SÉBASTIEN BLAZE

Marie Véran Sébastien Blaze
Pharmacien
Né à Cavaillon (Vaucluse) le 13 novembre 1785
Mort à Apt (Vaucluse) le 8 octobre 1844


MÉMOIRES D'UN APOTHICAIRE

SUR LA GUERRE D'ESPAGNE

PENDANT LES ANNÉES DE 1808 À 1814


Deuxième édition complète, avec un Avant-Propos par M. E. Deleage et une Notice par Mme Marie-Louise Pailleron.
Aquarelles et dessins originaux de Georges Scott.

Tirage limité à 170 exemplaires, dont 162 sur pur fil vergé de Rives, pour les 150 sociétaires et 8 sur Madagascar pur fil pour les collaborateurs et les archives.

Exemplaire sur pur fil vergé de Rives non justifié.




PARIS, LES PHARMACIENS BIBLIOPHILES, 1934.

2 volumes reliés, in-8° (17 x 25 cm) de 365 & 300 pages. Reliure en demi chagrin bleu marine.

Exemplaire en bon état, belle conservation ; quelques légers frottements sur les reliures. Intérieur pourvu de claires rousseurs éparses. 



Ces mémoires, dont tous les événements sont d’une authenticité depuis longtemps hors de doute, offrent une lecture aussi intéressante que celle du plus curieux roman qui ait jamais été imaginé. L’auteur entre en Espagne en 1808, assiste à la révolution d’Aranjuez, à la révolte et au massacre de Madrid, à l’évacuation de cette capitale, où il est forcé de rester pour soigner les blessés, alors que la guerre d’Espagne prend ce caractère de férocité qui ne s’est point démenti tant qu’elle a duré. Les Français reviennent sur Madrid ; à leur approche on dirige les prisonniers sur Cadix, en leur faisant parcourir le midi de l’Espagne et une partie du Portugal. L’auteur décrit avec une effrayante vérité les misères horribles de ce voyage. Quelques peintures comiques de mœurs, racontées avec une spirituelle vivacité, égayent de temps en temps ce sombre tableau. Enfermés dans la tour d’Albuquerque, les Français sont visités par les dames du lieu, et la prison se change en salle de bal. Abîmé, fatigué, terrassé par la fièvre, on laisse l’apothicaire à Frejenas, où il devient valet du geôlier, fabrique et vend des bagues de crin pour vivre, professe l’italien qu’il ne sait point, et au lieu de la langue toscane enseigne le provençal à son élève. Enfin, après mille dangers, volé, battu, dépouillé de ses habits, il arrive aux pontons de Cadix, et nous donne la description de ces prisons flottantes, où règnent la famine et la maladie, et où cependant les Français conservaient leur imperturbable gaieté, donnaient des bals, des concerts, et jouaient la comédie. L’enlèvement d’une barque par le capitaine Grivel, sur laquelle trente-cinq prisonniers se sauvèrent ; la famine qui réduisit les marins du ponton la Horca à se manger les uns les autres ; six captifs de l’Argonaute poignardés ou fusillés par l’aumônier de ce ponton et les satellites de ce moine ; la fuite de la Vieille-Castille, qui échappe à ses surveillants pendant la nuit à la faveur de la marée et du vent ; la vigoureuse défense de l’Argonaute, dont on coupe le câble en plein jour, et que les Anglais criblent de boulets, incendient avec des bombes, et dont les prisonniers ne s’échappent qu’après avoir vu hacher trois cents de leurs compagnons, offrent des scènes du plus grand intérêt, qui sont décrites avec beaucoup de chaleur et d’une manière très pittoresque par notre apothicaire. Des détails curieux sur les mœurs, les usages, les costumes de l’Andalousie, que l’auteur a observés pendant trois ans ; un chapitre sur l’inquisition, dont le palais, acheté par un Provençal, avait été converti en une loge de francs-maçons ; l’aventure de Gertrudiz, condamnée au bûcher et exécutée pour avoir fait des œufs comme une poule, et diverses autres anecdotes pleines d’originalité, terminent ces mémoires, où l’intérêt ne languit pas un instant.

Eusèbe Girault de Saint-Fargeau – Revue des Romans (tome premier).