José Vianna da Motta (1868-1948)


Longue lettre autographe signée, datée du 21 août 1927, adressée au grand pianiste Alfred Cortot (1877-1962).


« Colares 21 août 1927


Cher ami,

Cette fois les Préludes sont arrivés et je vous en remercie beaucoup ainsi que vos éditeurs.

C’est de nouveau un travail admirable que vous avez fait, de compréhension pénétrante, subtile, pour ainsi dire amoureuse de l’œuvre, et pour l’expression de laquelle vous disposez d’une imagination et d’un vocabulaire remarquable. Excellents comme toujours les conseils techniques.

Je me permets de vous présenter quelques doutes… »


Il s’en suit une longue critique de l’« Édition de travail » des Préludes pour piano de Chopin que Cortot venait de publier aux Éditions Salabert. Chaque page des œuvres de Chopin est alors passée au crible du grand pianiste portugais. Cortot annote chaque occurence : « Vérité : 2 croches » ; « Non. Je ne sais pas » ; « non » ; « Oui, si l’on veut » ; « Inutile en effet » ;  « Non, garder la Liaison. Notes répétées » ; « C’est en effet analogue à la formule précédente. Mais je vois un besoin de variété » ; « Oui erreur. Corriger » ; « Corriger aux planches également » ; « Non, pour le forte ».


Cette missive, entre autre, donnera l’occasion à Cortot de publier une seconde édition des Préludes en 1930. Elle est à relire à l’aune des enregistrements de l’œuvre par Cortot en 1926 puis en 1933.


Vianna da Motta conclu ainsi sa missive: « Je vous écrirai au sujet de Duarto Lobo. Encore merci et croyez en mon admiration et amitié. J. Vianna da Motta. » Il s’agit du compositeur portugais (1565-1646).


Passionnante étude de cette édition de Chopin par le grand humaniste qu’était le directeur du conservatoire de Lisboa et de l’orchestre de la ville. Ce grand pianiste virtuose, également excellent compositeur, avait été l’un des derniers élèves de Liszt !


Très beau papier vergé, au large filigrane à l’étoile AEROPLANE.


Texte d’une qualité exceptionnelle. Cette lettre admirable est une grande leçon de musicologie autour des fameux Préludes de Chopin, revus par le génial Cortot.