Anna de NOAILLES – Poème signé avec corrections autographes – « Pauvre âme, tu gémis… » 1917

Version originale dactylographiée du Poème "Pauvre âme, tu gémis..." extrait du recueil "Les Forces éternelles" (mai 1917), corrigée et signée par la Comtesse de Noailles. Fentes à pliure centrale haut et latérale gauche.

« Les Forces éternelles », recueil de poèmes d'Anna de Noailles, sont autant d'hommages à cette jeunesse marquée par le sacrifice et l'horreur de la 1ere guerre mondiale et témoignent de la snsibilité de la poétesse au carnage qui meurtrit l’Europe. Ces poèmes qui racontent la douleur et en transcrivent ses nuances, sont de pleine actualité. Beau document de la Comtesse.

"[ajout de sa main : Pauvre âme, tu gémis…]

Pauvre âme, tu gémis ! Oui, la guerre interpose

Entre la nue et toi ses sanglantes cloisons.

La bonté, dans les cieux, fait une immense [ajout de sa main : pause] ;

Le monde est obscurci d’une épaisse saison.

Et pourtant, à travers l’humaine déraison,

L’Amour, épars et sûr, respire en toutes choses !

Où veux-tu qu’il ait fui, lui, l’être universel,

Lui, saturation et principe des mondes,

Lui, joint à tout humain comme la mer au sel,

Agitateur divin qui transforme et qui fonde,

[ajout de sa main : Et qui, de corps en corps, fait le souffle éternel ?]

Attends ! Quelle que soit l’inique destinée

Qui, de ces beaux vivant[s], fit des milliers de morts,

L’éther débordera de claires matinées,

Les fleurs se dissoudront en odorants transports :

L’amour, c’est l’infini, l’air, l’espace, le temps ;

Songe à cela, pauvre âme, espère, endure, attends…"

Envoi par courrier recommandé