Georges SADOUL (1904-1967), historien du cinéma.

Son travail, ses voyages en Inde et son amour pour sa femme.

Belle et riche correspondance de 5 lettres autographes signées et 1 carte postale adressée d’Inde à son épouse Ruta. 2 p. in-1 2, 1 p. in-4, 1 p. in-4, 2 p. in-4. New Dehli, Bombay, Le Caire, Beyrouth, 1964 et 1965.

New Dehli, 20 janvier 1964 : « J’ai obtenu le grand prix pour notre ami Leister Peries de Ceylan, et j’en suis content ». Il donne ensuite son emploi du temps se déplaçant à Madras, Bombay et Calcutta où il restera chez Satyajit Ray. Il évoque un différend avec les éditions du Seuil : « Je continue d’espérer que Le Seuil acceptera mon compromis ».

New Dehli, 22 janvier 1964 : « Le séjour de New Dehli a été très impersonnel. Nous logeons dans un super Lido, super colonial, vaste comme Paris, et il fallait parcourir 10 km (…) pour atteindre un peu la vie indienne ». Il lui demande si elle a reçu l’argent de Flammarion et de l’Unesco. Il revient sur cette affaire du Seuil : « Je suis très philosophe (…) elle n’a pas tant d’importance ».

1965 : Il rassure sa femme : il est bien « invité à Calcutta, Bombay et Madras par l’industrie du film ‘at our expense’ et pas ‘at your expense’ (à leurs frais pas aux miens) ».

New Dehli, 12 janvier 1965 : « Nous avons été reçus par le président de la République un vieux philosophe assez sympathique, dans l’ancien palais du vice-roi auprès duquel l’Élysée semble une maisonnette ». Ils ont bu le thé dans un parc, « très Marienbad avec des Lanciers de Bengale au garde à vous, plus immobiles que des Ifs, entrée et sortie au son des trompettes. Dans l’ensemble ce fut assez marrant »Il a reçu un télégramme du Seuil qui l’autorise à maintenir sa phrase (et autorise un jugement péjoratif sur un ouvrage), il comprend mal que Le Seuil ait compris la phrase litigieuse dans ce sens.

Bombay, 30 janvier 1965 : il revient toujours sur cette histoire du Seuil, ont-ils accepté son compromis ? Il écrit sur son séjour à Madras, une ville très propre et vivante. Il évoque les deux personnes qui se sont brûlées vives contre l’obligation d’apprendre l’hindi. Ils ont été reçus « par les gros producteurs, dans un style très Hollywood 1920 ». À Bombay, il reste au Taj, un palace, « une énorme bicoque, construite par erreur le dos à la mer, [qui] ressemble à une prison centrale ». « Les Jarga, les Khanna, les Abas, les Bimal Ray t’envoient toutes leurs amitiés ». Il a été invité au Caire et ne résiste pas à la tentation de voir le pays avant de revenir à Paris. À Bombay, il a pu enfin marcher « 2 ou 3 heures dans les rues d’une ville indienne. Ce n’est pas trop tôt. Mais toujours beaucoup de mal à avoir un contact avec les gens, peut-être à cause de la mendicité perpétuelle, on détourne le regard »Il a découvert la nourriture végétarienne, la danse du Sud. « J’aurais voulu que tu sois avec moi ». On lui promet un Calcutta « atroce », « baigné dans une vapeur brûlante, avec une misère dépassant dix fois celle des pires quartiers de Bombay ».

Le Caire 19 février 1965 : « Faut-il te dire que je suis très en mal de toi, et des enfants. J’en ai par-dessus la tête des voyages, des projections, des excursions, des rencontres avec les cinéastes et des entrevues avec des officiels. Je voudrais bien être à Paris, près de toi (…) Je suis en mal de toi, et j’ai le mal du pays ». Il s’est arrêté non pas quatre mais huit jours en Égypte pour profiter de voir 30 ou 40 films égyptiens nécessaires pour ses travaux. Il a été invité l’année prochaine à donner des  cours à l’Institut du cinéma : « c’est un projet de ‘voyage de noces’ genre Liban assez séducteur sans le travail à la chaîne dans les salles de projection »..

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