Édouard Pignon (1905-1993), École Française, ami proche de Picasso. 

Champ d'oliviers en Provence

Aquarelle

Signée et datée (19)53 en bas à droite

Bon état général: papier fort légèrement gondolé notamment sur les bords gauche et droit du à l'aplat de matière. 

Dimensions à vue: 47,5 x 61,7 cm

Encadrement d'origine sous verre avec passe partout en tissu (état correct): 66 x 80,5 cm

Provenance: vente Tajan à Drouot le 19/05/2009, lot 392. 

L'authenticité de cette œuvre a été confirmé lors de cette vacation par Mr Philippe Bouchet, spécialiste de l'artiste. 


Biographie (source wiki)

Édouard Pignon est un peintre français de la nouvelle École de Paris, né le 12 février 1905 et mort le 14 mai 1993.

Son œuvre abondante, difficilement classable, se développe par séries autour de thèmes divers qui se succèdent ou se déploient simultanément, parfois s'enchevêtrent : drames de la condition ouvrière, voiles des bateaux et troncs d'olivier, travaux des paysans, combats de coqs, horreur des guerres, plongeurs nus et plages solaires. Avec Picasso, dont il est l'intime pendant trois décennies, il lutte dans les années 1950 contre le systématisme du réalisme socialiste, sans pour autant rejoindre ses amis peintres non figuratifs avec lesquels il a très fréquemment exposé à partir des années 1940 en France et à l'étranger.

Durant l'été 1949 Pignon séjourne en Italie puis pour la première fois à Sanary dans le Var, dont il peint le port, réalisant surtout des études qui seront la source, près de dix ans plus tard, de sa série d' Oliviers : « J'ai d'abord fait des quantités de dessins d'après des paysans au travail dans la chaleur du Midi. Ils étaient vêtus d'un simple slip, ce qui laissait toute la musculature apparente et saillante. Et puis en me promenant dans l'arrière-pays, j'ai commencé à regarder les oliviers. (…) D'abord mes premiers oliviers sur nature ressemblaient à mes voiles d'Ostende. J'ai essayé de travailler avec plus d'exactitude, si l'on veut. Et c'est là que j'ai ressenti une sorte de désir d'appréhender davantage la réalité. Et par là une autre manière de concevoir l'espace, à cause de cette précipitation des volumes, des ouvertures des branches qui se pressaient l'une sur l'autre parce que je me plaçais très près de l'olivier : méthode que j'ai toujours conservée. Il y avait en moi un rapport entre l'olivier, le sol caillouteux, les restanques, le paysan nu et la chèvre. J'avais devant eux une sensation presque identique, toute la nature me paraissait faite d'os et de muscles. » 


Après un premier voyage à Venise avec ses amis Zoran Mušič et Ida Barbarigo, Pignon en 1951 s'installe durant l'été et une partie de l'hiver chez Picasso à Vallauris : « J'ai recommencé à dessiner des nus rapides. Je voulais peindre le nu comme l'olivier dans toute sa complexité. Il fallait le montrer comme si on tournait autour. Je cherchais, comme dans l'olivier plus tard, les points d'articulation, je mettais mille aspects à la fois, mon nu s'élargissait, devenait énorme. Mais je m'apercevais qu'en même temps j'arrivais à donner aux formes sur la toile une certaine vitalité et une certaine sensualité.» Pignon reprendra également le thème des Maternités (1951-1955).


À Vallauris il travaille à un nouvel Ouvrier mort monumental : « Quand j'ai fait le deuxième Ouvrier mort, on vitupérait sur ce thème choisi par moi en pleine abstraction montante, on disait que j'allais devenir réaliste socialiste, quand on ne disait pas que je l'étais. En même temps, les porte-paroles du prolétariat se substituaient au prolétariat pour écrire que jamais la classe ouvrière ne pourrait admettre une telle peinture. C'est là, à Vallauris et à Sanary, au milieu des oliviers, dans le calme et dans la chaleur, que j'ai commencé à sentir la possibilité de me trouver complètement à contre-courant. Je ne veux pas dire que je ressentais le besoin de travailler 'contre' l'art abstrait. Il ne s'agit pas de prendre parti pour ou contre quelque chose. La peinture n'est pas une campagne électorale. Et presque tous mes amis sont abstraits ou l'ont été ou le seront toujours. C'est avec eux que j'expose et que j'ai toujours exposé. Je ne pourrais pas exposer avec d'autres. » 


Pour Jean Vilar, Pignon crée en 1951 les décors et costumes de la première pièce de Brecht présentée en France, Mère Courage et ses enfants, avec Germaine Montero et Gérard Philipe, et en 1952 de La Nouvelle Mandragore de Jean Vauthier, avec Gérard Philipe et Jeanne Moreau.


Un nouveau séjour de Pignon à Vallauris en 1953 est à l'origine de L'Homme à l'enfant endormi, d'après le souvenir de Paloma Picasso endormie sur ses épaules alors qu'il remonte avec Picasso, en fin de journée, de l'atelier, mais aussi de la série des Nus à l'olivier (1953-1954) : « C'est là qu'a commencé le mariage du nu et de l'olivier dans mes toiles. Je les confrontais. Ils nouaient entre eux une sorte de conversation. D'un côté de la toile il y avait l'olivier, de l'autre le nu. L'olivier semblait un nu renversé, et j'accentuais dans ce sens, je voyais à l'olivier la même poussée de formes que le nu. » Pignon aborde simultanément les séries La Cueillette du jasmin (1953-1955) et Les Vendanges (1953-1955). Sous l'incitation de Picasso il réalise encore à Vallauris, durant l'hiver, deux cents céramiques sur les thèmes de ses toiles : « Quand j'étais à Vallauris, j'ai passé un an à faire de la poterie. Et j'utilisais pour ces poteries des éléments peints par moi durant toute ma vie. Par exemple des têtes de mineurs, qui se transformaient en personnages fantastiques. Mais sur beaucoup de poteries, je faisais des têtes de coqs, en me souvenant de tous les coqs que j'avais connus dans mon enfance[14]. » L'année suivante Vallauris est source de nouvelles suites, Les Électriciens dont les silhouettes acrobatiques se découpent sur le ciel (1954-1955) et Le Paysan accroupi, articulant cette fois homme et arbre (1954-1955).


Tandis que, les troupes soviétiques entrant en Hongrie, l'opposition se fait de plus en plus manifeste entre le Parti communiste et les intellectuels antistaliniens, dont Picasso, Pignon et Hélène Parmelin. Pignon continue de travailler pour le théâtre, notamment en 1956 pour Ce fou de Platonov d'Anton Tchekhov monté par Vilar avec Maria Casarès et Philippe Noiret, en 1957 pour Le Malade imaginaire de Molière, en 1958 pour On ne badine pas avec l'amour de Musset. Après de longs séjours à Cannes chez Picasso, puis de nouveau à Sanary, Pignon peint les paysages de Sanary et la Colline de Bandol (1956-1958).


Oliviers, Combats de coqs et Plongeurs (1958-1961)

Pignon s'engage ensuite dans quelques-unes de ses plus célèbres séries, les Oliviers (1958-1964) : « Collé à l'arbre, mon œil se promenait tout autour de la forme. J'essayais de traduire un espace non pas à 60 degrés, ou à 45, mais à 180 degrés… J'étais sur l'olivier, ses multiples parties se bousculaient vers moi, entraient à la fois dans mon dessin. (…) C'est seulement au bout de plusieurs années que les toiles ont commencé à naître. ». « Quand je peignais les Oliviers, je me suis aperçu que je voulais détruire l'idée de distance entre le spectacle représenté (…) et le personnage qui regarde», résume-t-il.


Après de multiples séjours en 1958 à Marles-les-Mines, Pignon développe le thème des Combats de coqs (1959-1968 et jusqu'en 1973) : « Pendant deux ans, j'allais dans le Nord deux fois par semaine pour assister aux combats de coqs. (…) Il y avait foule autour de moi. Sans compter le brouhaha extraordinaire de la montée des paris pendant les combats, la fumée, les plaisanteries des mineurs, les hurlements des enfants, les quolibets. (…) Il y avait quelquefois quarante combats dans l'après-midi. Cette fois la réalité était véritablement une réalité de combat, de guerre, une nature frénétique. Cela exigeait d'abord une notation, un dessin beaucoup plus rapide, pour dire cette violence du combat (…) Je travaillais quatre ou cinq heures de suite.(…) Toutes ces notations, ces dessins faits dans le temps du mouvement, (…) me donnaient un répertoire de formes en fonction du combat. Non pas des formes pour elles-mêmes, pour leur beauté : mais des formes expressives, des formes directement issues de la réalité, et qui étaient pour moi le combat même. (…) C'était l'olivier éclaté, éparpillé sur la surface de la toile. »


Pignon réalise en 1958 sa première céramique-sculpture, L'Homme à la fleur, pour le Pavillon de Paris à l'Exposition internationale de Bruxelles, contestée par la municipalité mais sauvée par l'arbitrage de Jean Cassou, conservateur du Musée d'Art moderne. Exposant à la Biennale, il part pour Venise et passe un premier été à dessiner le travail les Pousseurs de blé près de Rome, à Filacciano. Venant régulièrement chez Picasso, il travaille de plus en plus dans le Midi, source de nouveaux thèmes telleLa Jetée, après un séjour en 1959 avec Picasso à Toulon. En 1960 Pignon signe avec d'autres peintres (Robert Lapoujade, Paul Rebeyrolle, Paul-Jean Revel, Jean-Pierre Vielfaure) contre la guerre d'Algérie le « Manifeste des 121 ». De premières expositions rétrospectives de son œuvre sont organisées aux musées de Metz et de Luxembourg.