Georges BRASSENS (1921 – 1981), auteur, compositeur, interprète français

Manuscrit autographe de la chanson titrée « Ceux qui ne pensent pas comme nous ». [Novembre 1979] ; 1 page in-folio.

Manuscrit retrouvé d’une des dernières chansons que Brassens n’a pas eu le temps d’enregistrer avant sa mort, survenue le 29 octobre 1981. La chanson fut mise en musique par Brassens et interprétée en 1982 par Jean Bertola.

Manuscrit recopié avec quelques biffures. Brassens, perfectionniste comme à son habitude, passait un temps considérable à remanier ses textes jusqu’à obtenir la version souhaitée. On constate encore une fois n’est pas coutume, que le poète n’a pas obtenu dans cette version ce que sera la version définitive, des couplets dans cette ébauche n’ont pas été retenus dans la chanson finale, ainsi que des vers qui ont été remaniés.

Référencé dans les œuvres complètes page 311

 

« Quand on n’abonde pas dans leur sens les notables

Qui dans le seizième ont fait leurs humanités,

Songent le sot nourrit des idées regrettables

Ciel quelle aberration Dieu qu’elle absurdité.

Mais moi qui fit les miennes dans le quatorzième

Dans ce cas je me dis pardonnez ce jargon

Les mots sont différents mais la chose est la même

Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons

 

Jouant les ingénus, le père de Candide

Le génial Voltaire, (en substance) écrivit

Qu'il souffrait volontiers complaisance/tolérance splendide

Que l'on ne se conformât point à son avis.

Quoique mes opinions soient aux vôtres contraire

Jusqu’à la mort s’il faut je veux défendre qu’on

Les étouffe au baillon. Compte dessus mon frère

Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons

 

Entre nous bonnes gens pour oser reconnaitre

Qu’on se trompe qu’on n’a pas de cerveau qu’on est pas

Des plus intelligents il faudrait un peu l’être

On n’a jamais rien vu de pareil ici bas

Si l’interlocuteur nous semble assez bébette

On écrase de peu que sortant de ses gonds

Ce pauvre crétin nous fasse une grosse bête

Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons

 

Moi qui soutiens tout haut des thèses libérales

En mon for intérieur je prends pour un minus

Pour un jobard atteint d’anémie cérébrale

Quiconque ose avec moi ne pas faire chorus

La morale de ma chansonnette est facile

Ceux qui l’aiment parbleu sont des féconds

Ceux qui ne l’aiment pas de fichus imbéciles

Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons