CATALOGUE DES BARQUES
QUI NAVIGENT SUR LE CANAL DE COMMUNICATION
DES MERS EN LANGUEDOC

Toulouse, chez Joseph Dalles, imprimeur-libraire, 1765 ; fascicule in-folio (42,5 x 27,5 cm) de 36 pages soit 9 feuilles in-plano pliées, non cousues, sans couverture, non paginées, le titre ornant la première. Le contenu se présente sans préface sous la forme de tableaux-registres partiellement imprimés, au nombre de 16, chacun établi sur 2 pages en vis-à vis.

Les feuillets sont par endroits brunis, salis ou mouchetés, certains avec des zones claires circulaires inexpliquées ; tous sont plus ou moins endommagés par des atteintes animales surtout près des bords ou au pli central, lesquelles ont causé des pertes partielles ou totales à quelques mots imprimés ou manuscrits. Une autre cause de dommages tient, pour certains mots manuscrits, à une encre corrosive qui a fini par les découper selon leur tracé (très finement, ce qui permet parfois de les « lire » par déduction). Nous avons aussi pu déduire ailleurs quelques syllabes perdues (ces restitutions, certaines ou hypothétiques, seront communiquées à l'acheteur).

Édition (ou plutôt impression administrative) originale et très probablement unique, hors commerce.

Il s'agit d'un registre de recensement, classé par ordre alphabétique des noms de baptême des barques. Viennent ensuite, dans chaque cas, le nom du premier patron puis son lieu d'établissement. Ce relevé des navires marchands usagers du Canal est imprimé sur les trois premières colonnes de la page de gauche, suivies de plusieurs colonnes vides destinées aux mises à jour manuscrites, courant ensuite sur la belle page : d'abord celles des nouveaux patrons et de leurs lieux d'établissement (paire de colonnes doublée en prévision d'un second changement) ; une dernière paire pour la sonde des barques (enfoncement et poids, demeurées vierges ici) ; enfin une colonne plus large pour les observations (idem).

Notre exemplaire a connu une période d'exercice puisqu'il est enrichi de quelques mises à jour (nouvelles barques et nouveaux patrons). Il contient environ 200 inscriptions typographiées de barques, plus une quinzaine ajoutées à la plume (dont 5 malheureusement perdues). On compte 24 cas où seul le nom de la barque est imprimé (le nom du patron est ajouté à la plume pour seulement 5 d'entre elles, indice d'une probable difficulté à réunir les données). On sait que treize ans plus tard, en 1778, les barques seront environ 250, et vers la fin du siècle 300.
C’est justement en cette année 1765, en raison de difficultés financières, que la famille Riquet a laissé l’exclusivité du transport des marchandises à une corporation d’artisans bateliers, se réservant le transport de passagers, de gestion bien plus légère. Mais elle n’en fait pas moins « une surveillance discrète de cette population batelière : des registres tenus aux écluses portent le nom des barques et de leurs propriétaires mais aussi des appréciations sur les patrons » (cf. Pierre PELTIER, La Vie des transports : La Navigation intérieure, Revue des Deux Mondes, Mai 1952, pp. 146-165). Le présent document pourrait bien être l'un de ces registres, aux début de son usage.

Joseph Dalles avait alors déjà imprimé quelques placards, certains concernant des nuisances et infractions constatées le long du Canal, et précisément une ordonnance paraissant précéder de peu notre document, voire faire partie du même plan d’action : « Ordonnance de Monsieur le Juge Châtelain du Canal de communication des deux Mers (…) qui ordonne de plus fort l'exécution des Ordonnances des 19 Janvier 1764 & 2 Janvier 1765 ; (…) toutes les barques naviguant sur le Canal tout le mois de Juillet seront finies de marquer par tous sous peine de cinquante livres d'amende ». Rien n’y indique l’instance qui commanda ce registre : la famille Riquet donc, la Châtellenie du Canal ? La question du tirage se pose : à combien d’agents était-il destiné ? Un tel cahier relève d’un louable souci politique, en réaction à des excès (historiquement documentés), et sur plaintes des marchands. Outre les abus de certains seigneurs (péages et octrois), on connaît ceux des maîtrises de bateliers (syndics professionnels), constituant alors un pouvoir parallèle assez opaque, appliquant l’omerta, qui exploitait les marchands et entravait la libre concurrence – faisant ainsi obstacle au développement du commerce, en le ralentissant de surcroît. Les prohibitions successives de ces pratiques n’avaient ni réussi ni duré. Un tel registre nécessitait d'assidues mises à jour manuscrites, sur tous les exemplaires, et sur une grande distance. Même en admettant que tous les éclusiers (une soixantaine) en aient été chargés, plus quelques agents de niveau supérieur, le nombre d’opérateurs habilités ne pouvait être qu'assez restreint, sous peine d'inefficacité. On peut en conclure à un tirage très confidentiel, confirmé par la rareté manifeste de l'objet.

De fait ce catalogue des barques est inconnu en bibliothèques publiques en France et ailleurs. La seule référence explicitement documentée est dans Claudine ADAM, Catalogue de la production imprimée à Toulouse au XVIIIe siècle (1739-1788). Jean Pierre PINIÈS, dans son étude Le Canal du Midi, approche bibliographique, n'en fait pas état, bien qu'il cite d'autres publications de l'imprimeur Dalles.

On y trouve donc des traces d'un grand intérêt sur la vie économique et sociale des régions traversés par le Canal, et sans doute de quoi compléter quelques histoires familiales liées à cette navigation. Les communes enregistrées (pour la plupart plusieurs fois) sont : Agde, Beaucaire, Béziers, Bouzigues, Cette (Sète), Chaury, Frontignan, Fresquel, Lunel, Marseillan, Mèze, Narbonne, Toulouse, Ventenac. Les barques portent souvent de beaux noms tels que l'Abeille, l'Amitié, l'Ambitieuse, la Cibelle, la Fraize, la Framboise, la Fréluche, l'Hermine, l'Inaction, l'Héroyne, la Hautesse, la Guitarre, la Galante, la Guinée, la Remuante, la Sarcelle, la Souris, la Tentative, la Violente.

Par précaution nous avons, après nettoyage, dû placer immédiatement chacun des feuillets sous une protection plastique transparente, ne serait-ce que pour les étudier nous-mêmes sans les fragiliser. Nos photographies peuvent donc présenter des reflets. Vendu en l'état.

Modifié : erreur typographique sans incidence





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