehan de Palamos...).
Certaines épîtres sont fictives, pures pièces d'apparat adressées à des figures de l'antiquité (Lyaugue, Trajan avec Plutarque, Zenobie...) qui ne furent jamais envoyées à leur adresse. Une longue épître sur Laïs et d'autres courtisanes de l'antiquité sont à signaler. A travers ce style épistolaire Guevara développe des principes de morale utiles aux princes, aux courtisans et honnêtes hommes, l'ensemble formant ainsi une correspondance universelle qui fut lue d'un oeil critique par Michel de Montaigne dont cette parution est contemporaine de ses essais.
La troisième partie évoque principalement la guerre des communautés de Castille (1520-1521) soulèvement contre l'autorité de Charles 1er d'Espagne (Charles Quint), courte période durant laquelle Guevara se rangea à côté des forces royales et s'efforça en tant que prédicateur d'amener les révoltés au repentir.
On trouve à partir de la page 222 un intéressant mémoire sur les galères (premiers inventeurs des galères, des inventeurs de l'art de naviguer, de plusieurs corsaires renommés, grands privilèges et ordonnances sur les galères, jargon dont on use dans les galères, description gentille et dangereuse de la mer, provisions nécessaires à tous passagers embarqués sur les galères...). "... est permis aux patrons, pilotes, mariniers, conseillers, gens de la chambre, matelotz & à tous ceux de la chiourme, de pouvoir demander, prendre la mesme desrobber aux pauvres passagers leur pain, vin, chair, jambons, fromages, fruicts, chemises, barettes, fayes, pourpoincts, ceintures & chappes : Et si d'aventure le passager ne tient sa bourse ordinairement soubs son aisselle, qu'il face compte qu'il l'a oubliée en sa maison...".

Jean de GUTTERY (15..-1581) traduisit de l'espagnol en français les épîtres dorées à Lyon en 1556 qui reparaîtront en 1558, 1565, 1570, 1573, 1584 et 1585.
Antoine Dupinet en 1563 suivra le texte de la version italienne tout comme Jean de Barraud en 1584.

Ex libris manuscrit au titre de PELLISSIER de FELIGONDE (1740) famille noble d'Auvergne qui se distingua par l'achat de la bibliothèque du juriste Jean Domat dans lequel figurait un Corpus juris édité par Godefroy contenant un dessin original du portrait de Blaise Pascal.