Attribué à 

JEAN-CHARLES DELAFOSSE 

(1734-1791)


Projet de mausolée royal, peut-être conçu à la mort de Louis XV

1774


Dessin à la plume, à l’encre noire, au lavis de gris avec rehauts d’aquarelle bleue, Inscription à l’encre brune en haut à gauche (effacée) : Projet d’un mausolée. Annotation en bas à droite au crayon : De La Fosse.


Feuille anciennement pliée en quatre et contrecollée sur un carton vergé

49 cm x 35,5 cm

70 cm X 50 cm


Dessinateur particulièrement fécond, Jean-Charles Delafosse fut l’un des plus géniaux inventeur de formes de son siècle. Architecte, il a construit plusieurs immeubles à Paris. Mais c’est en tant qu’ornemaniste qu’il a joué un rôle majeur. Professeur de dessin et de géométrie à l’Académie de Saint-Luc, il doit sa renommée aux planches de la Nouvelle Iconologie historique, ou Attributs hiéroglyphes qui ont pour objet les quatre éléments, les quatre saisons, les quatre parties du monde et les différentes complexions de l’homme (…).  Commencée en 1767, cette colossale entreprise éditoriale, livrée par cahiers successifs, joua un rôle majeur dans le développement du style « néo-grec », première phase française du néoclassicisme. Delafosse y déploya un prodigieux répertoire de formes nouvelles où puisèrent, pendant une génération, architectes, sculpteurs, ébénistes, bronziers et orfèvres.


Jean-Charles Delafosse s’occupera spécialement à créer des tombeaux et des cénotaphes, qui offraient l’occasion de multiplier les symboles. Il y emploiera le zèle d’une imagination morbide et fantastique, en harmonie avec la gravité du dernier quart du XVIIIe siècle. Aussi est-il significatif de remarquer que notre sévère projet de mausolée pourrait être conçu pour les pompes funèbres de Louis XV, dont le règne a (en partie à tort) été associé à celui de la frivolité. En effet, le sarcophage posé au sommet de la colonne montre clairement les armes royales et son faîte arbore une couronne et un sceptre. (Il est peu probable en revanche, ne serait-ce que par le style d’un néoclassicisme déjà très avancé, que ce projet de monument soit en relation avec la disparition prématurée du dauphin Louis de France, mort en 1765). Certains éléments (les multiples  bougies allumées, le gigantesque dais enveloppant de son drapé le sommet du mausolée) pourraient suggérer une architecture éphémère, installée le temps de la cérémonie funèbre. Mais le monument étant probablement destiné à être édifié dans une église comme l’abbaye Saint-Denis, on peut plutôt supposer une sorte de permanente veillée funéraire, par les flammes constamment allumées et les fumées d’encens. La colonne paraît devoir abriter à la fois le coeur (dans l’urne à sa base) et le corps du roi (à son sommet). Si les trois pleurants (le troisième assis au pied de l’urne) empruntent avec gravité à un répertoire du deuil qui remonte au Moyen Age et passe par le baroque, la très haute colonne entre deux pyramides semble une invention d’une audacieuse originalité. 


VENDU AVEC SON CERTIFICAT D'AUTHENTICITÉ