Un volume in 8° broché sous couverture muette, VIII - , 389 pp., (2) ff. pour l'extrait des registres et l'errata insérés entre les pp. 386 et 388. Edition originale rare.
Brochure de papier gris en grande partie absente, coins cornés en début et fin de volume, papier bruni en marge de la page de titre (voir les photo). Néanmoins le papier intérieur est très blanc. Exemplaire non rogné, grandes marges.
Élevé pauvrement ainsi que ses deux frères par une mère veuve de bonne
heure, Parmentier dut interrompre ses études à dix-huit ans pour entrer
en apprentissage chez un apothicaire de Mont Didier puis en 1756 chez un
apothicaire de Paris. Il obtint à 20 ans une place d’aide-pharmacien à
l’armée de Hanovre en opération dans la guerre de Sept Ans. Fait
prisonnier par les troupes de Frédéric II, c’est en captivité qu’il
mangea pour la première fois des pommes de terre, nourriture de base des
Prussiens, comme d’ailleurs de la moitié des peuples de l’Europe. Par
expérience personnelle donc, il s’assura que cet aliment était bon et
sain, qu’il n’était ni fade ni insipide, qu’il ne donnait ni la lèpre ni
les fièvres, préjugés que partageait la majorité des Français à
l’exception des paysans des provinces voisines de la Suisse, de
l’Allemagne ou des Flandres qui en usaient depuis le xviiè siècle. Mais
dans les autres provinces et à Paris, le peuple n’en voulait pas, les
estimant tout juste bonnes à en tirer de la poudre à poudrer les
perruques. Rentré en France à la signature de la paix en 1763, Parmentier
obtint en 1766 le poste d’apothicaire-adjoint aux Invalides ; six ans
après, il était nommé pharmacien en chef de cet établissement. La disette
et sa suivante la famine frappèrent une fois encore la France en 1770.
Ces fléaux incitèrent l’Académie de Besançon l’année suivante à mettre
au concours la question : « Indiquer les végétaux qui pourraient
suppléer en temps de disette à ceux que l’on emploie communément à la
nourriture des hommes et quelle en devrait être la préparation ? ». Des
sept mémoires reçus par l’Académie, ce fut celui de Parmentier qui
remporta les suffrages. Désormais, le «pharmacien humanitaire», comme
on l’a surnommé, sera au premier rang des avocats de la pomme de terre.
Celle-ci a certes de nombreux défenseurs, mais il est le mieux placé
auprès des conseillers du roi et de Louis XVI lui-même pour faire
progresser sa culture et sa consommation. Parmentier est avant tout un
homme de terrain. C’est un pragmatique qui, avant que Claude Bernard ne
les définisse, applique les principes de la recherche scientifique, ne
basant ses opinions que sur l’expérience. C’est aussi un précurseur de la
publicité. Ainsi engage-t-il le roi et la reine à mettre à leur
boutonnière des fleurs de pommes de terre pour prouver l’intérêt que
Leurs Majestés portent à cet aliment. Il obtient du souverain un terrain
stérile, la plaine de Grenelle dite des Sablons, pour faire la
démonstration des facilités qu’offre sa culture. Mieux même, il laisse
volontairement voler par le peuple les fruits de la récolte. Il organise
autour de Franklin, de Lavoisier et d’autres savants un repas tout en
pommes de terre. Tous les apprêts, jusqu’aux liqueurs, consistaient dans
la pomme de terre déguisée sous vingt formes différentes, et où il
avait réuni de nombreux convives : leur appétit ne fut point en défaut,
et les louanges qu’ils donnèrent à l’amphitryon tournèrent à l’avantage
de la merveilleuse racine. Grâce aux efforts et à la persévérance de
Parmentier, la pomme de terre prit enfin le rang qui lui appartenait
parmi nos richesses agricoles. (En français dans le texte. Dix siècles de
lumières par le livre, pp. 182-183)
St.C19 agronomie