Jacques Churet

Très bon état; petit accroc dans la jaquette

Les Editions du Cabri

1989 / 96 pages

ISBN 2903310777

Le petit train jaune de Cerdagne est, comme son nom ¡’indique, un moyen ferroviaire original destiné à relier au reste des Pyrénées-Orientales la région la plus éloignée du département: la Cerdagne.

En effet, le coup de maftre réussi par Mazarin en 7 659 a légué à la France un merveilleux coin des Pyrénées, dont la beauté n’a d’égale que la difficulté d’accès. Ce n’est d’ailleurs pas sans motif que le rusé cardinal désirait la Cerdagne; il suffit de lire le texte du Trafté des Pyrénées pour comprendre: «L’Espagne renonce en faveur de la France aux comtés et vigueries du Roussillon et de Confient, à la vallée de Quérol et à trente-trois villages du comté de Cerdagne formant la continuation du territoire qui fait communiquer la dite vallée avec le Capcir et le Confient.» Il s’agissait donc avant tout d’un problème de communications et de continuité du territoire français, et la jonction en 1927 à La Tour-de Carol du petit train jaune venu du Confient avec le Transpyrénéen venu de l’Ariège peut être considérée véritablement comme l’accomplissement de la pensée de Mazarin..!

Dès 1865, pour résoudre la question des relations ferroviaires entre la France et T Espagne, un Service d'Études des Transpyrénéens était créé à Toulouse. Parmi les douze tracés envisagés, le premier reliait Prades à Puigcerdà sous le col de la Perche. Avec la voie normale et la traction à vapeur, H exigeait des rampes continues de 33 mm/m et un tunnel de faîte de 13 km joignant Fontpédrouse à Saillagouse sous le col de la Perche. Il fut écarté dès le début comme ne fournissant pas une solution à la question des Transpyrénéens, mais c'est cependant cet itinéraire qui, dans une toute autre optique, a été réalisé le premier dès 1911 entre Villefranche-de-Conflent et Bourg-Madame. Il a suffi pour cela d’«inventer» le petit train jaune!

C’est de l’histoire et de la vie de ce petit train jaune de Cerdagne que cet ouvrage va vous entretenir. S’il est une certitude, c’est bien que le train jaune et la Cerdagne sont indissociables l’un de ¡’autre. Pourtant, sur les 62 km du parcours, les 28 premiers sont accrochés aux flancs de la vallée du Confient, et ce n'est certes pas cette.partie du trajet entre Villefranche et Mont-Louis qui est la moins pittoresque, bien au contraire. C’est pendant cette petite moitié de son parcours que notre train fait son chemin le plus difficile, s’élevant de 1100 m au prix d’une déclivité de 40 à 60 mm/m et d’ouvrages d’art sans nombre. Puis, H va musarder à travers la Cerdagne pendant les 35 derniers kilomètres. Il donne alors l’impression de vouloir profiter d’une récréation bien gagnée après avoir tant été à la peine. Après Mont-Louis, H fournit un dernier effort pour passer le col de la Perche et culminer à près de 1600 m d'altitude en gare de Bolquère, la plus haute de France. Il va parcourir ensuite les trois-quarts de la Cerdagne, tournant autour de l’enclave espagnole de Llivia dans le sens des aiguilles d’une montre, pour terminer sa course à 1200 m d’altitude à l’entrée de la vallée du Carol, où H rejoint dans la gare internationale de La Tour-de-Carol son grand frère le Transpyrénéen.

Depuis quelques années, le petit train jaune de Cerdagne voyait son existence contestée par les pouvoirs publics comme par son exploitant. La conjoncture actuelle et la nouvelle politique de la S.N.C.F. permettent d’être un peu plus optimistes sur son sort immédiat. Il n’en demeure pas moins vrai que ta question de sa survie risque de se poser de façon périodique, et que l’on peut considérer que la ligne de Cerdagne est en sursis. Cet ouvrage qui doit mieux faire connaître ce qu’elle a été et ce qu’elle représente, reste donc d’actualité et nous espérons qu’il contribuera à sensibiliser en sa faveur aussi bien les centres de décision que ses utilisateurs.