Henri Goetz
 
Gravure Originale 
Signé en bas à droite 
Format 45 x 56 cm
Numéroté sur 50 ex.
Parfait état

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Cette oeuvre est visible sur rendez-vous à la Galerie Montfort 5, rue de Provence 75009 PARIS

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Henri (Harry) Bernard Goetz, né le 29 septembre 1909 à New York et mort le 12 août 1989 à Nice, est un peintre et graveurfranco-américain.

Biographie

La famille de Henri Goetz est d’origine française. Vers 1850, son grand-père, Bernard Goetz, Alsacien de la région de Colmar, quitte la France pour les États-Unis. Bricoleur, il invente durant son long voyage une sorte de réflecteur afin de mieux éclairer sa lecture, son passe-temps principal, dans une cabine peu éclairée. Cette invention simple suscite l’admiration de ses compagnons de voyage et il reçoit rapidement la proposition d’un voyageur de première classe d’exploiter cette trouvaille dès leur arrivée àPhiladelphie.

En 1855, Bernard Goetz ouvre une société de réflecteurs, The American Reflector Company, qui deviendra plus tard The B. Goetz Manufacturing Company. Il épouse une Américaine avec laquelle il a cinq enfants. À l’âge de onze ans, le père de Henri, enfant cadet, est renvoyé de son école, incapable d’apprendre l’orthographe et donc inapte à poursuivre des études plus avancées. Apprenti mécanicien dans la nouvelle industrie de la bicyclette, il participe à des courses cyclistes. Un début de tuberculose l’empêche de poursuivre sa carrière de cycliste, mais il commence à écrire des nouvelles durant les années passées dans l’Ouest américain. De retour dans l’Est, il se marie avec celle qui sera la mère de Henri Goetz.

L'enfance[modifier]

Henri Goetz voit le jour à New York, où son père dirige une entreprise de matériel électrique. Fils unique, le jeune Henri reçoit une éducation stricte de sa mère, pour qui les principes éducatifs remplacent l’affection. À l’âge de sept ans, sa famille quitte New York pour s’installer en banlieue, à Far Rockaway, dans le Queens. Goetz y termine l’école primaire et secondaire, et ensuite le lycée.

Son rêve de quitter le foyer familial se réalise à l’âge de dix-huit ans lorsqu’il part étudier à Boston en 1927, au Massachusetts Institute of Technology, en vue de préparer une carrière d’ingénieur électricien. C’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à l’art, et il suit des cours de dessin. Il s’inscrit en 1929 à l’université Harvard, où il suit des cours d’histoire de l’art. Il quitte l’université la même année pour suivre des cours de peinture au Grand Central Art School de New York.

Un jour, une étudiante en peinture lui raconte son expérience personnelle de Paris et de ses ateliers. Cela est suffisant pour déclencher en Goetz l’envie de partir pour la France.

Les années d'apprentissage[modifier]

Arrivé à Paris en 1930, il travaille dans les académies de Montparnasse (Académie Julian et Académie de la Grande Chaumière) et quelque temps chez Ozenfant. Goetz est intéressé par le portrait et l’étude du nu. Son but était d’exprimer le caractère de ses modèles par une ressemblance extérieure et intérieure au moyen d’une facture expressionniste et très colorée. Il mélange ardemment le procédé cubiste et le coloris expressionniste.

« Au début je me suis consacré uniquement au portrait, car la figure humaine me paraissait contenir une chaleur que je n’avais pas trouvée dans mes études où je me préparais à une carrière d’ingénieur électricien. Durant ces six années, la peinture apprise dans les académies me servait à créer des ressemblances et à approfondir l’intimité du regard des autres1. »

Goetz se retrouve plongé dans le milieu artistique de Montparnasse. Jusqu'alors, sa connaissance de la peinture n'allait pas au-delà de l'impressionnisme. Son ami Victor Bauer, peintre, lui ouvre l’esprit à la peinture vivante. « Je lui dois le déclenchement du deuxième stade de mon évolution », dit Goetz2.

Il découvre les œuvres de PicassoBraqueMatisseRouaultKlee et Kandinsky. Grâce à Bauer, Goetz se familiarise aussi avec le freudisme, la politique de gauche, la sculpture primitive, la poésie et la musique d’avant-garde. Il poursuit alors l’étude du portrait et commence à peindre en 1933 ses premiers paysages de construction simpliste et laborieuse, dans une matière violente, sombre, très empâtée où se retrouve à la fois l’influence conjuguée du fauvisme et du cubisme. Son autoportrait de 1935 est construit avec des formes fortement marquées par le cubisme, mais dans un coloris vif et pur, emprunté au fauvisme3. De 1932 à 1934, Goetz habite 16 rue Bardinet.

En 1935, Goetz considère que la période de l’apprentissage est finie et se sent prêt à se lancer dans l’aventure de l’invention de sa propre peinture. La même année, il emménage au 19rue Daguerre. En septembre il fait connaissance à l'académie de la Grande Chaumière de Christine Boumeester, qu'il épousera la même année. Le couple se lie avec Hans Hartung, qui était leur voisin de palier rue Daguerre : tous trois exposent la même année au Salon des surindépendants.

La période « surréaliste »[modifier]

Dès janvier 1936, Goetz commence à peindre des tableaux non-figuratifs4. Une « peinture non-figurative de pure invention » pour exprimer son univers intérieur, mais sans se servir des objets du monde réel. « Si je choisis le monde non-figuratif, c’est que je crois qu’il est plus vaste que l’autre. Je crois qu’il y a plus à découvrir dans l’inconnu que dans le connu. Si la limite du connu est l’inconnu, l’inverse ne me semble pas vrai5. » Ce changement restera la seule fraction dans son œuvre, qui se développera plus lentement. La décision de rompre avec le monde visible marque également la fin de sa période d’apprentissage et plonge Goetz au cœur des courants actuels en engageant sa peinture dans la modernité. Voulant peindre abstrait, Goetz se lance dans l’exploration de ses visions intérieures. Cependant, tout en revendiquent l’indépendance de sa peinture du monde réel, son discours pictural ne correspond pas à la pratique de l’art abstrait développée dans les années 1930-1940. Le sujet de ses tableaux dépend en grande partie de son imagination et pas seulement de l’agencement de composants formels. Ce changement d’orientation le rapproche du monde surréaliste. Son œuvre se développe dans cette dialectique de courants opposés et c’est là que réside son originalité.

Un événement important de cette période est l’amitié avec le poète Juan Bréa et sa femme, Mary Low, qui font partie du groupe surréaliste d’André Breton. C’est la découverte du surréalisme pour Goetz. En 1936, Goetz ignore à peu près tout du mouvement surréaliste. Son ami, le peintre allemand Oelze Richard, lui parle pour la première fois de Dali. À partir de ce moment, Goetz fréquente les surréalistes Raoul UbacBenjamin Péret et Óscar Domínguez. André Breton s'y intéresse d'ailleurs (il rencontre Goetz en 1938), sans toutefois proposer à l'artiste de participer aux manifestations du mouvement.

L’esprit surréaliste qui imprègne désormais sa peinture va engendrer des pièces comme les Chefs-d’œuvre corrigés en 1938-1939, que Goetz appelle une « collaboration collective posthume ». Sur les fonds des reproductions, Goetz va laisser libre cours aux images associatives que lui suggèrent des œuvres célèbres. En les voyant, André Breton les nomme en 1939 les « chefs-d'œuvre corrigés ». Elles seront exposées dans leur ensemble pour la première fois en 1975 par la Galerie Jean-Claude Bellier à Paris, dans le cadre de l’exposition rétrospective Henri Goetz.

La peinture de Goetz n’est cependant jamais dirigée que par le symbolisme des rêves : la spontanéité et l’imagination l’emportent toujours sur l’interprétation du subconscient. Pour les surréalistes, le tableau est le théâtre d’opérations mentales ; pour Goetz, il est principalement le lieu de construction d’un monde inventé, où l’imagination règne et le tableau se nourrit de ses propres sources. La différence est capitale : pour Goetz, tout repose sur l’activité imaginative et inventive et non sur la psychologie.

« Je croyais pouvoir créer des formes où mon inconscient rejoindrait ceux des autres. Cette démarche n’était pas étrangère à celle des surréalistes mais sa réalisation s’opérait dans un univers des formes pour moi abstraites, mais évocatrices d’objets connus, parfois organiques. Cette ressemblance ne m’intéressait guère, ce qui m’éloignait des surréalistes. L’espace de mes tableaux ressemblait à celui des œuvres classiques. Je n’étais pas considéré comme artiste abstrait et pourtant je me sentais plus près d’eux1. »

L'abstraction

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Avant 1947, un changement s’opère dans les dessins de Goetz. Il se détache progressivement de l’imprégnation surréaliste. Il s’oriente vers un graphisme, les images et les constructions s’épurent, se simplifient, il donne de plus en plus d’importance à la ligne et au trait qui deviendront la matière même de la composition. Il faudra attendre 1947 pour que cette tendance se généralise dans tout son art.

Il n'y a plus de visions chargées par l’inconscient et les formes allusives : la primauté est donnée à la construction par la ligne, la technique picturale est d’une touche plus libre et on ne trouve plus trace des glacis ni du clair-obscur. Une plus grande importance est donnée à la couleur et a sa puissance expressive. Goetz est en train de libérer et d’explorer sa palette.

L'abstraction de Goetz, au cours des années 1950, est voisine de celle de Hartung, de Soulages et de Schneider par la vivacité des tracés graphiques et le rôle des fonds colorés7. Dès 1960, le monde extérieur reprend place dans l'élaboration des œuvres, à partir des suggestions offertes par le paysage ou les objets (Bord de rivière en Corse, 1965, pastel à l'huile, coll. part.).

La période abstraite de 1947 à 1960 est une période de transition qu’il faut distinguer de l’abstraction comme constante de son esthétique. Dans cette période, l’artiste fait le point sur tous les moyens d’expression, il expérimente, les choisit, les essaye, jusqu’à trouver ceux qui vont renouveler son style. L’espace de la peinture de Goetz change, il reçoit une nouvelle lumière. L’espace n’est plus le rideau de scène, c’est une réalité sensible. De 1950 à 1960, une géométrisation de plus en plus poussée s’affirme. Les formes se dépouillent et se séparent finalement les unes des autres, sur un espace richement coloré.

Goetz ne renonce cependant pas à la profondeur au profit de la surface. Le traitement par volumes disparaît mais les fonds se diversifient : les couleurs s’éclaircirent et de nouvelles gammes apparaissent. L’abstraction détourne Goetz de la technique traditionnelle et lui permet de découvrir la peinture dans son fonctionnement.

Au début de l’année 1959, Goetz et Christine quittent leur atelier Notre-Dame-des-Champs, trop petit pour deux artistes. Leur nouvel atelier se situe rue de Grenelle, au numéro 174, dans un grand pavillon avec un grand jardin. Ils y installent deux ateliers, un pour Goetz au rez-de-chaussée et un pour Christine à l’étage. Il a suffisamment de place pour y installer également un atelier de gravure.

Le couple passe beaucoup de temps, pendant les mois d’été, dans leur cabanon au Cannet, sans aucun confort mais avec une vue magnifique sur la baie de Cannes. Goetz peint partout où il se trouve. Pendant l’une de ces sorties, sa démarche connaîtra un nouveau changement. Il s’aperçoit que sa peinture reçoit des influences de l’extérieur, une lumière qui irrigue ses tableaux et des couleurs qui imprègnent celles qu’il utilise. Il va renouveler cette expérience en choisissant à chaque fois un lieu de travail différent. Le paysage dans lequel il se trouve s’infiltre à son insu dans sa peinture. Il réalise des tableaux abstraits d’après nature. C’est ainsi que débute sa période lyrique. Presque involontairement, Goetz trouve la réponse aux polémiques et aux querelles qui radicalisent les positions des artistes abstraits, une réponse qui convient à son œuvre, et il échappe ainsi aux dangers du formalisme. Ce changement bascule tout : la composition, les couleurs, la technique.

Durant cette période se situant entre 1960 et 1974, que l’on pourrait qualifier de lyrique à cause de la technique picturale spécifique par des touches sensibles, le vocabulaire de Goetz s’élabore et se constitue. Toutes les influences des courants des époques précédentes sont absorbées et intégrées dans son œuvre.

À partir de 1974, Goetz revient à une peinture d’atelier. « Je n’ai plus besoin de regarder la nature : elle est en moi maintenant. » Après la mort de Christine an 1971, l’œuvre de Goetz se confond encore plus avec sa vie. Son art représente désormais une fusion entre l’extérieur et son univers intérieur. Il s’éloigne du monde concret et sa sémantique picturale atteint une dimension cosmique et planétaire. Jean-Pierre Geay, son ami et poète, appelle ce nouveau mode de représentation de l’espace chez Goetz le « figuralisme ».

La gravure au carborundum[modifier]

Goetz explique sa technique de manière très détaillée dans La Gravure au carborundum, publié en 1969 aux éditions Maeght. Dans cet ouvrage postfacé par Joan Miró, l’un des premiers à bénéficier de la découverte de Goetz, l’auteur explique la gravure au carborundum en utilisant des termes habituellement employés dans la gravure en taille douce classique – aquatinte, vernis mou, burin, eau-forte. De fait, les effets que peut produire cette nouvelle technique sont parfois très semblables aux procédés de la taille douce classique. Mais Goetz est clair, son intention n’est pas de remplacer les techniques existantes : la gravure au carborundum doit s’ajouter aux procédés connus et les compléter. Ce nouveau procédé a une qualité picturale toute autre : il révèle une spontanéité et une manière directe de créer. La technique permet des textures intéressantes et diverses, une grande richesse de matière plastique, ce qui est très bien exploité par ceux qui embrassèrent ce nouveau procédé et en profitèrent pour se lancer dans l’aventure de l’estampe. Certains ont reçu cet apprentissage directement de Goetz, il s’agit d’amis comme Coignard ou Clavé, ou encore Masson et Papart. D’autres, ses élèves, apprirent cette technique à l’atelier de gravure de son académie.

La naissance de cette technique remonte à l’adolescence de Goetz. C’est en s’amusant avec son ami Bernard Wager, à fabriquer un four qui existe déjà depuis de nombreuses décennies mais qu’il croit avoir inventé, que Goetz découvre ce matériau résistant à la chaleur et à la pression, ce produit qui sert surtout d’abrasif. Beaucoup plus tard, grâce à l’aide de ses amis Erich Schaeffer et Marc Havel, il utilise les caractéristiques du carborundum pour le mettre au service de l’art : la gravure au carborundum est née.

Divers vernis et colles durcissant au séchage peuvent être utilisés pour fixer le carborundum sur la plaque. Le mélange s'applique à la brosse et donne en séchant une matière très dure. La plaque est ensuite encrée, essuyée et imprimée comme une gravure en taille-douce. L'utilisation du métal comme support n'est pas obligatoire. Tous les matériaux résistants et stables peuvent être utilisés. L'encre est la même que pour la taille-douce. Elle doit être rendue plus fluide pour permettre un encrage au pinceau. L'essuyage se fait à la tarlatane. L'impression se fait sur une presse taille-douce. La pression est réglée moins forte que pour la taille-douce classique. L'habillage est plus souple, et il consiste en un ou deux caoutchoucs mousses et de deux feutres. La technique au carborundum peut être combinée à d’autres techniques de gravure. Elle permet la meilleure utilisation de la couleur et donne une plus grande richesse de matières.