[ANONYME] Traicté du divorce par l'adultère. Sçavoir s'il est permis à l'homme ou à la femme en ce cas de se remarier. Paris, Nicolas Rousset, 1629.

In-8, velin doré (second plat insolé), cartons et gardes des plats usagés et délités, 79 pp. + 1 p., petites galeries de vers éparses, mouillures marginales (saines) dans l'ensemble du volume.

Traité historique remontant aux anciens hébreux, romains et grecs, les anciens canons et conciles, dans les écrits des saints-pères (Saint-Augustin) et anciens philosophes, chez les chrétiens et diverses nations...
Le théologien protestant Théodore de Bèze (1519-1605) est principalement référencé comme ayant mis la question en avant ainsi que Thomas Moore, Mélanchton et autres hérésiarques.
"Au pays de Nicaraqua (Nicaragua) si la femme comme adultère on la répudie, en luy rendant ce qu'elle a apporté & ne se peut plus remarier".
"Léon L'Africain escrit qu'en Egypte les femmes sont coustumières de répudier leurs maris pour la froideur & leur débilité comme il est permis par la loi mahommetaine"...
"Wadislaus Roy de Pologne fit une loy, par laquelle il deffendit le mariage entre un catholique & une russienne si elle ne se convertissoit au christianisme".
"En l'isle de Cuba descouverte par Colomb les maris répudient leurs femmes pour causes légères & elles pour causes aucunes ne peuvent abandonner leurs maris"...

Rare. Il existe une édition de 1655.

Relié à la suite :

Vincent TAGEREAU : Discours sur l'impuissance de l'homme et de la femme. Auquel est déclaré que c'est qu'impuissance empeschant & séparant le mariage. Comment elle se cognoist. Et ce qui doit estre observé aux procès de séparation pour cause d'impuissance conformément aux saincts canons & décrets : & à ce qu'en escrit les théologiens & canonistes. Divisé par chapitres pour plus grande facilité. Reveu & augmenté en cette seconde édition. Paris, la veufve Jean du Brayet et Nicolas Rousset, 1612. 4 ff. + 226 pp., mouillures marginales plus ou moins prononcées.

Célèbre avocat du parlement de Paris natif d'Angers, Vincent Tagereau critique dans cet écrit une pratique judiciaire dite l'épreuve du congrès imposé par les tribunaux d'examens qui visait à prouver l'impuissance de l'homme et de la femme. Les examens andrologiques particulièrement indécents faisaient les délices des juges. Dans ce traité, Tageareau éclaire singulièrement ce sujet scabreux. Avant lui, seul Antoine Hotman aborde le sujet dans un écrit de 1581. Il faudra attendre 1677 pour obtenir la suppression du congrès dont les coutumes odieuses étaient non moins ridicules qu'inutiles. L'écrit se veut également historique.
"On peut aussi dire l'homme estre impuissant qui a quelque défaut ou empeschement à la verge au moyen duquel elle ne peut dresser comme il faut : ou qui l'a trop courte : ou trop grosse & énorme : ou tortue : ou brief faicte en sorte que l'intromission & émission ne peuvent estre faictes"...
"Le jour venu trois ou quatre experts assignez par le greffier au mandement du juge au lieu convenu visitent les parties naturelles et génitales de l'homme et de la femme, sans les dépouiller, à sçavoir de l'homme premièrement seul & à part sans luy parler de l'érection ni luy demander s'il là pouroit faire ou non : et incontinent & sans intervalle la femme est aussi visitée seule & à part après luy avoir estuvé, & lavé les parties honteuses avec de l'eau tiède"...
..."L'homme & la femme se couchent en plein jour en un lict, les experts présens qui demeurent en la chambre ou se retirent... des matrones se tiennent proche du lict... c'est à l'homme à se mettre en devoir de faire preuve de sa puissance : ou souvent adviennent des disputes... l'homme se plaignant que sa partie se le veut laisser faire & empesche l'intromission : Elle le niant & disant qu'il y veut mettre le doigt & la dilater & ouvrir par ce moyen...
Tagereau fut-il un témoin oculaire de cet examen sexuel d'un autre temps ? Mystère...