Alphonse-Nicolas-Michel MANDEVARE (≈ 1759 - ≈ 1828)

Portrait d’un pin d’Italie

Pierre noire et estompe

60,7 x 45,9 cm (cadre : 80 x 66 cm)

Traces d’insolations, bords accidentés, pliures, petites déchirures

Monogrammé “M-M” en bas à gauche

Au verso de l’encadrement une étiquette d’un encadreur de New York 


Provenance : 


- Galerie Pierre Gaubert, exposition MANDEVARE Dessins français de la fin du XVIIIème siècle, du 12 au 31 Mars 1976


On ne connaît que très peu la vie de Mandevare qui fut pourtant un théoricien du “d’après nature” de premier ordre au sein du mouvement néoclassique. Dessinateur français probablement d’origine allemande ou nordique, sa carrière est à rapprocher de celle de Pierre-Henri de Valenciennes (1750 - 1819), chacun représentant un courant du paysage au tournant du XIXème siècle selon l'approche Néoclassique. La complémentarité des deux artistes fut ainsi parfaitement définie : 


 “Parmi les styles différents dont on peut traiter le paysage , il faut en distinguer deux principaux : le style héroïque et le style pastoral ou champêtre. On comprend sous le style héroïque tout ce que l'art et la nature présentent aux yeux de plus majestueux et de plus grand. On y admet des points de vue merveilleux, des temples, des sépultures antiques, des palais enchantés dont la structure et la magnificence excitent et commandent notre admiration. Dans le style champêtre, la nature est représentée toute simple et sans art, souvent même avec cette négligence qui fait sa parure et sa beauté.” 


Si Valenciennes fut le fer de lance du style héroïque, Mandevare fut celui du champêtre, et ils publièrent chacun un traité : Éléments de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage pour Valenciennes en 1799 et Principes raisonnés du paysage, à l'usage des écoles des départements de l'empire français pour Mandevare en 1804. Son ouvrage, destiné au grand public, expliquait à l’aide de planches la réalisation du dessin d’arbres, de feuillages, troncs etc qui furent utilisés comme modèles dans les ateliers des grands paysagistes de l’époque (Bertin, Valenciennes ou Watelet). 


Mandevare semble avoir été exclusivement dessinateur puisqu’on ne connaît aujourd’hui aucune peinture de sa main. Maniant la pierre noire ou sanguine, il s’attachait à rendre d’après-nature des “portraits” d’arbres expressifs, vigoureux, selon une recette mêlant un trait gras et souple. Sa manière généreuse donne à ses feuillages un rendu moelleux et aux troncs une présence imposante. C’est ce dernier point qui souligne l’aspect portrait de ses dessins d’arbres. Beaucoup sont présentés en cadrage resserré, sur des feuilles de grandes tailles, travaillés par Mandevare comme s'il modelait une figure faite d’un tronc surmonté de ramures. 


Le dessin que nous vous présentons ici fut utilisé par Mandevare pour illustrer le Principes raisonnés du paysage, à l'usage des écoles des départements de l'empire français à la 5 et 6ème planche du 12ème cahier. Il s’agit d’un pin d’Italie, travaillé d’après nature, présenté en majesté dans un espace ouvert. On observe quelques différences avec la version de l’ouvrage notamment l’absence d’une chaumière en arrière plan. Contrairement à son habitude, Mandevare met ici le tronc en retrait au profit des ramures et aiguilles tombantes à la manière d’un saule pleureur. Le noir intense et les traits apparents renforcent la présence du conifère qui porte ses frêles branches comme une lourde parure et les petites touches rondes évitent un rendu trop lisse. On retrouve le style de Mandevare également dans le sol travaillé en estompe, le grand format et cadrage resserré. On parlera ici, de façon volontairement décalée, de “portrait” d’un pin d’Italie dans la mesure où il s’agit d’un travail d’après-nature auquel Mandevare ajoute une forme d’expressivité : Arbres décharnés, fortement courbés ou ici à l’écrasante masse d’aiguilles. L'œuvre se veut finie et se concentre uniquement sur le pin, le reste étant présenté comme secondaire.

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Alphonse-Nicolas-Michel MANDEVARE (≈ 1759 - ≈ 1828)
The wooded entrance to an ancient fortress
Black stone and stump
44 x 59 cm (frame: 65.5 x 79.5 cm)
Traces of exposure, damaged edges, folds
On the back of the frame a label from a New York framer

Provenance :

- Galerie Pierre Gaubert, exhibition MANDEVARE French drawings from the end of the 18th century, from 12 to 31 March 1976

Little is known about the life of Mandevare, who was a leading theoretician of "d'après nature" within the neoclassical movement. A French draughtsman probably of German or Nordic origin, his career is to be compared with that of Pierre-Henri de Valenciennes (1750 - 1819), each representing a trend in landscape painting at the turn of the 19th century according to the Neoclassical approach. The complementarity of the two artists was thus perfectly defined:

"Among the different styles in which landscape can be treated, two main ones must be distinguished: the heroic style and the pastoral or country style. The heroic style includes all that is most majestic and grand in art and nature. In the heroic style we see marvellous views, temples, ancient tombs, enchanted palaces whose structure and magnificence excite and command our admiration. In the country style, nature is represented simply and artlessly, often even with that carelessness which makes its ornament and beauty.

If Valenciennes was the spearhead of the heroic style, Mandevare was that of the pastoral style, and they each published a treatise: Éléments de perspective pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils à un élève sur la peinture et particulièrement sur le genre du paysage for Valenciennes in 1799 and Principes raisonnés du paysage, à l'usage des écoles des départements de l'empire français for Mandevare in 1804. His work, intended for the general public, explained with the help of plates how to draw trees, foliage, trunks, etc., which were used as models in the workshops of the great landscape painters of the time (Bertin, Valenciennes or Watelet).

Mandevare seems to have been exclusively a draughtsman, since no paintings by him are known today. Handling black stone or sanguine, he endeavoured to render expressive, vigorous "portraits" of trees from nature, using a recipe that combines a bold and supple line. His generous manner gives his foliage a soft rendering and the trunks an imposing presence. It is this last point that underlines the portrait aspect of his drawings of trees. Many of them are presented in a tight frame, on large leaves, worked by Mandevare as if he were modelling a figure made of a trunk topped with branches.

The drawing presented here was used by Mandevare to illustrate the Principes raisonnés du paysage, à l'usage des écoles des départements de l'empire français in the 5th and 6th plates of the 12th book. It is a pine tree from Italy, worked from life, presented in majesty in an open space. There are some differences with the version in the book, notably the absence of a thatched cottage in the background. Contrary to his usual practice, Mandevare has set the trunk back in favour of the falling branches and needles in the manner of a weeping willow. The intense black and the visible lines reinforce the presence of the conifer, which wears its frail branches like a heavy ornament, and the small round touches avoid a too smooth rendering. Mandevare's style can also be seen in the ground, worked in blur, the large format and the tight framing. Here, we can speak of a "portrait" of an Italian pine in the sense that it is a work of after nature to which Mandevare adds a form of expressiveness: emaciated trees, strongly curved or here with an overwhelming mass of needles. The work is intended to be finished and focuses solely on the pine, the rest being presented as secondary.

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