À l’heure où j’écris, la version cinématographique de 50 Shades of Grey est toujours en tête du box-office international, les audiences du procès du Carlton se sont achevées il y a peu, les soldats de Daech continuent vraisemblablement à pratiquer l’esclavage sexuel, le site PornHub lance en version bêta son « WankBand », un bracelet qui, porté durant une activité masturbatoire, transforme les mouvements en électricité afin de « sauver la planète » (rien ne se perd, tout se transforme…), des vulves s’exposent dans les musées (The Great Wall of Vagina de Jamie McCartney) et, bientôt, auront lieu à Kawasaki les annuels défilés du Kanamara Matsuri, fête shinto célébrant la fertilité et le phallus.
Aussi vieille que l’humanité, la sexualité est partout. Relever le défi de s’inscrire, avec piquant et singularité, dans cette omniprésence n’est pas une mince affaire. Pendant ces mois de préparation, il y a eu les moments où tout est devenu phallus ou orifice ; ceux où la légèreté apparente du sujet a paru vaine ou dérisoire, au regard de la violence de l’actualité qui, pendant près de dix jours en janvier, a paralysé toute envie ou énergie ; et d’autres où, à l’inverse, c’est le caractère vital du sujet qui a surgi, enthousiasmé et nourri. Ce Citrus se veut léger et grave, comme la vie, comme le sexe, qui est peut-être l’affaire la plus sérieuse du monde, source de plaisirs infinis mais aussi de douleurs et de dangers. Et si, finalement, comme l’humour, le sexe était, malgré son omniprésence, la chose la plus difficile à partager, la plus clivante culturellement ?
On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde, comme cela nous a été rappelé violemment en janvier… Dans la sexualité, tout est possible, mais tout dépend avec qui, pourvu que cela rime avec plaisir… Parce qu’il y a autant de sexualités que d’individus, autant de façons d’aimer que d’être, le sexe est insondable et la rencontre avec l’autre, quel qu’il soit, quelle qu’elle soit, quels qu’ils soient, gardera toujours sa part de transcendance.