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277-tir61

Médaille en bronze , France, des ateliers de la Monnaie de Paris .
Frappée en 1971 .
Bel exemplaire, patine ancienne .

Graveur : Raymond JOLY (XX) .

Dimension : 81 mm .
Poids : 234 g .
Métal : bronze.

Poinçon sur la tranche (mark on the edge)  : corne d'abondance + bronze + 1971 .

Envoi rapide et soigné.

Le support n'est pas à vendre .
The stand is not for sale.

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François Rabelais (également connu sous le pseudonyme de Alcofribas Nasier, anagramme de François Rabelais, ou bien encore sous celui de Séraphin Calobarsy) est un écrivain français humaniste de la Renaissance, né à la Devinière à Seuilly, près de Chinon (dans l’ancienne province de Touraine).

Ecclésiastique et anticlérical, chrétien et considéré par certains comme libre penseur, médecin et ayant l'image d'un bon vivant, les multiples facettes de sa personnalité semblent parfois contradictoires. Pris dans la tourmente religieuse et politique de la Réforme, Rabelais se montre à la fois sensible et critique vis-à-vis des grandes questions de son temps. Par la suite, les regards portés sur sa vie et son œuvre ont évolué selon les époques et les courants de pensée.

Admirateur d'Érasme, maniant la parodie et la satire, Rabelais lutte en faveur de la tolérance, de la paix, d'une foi évangélique et du retour au savoir de l'Antiquité gréco-romaine, par-delà ces « ténèbres gothiques » qui caractérisent selon lui le Moyen Âge, reprenant les thèses de Platon pour contrer les dérives de l'aristotélisme. Il s'en prend aux abus des princes et des hommes d'Église, et leur oppose d'une part la pensée humaniste évangélique, d'autre part la culture populaire, paillarde, « rigolarde », marquée par le goût du vin et des jeux, manifestant ainsi une foi chrétienne humble et ouverte, loin de toute pesanteur ecclésiastique.

Son réquisitoire à l'encontre des théologiens de la Sorbonne et ses expressions crues, parfois obscènes, lui attirent les foudres de la censure des autorités religieuses, surtout à partir de la publication du Tiers Livre. Il partage avec le protestantisme la critique de la scolastique et du monachisme, mais le réformateur religieux Jean Calvin s'en prend également à lui en 1550.

Ses œuvres majeures, comme Pantagruel (1532) et Gargantua (1534), qui tiennent à la fois de la chronique, du conte avec leurs personnages de géants, de la parodie héroï-comique, de l'épopée et du roman de chevalerie, mais qui préfigurent aussi le roman réaliste, satirique et philosophique, sont considérées comme une des premières formes du roman moderne.
De la campagne tourangelle à la vie monastique
Estampe représentant La Devinière, lieu d'enfance de l'écrivain.
La Devinière, lieu d'enfance de l'écrivain.

Selon une tradition qui remonte à Roger de Gaignières (1642-1715), le fils du sénéchal et avocat Antoine Rabelais naît au domaine de la Devinière à Seuilly, près de Chinon en Touraine4. Aucune preuve n'indique avec certitude les dates de naissance et de mort de Rabelais. En 1905, Abel Lefranc postule l'année 1494 en s'appuyant sur le fait que Gargantua voit le jour un mardi gras ayant lieu aux alentours du 3 février5. Une lettre adressée à Guillaume Budé va également dans ce sens car Rabelais s'y nomme adulescens, terme latin s'appliquant au jeune homme de moins de trente ans, mais il s'agit peut-être d'une simple marque de modestieN 2,6. Les chercheurs s'accordent davantage sur 1483, en raison d'une copie de son épitaphe indiquant sa mort le 9 avril 1553 à l'âge de 70 ans7. Jean Dupèbe a néanmoins découvert une pièce notariale portant sur la succession de Rabelais en date du 14 mars 15538. Selon une troisième hypothèse avancée par Claude Bougreau, il serait né le 5 mai 1489, ainsi qu'il le déduit d'une étude du chapitre 40 du Tiers-Livre9.

Son enfance se déroule probablement de manière similaire aux bourgeois aisés de son temps, bénéficiant de l'enseignement médiéval : le trivium (grammaire, rhétorique, dialectique) et le quadrivium (arithmétique, géométrie, musique, astronomie)10. Selon un témoignage rédigé au XVIIe siècle par Bruneau de Tartifume, Rabelais commence sa vie de cordelier au couvent de la Baumette avant de rejoindre celui du Puy Saint-Martin à Fontenay-le-Comte. Il se lie alors avec Pierre Lamy, franciscain comme lui, et correspond avec Guillaume Budé. En 1523, ils voient tous deux leurs livres de grec confisqués, la connaissance de cette langue étant alors jugée dangereuse par la Sorbonne comme incitant à la libre interprétation du Nouveau Testament11. En obtenant un indult du pape Clément VII, ils réussissent à obtenir la permission d'intégrer l'ordre des bénédictins, moins fermé à la culture profane. À l'abbaye Saint-Pierre-de-Maillezais, il y rencontre l'évêque Geoffroy d'Estissac, prélat lettré nommé par François Ier. Ce dernier prend Rabelais comme secrétaire et le place sous sa protection12. Quittant son habit de moine sans en demander officiellement l'autorisation, ce qui constitue alors un crime d'apostasie, Rabelais entreprend probablement un séjour à Paris entre 1528 et 1530, en commençant des études de médecine. Il entretient également une liaison amoureuse avec une veuve et devient père de deux enfants, légitimés en 154013.
Médaille commémorative à l'effigie de Rabelais, conservée au Musée des Hospices civils de Lyon.
Médaille commémorative à l'effigie de Rabelais - revers avec représentation du Pont du Rhône, conservée au Musée des Hospices civils de Lyon
Vocation de médecin et premières œuvres littéraires
Portrait du cardinal Jean du Bellay
Les trois voyages de Rabelais à Rome sont placés sous la protection de Jean du Bellay.

Rabelais consacre l'essentiel de sa carrière à la médecine, y développant son érudition sans apporter d'innovations majeures14.

Le 17 septembre 1530, Rabelais s'inscrit à la Faculté de médecine de Montpellier, où il est reçu bachelier six semaines après. Le baccalauréat, correspondant alors au premier grade universitaire, suppose généralement plusieurs années de formation. Son obtention rapide s'explique par des connaissances livresques ou par d'hypothétiques études parisiennes antérieures15. L'université jouit alors d'une excellente réputation parce qu'on y valorise l'expérience et, plus globalement, s'y joue le renouvellement de la discipline. Au printemps 1531, il consacre un enseignement aux commentaires des textes grecs des Aphorismes d'Hippocrate et de l'Ars parva de Galien. L'originalité de Rabelais ne tient pas dans le choix de ces auteurs, qui font autorité, mais dans la préférence qu'il accorde aux manuscrits grecs plutôt qu'à la vulgate latine découlant de traductions arabes16. Il s'intéresse également à la botanique médicale, qu'il étudie avec Guillaume Pellicier, ou encore à l'anatomie, assistant au moins à une dissection organisée par Rondelet le 18 octobre 153017.

Au printemps 1532, Rabelais s'installe à Lyon (qu'il surnomme « Myrelingue la brumeuse »), grand centre culturel où fleurit le commerce de la librairie. Le 1er novembre, il est nommé médecin de l'Hôtel-Dieu de Notre-Dame de la Pitié du Pont-du-Rhône, où il exerce par intermittence. D'après le témoignage de ses amis, il acquiert une solide notoriété dans son domaine, comme l'atteste l'ode élogieuse de Macrin18. Il figurera d'ailleurs en 1556 dans un répertoire de médecins illustres publié à Francfort-sur-l'Oder19. Ces années lyonnaises s'avèrent fécondes sur le plan littéraire. Il publie chez l'imprimeur Sébastien Gryphe un choix des œuvres médicales précédemment annotées à Montpellier, édite les Lettres médicinales de ManaDans son œuvre de fiction, Rabelais prodigue une créativité verbale foisonnante, dont une part de l'originalité tient à l'effervescence linguistique de la Renaissance, soucieuse de renouveler et de réhabiliter les langues vernaculaires. Son écriture littéraire suit l'évolution des réflexions orthographiques et grammaticales de son temps, conjointe à l'invention d'une langue artificielle. Ainsi, elle se singularise par de fréquents renvois du participe passé en fin de propositions, l'antéposition des compléments circonstanciels aux verbes, eux-mêmes séparés du pronom sujet130. D'une exceptionnelle richesse, le lexique rabelaisien puise dans les langues anciennes, médiévales et modernes, les dialectes provinciaux et de multiples jargons professionnels. Plusieurs centaines de mots, expressions ou acceptions sémantiques apparaissent dans la langue française, tels que « corne d'abondance », « clocher devant les boiteux » ou « l'appétit vient en mangeant »131. Dans une époque où la création linguistique est en pleine effervescence, l'orthographe rabelaisienne se montre soucieuse de garder une trace de l'origine des mots132, marquant les corruptions phonétiques par ses choix typographiques133. Ce procédé rappelle celui d'Érasme, qui cherche des traces des prononciations antiques dans le parler de son époque134. L'emploi d'une langue verte qui rappelle la scurrilité des prêcheurs franciscains se comprend aussi bien comme un jeu que relevant de l'ironie déguisée. De toute manière, cette rhétorique de l'amplification traduit un rapport jubilatoire au langage qui transparaît jusque dans les effets sonores, de la cacophonie à la paronomase en série135.

L'évolution de la langue française a conduit les éditeurs à proposer des versions modernisées de l'œuvre de Rabelais. Dans un article paru le 1er mars 1905 dans le Mercure de France, intitulé « Le Rabelais en français moderne », Alfred Jarry se montre sévèrement critique devant une telle entreprise : « Tout au moins exigerait-on de son auteur quelque connaissance rudimentaire de la langue du XVIe siècle, et des mots de province chers à Rabelais136 ». Jarry invite le lecteur à comparer le texte original, qu'il commente brièvement, et le texte modernisé :

    « Et la groisse cogneue, poussent hardiment oultre (en avant) »

— Gargantua, ch.III.
           

    « Leur grossesse connue, elles pourront porter hardiment leur outre. »

— édition de la Librairie universelle, 1905136.

    « Si le diavol (diabolum, sans diminutif) ne veult qu'elles engroissent,
    il faudra tortre le douzil (fermer le robinet),
    et bouche clouze (et n'en parlons plus). »

— Gargantua, ch.III.
           

    « Si le petit diable ne veut pas qu'elles engrossent,
    il faudra nous tordre le douzil
    et leur clore la bouche. »

— édition de la Librairie universelle, 1905136.

    « […] cognoissoit mouches en laict (distinguait noir sur blanc). »

— Gargantua, ch.XI.
           

    « […] connaissait des mouches nourrices. »

— édition de la Librairie universelle, 1905137.
Postérité
Réception

L’œuvre de Rabelais bénéficie d'un grand succès de sa création jusqu'à nos jours, malgré un ralentissement à l'époque classique. En 1533-1534, Pantagruel se trouve déjà publié au moins cinq fois. Il en va de même pour le Tiers Livre et le Quart Livre cinq ou six ans après leur parution. Ainsi, dès le XVIe siècle, des milliers d'exemplaires des écrits rabelaisiens sont en circulation138. Le succès de la geste rabelaisienne se vérifie par des traductions parfois peu scrupuleuses. Ainsi Johann Fischart, l'un des premiers grands écrivains de langue allemande, proposa une version trois fois plus longue de Gargantua, intitulée Geschichtsklitterung139.
XVIe siècle : facétie ou hérésie ?

De son vivant, l'auteur connaît l'estime de ses pairs comme le rejet de ses adversaires tandis que l'image d'un écrivain bouffon s'installe peu à peu. L'épitaphe de Ronsard140 comme le poème de Jacques-Auguste de Thou141 le présentent comme un ivrogne, celles de Jean-Antoine de Baïf142 et de Jacques Tahureau comme un maître du rire143. L'éditeur anonyme du Cinquième Livre, par le fait qu'il publie à titre posthume, ainsi que par l'exergue liminaire du roman, atteste d'un prestige encore vivantC 7. Montaigne, qui mentionne ses livres parmi ceux utiles à son délassement sans étendre particulièrement son propos, témoigne de la diffusion du Rabelais légendaire, égrillard et frivole144,C 8.

Rabelais subit plusieurs attaques violentes pour ses convictions religieuses. Dans son AlcoraniN 15 de 1543, Guillaume Postel, qui le mentionne quelques années au