Lettre autographe signée de Rebatet, accompagnée d’un tapuscrit signé et corrigé de sa main. Il fait parvenir à son confrère Michel de Saint-Pierre le texte d’un article consacré au roman.

Lettre : « […] Vous trouverez ci-joint mes lignes. Mais je ne vous cache pas que vous m’émerveillerez, que vous réaliserez un tour de force herculéen si vous parvenez à faire accepter ma signature au Figaro. Vous ne devez pas ignorer que je suis sur la liste noire de M. [Pierre] Brisson. Dans le cas tout différent d’une publication à la Table Ronde, volontiers je préciserais et développerais un peu mon texte, si toutefois cela cadrait avec vos intentions. A mon sens le sujet est vaste ! Je me suis beaucoup comprimé pour ne pas déborder le cadre d’un journal […] ».

Article tapuscrit corrigé : « […] on ne peut pas reprocher aux romanciers français d’avoir boudé leur époque, jusqu’à ces derniers temps. Prisons, résistances, travail obligatoire ou occupation en Allemagne […]. Quel est le grand chapitre de l’histoire récente dont ils n’ont pas tenté la transposition ? […]. Le grand roman politique des vingt-cinq dernières années n’a toujours pas été écrit, sans doute parce qu’il est encore trop tôt, que les évènements restent trop mouvants. Il semble bien aussi que le roman soit parvenu à un point de son évolution qui le dispose peu à une pareille tâche […] ». Rebatet égratigne au passage Nathalie Sarraute et son ouvrage L’Ère du Soupçon, qu’il juge avoir « beaucoup de puérilité sentencieuse », évoque le roman au XIXe siècle, le roman expérimental, érige Dostoïevski et ses Possédés au rang de plus grand roman politique des temps contemporains.