Madame de Rênal, Eugénie Grandet, Coralie, Mathilde de La Mole... Ou
mère, ou amante, ou courtisane, ou femme de tête, telles nous
apparaissent, curieusement limitées à l'un ou l'autre de ces rôles, les
héroïnes des grands romans du XIXe siècle, étudiées par Annie Goldmann.
Fantasmes de leurs créateurs, mais aussi reflets des femmes de l'époque,
ces personnages ont nourri, jusqu'à nos jours, l'imaginaire des hommes
et des femmes, celles-ci se conformant aux modèles et ceux-là les
cherchant sans fin, pour leur commun malheur.
D'où vient que les
femmes aient dû ainsi s'amputer de toute une partie de leur personnalité
potentielle ? Pourquoi un tel appauvrissement par rapport aux héroïnes à
multiples facettes du siècle précédent ? Comment de tels schémas
ont-ils pu s'installer, générant tant de rêves d'amour perdus ? Et en
sommes-nous libérés aujourd'hui ? La relecture que fait Annie Goldmann
d'une douzaine de romans célèbres tâche de répondre à ces questions.
Outre
le charme de cette relecture, on trouvera ici une interprétation
excitante des faits historiques, sociologiques et littéraires.