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tir 39_263


Médaille en bronze de la Monnaie de Paris (Poinçon corne d'abondance à partir de 1880) .
Médaille frappée en 1980 .
Quelques traces de manipulations minimes, petits défauts de patine .

Graveur / artiste : Loekie Metz .

Dimension : 70 mm .
Poids : 229 g .
Métal :  bronze  .


Poinçon sur la tranche (mark on the edge)  : corne d'abondance + bronze + 1980 .


Envoi rapide et soigné .

Le support n'est pas à vendre .
The stand is not for sale.

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Amedeo Clemente Modigliani (/a.meˈdɛ.o kle.ˈmɛn.te mo.diʎ.ˈʎa.ni/a), né le 12 juillet 1884 à Livourne (Italie) et mort le 24 janvier 1920 à Paris, est un peintre et sculpteur italien rattaché à l'École de Paris.

De santé fragile, Amedeo Modigliani grandit dans une famille juive bourgeoise mais désargentée qui, du côté maternel en tout cas, soutient sa précoce vocation d'artiste. Ses années de formation le conduisent de la Toscane à Venise en passant par le Mezzogiorno, avant de le fixer en 1906 à Paris, alors capitale européenne des avant-gardes artistiques. Entre Montmartre et Montparnasse, très lié à Maurice Utrillo, Max Jacob, Manuel Ortiz de Zárate, Jacques Lipchitz, Moïse Kisling ou Chaïm Soutine, « Modi » devient une des figures de la bohème. Passé vers 1909 à la sculpture — son idéal —, il l'abandonne vers 1914 du fait notamment de ses problèmes pulmonaires : il se remet exclusivement à peindre, produit beaucoup, vend peu, et meurt à 35 ans d'une tuberculose contractée dans sa jeunesse.

Il incarne dès lors l'artiste maudit qui s'est abîmé dans l'alcool, la drogue et les liaisons orageuses pour noyer son mal-être et son infortune. S'ils ne sont pas sans fondement, ces clichés — renforcés par le suicide de sa compagne Jeanne Hébuterne (1898-1920), enceinte, au lendemain de sa mort — se substituent longtemps à une réalité biographique difficile à établir ainsi qu'à une étude objective de l'œuvre. Jeanne Modigliani (1918-1984), fille du couple, est dans les années 1950 l'une des premières à montrer que la création de son père n'a pas été marquée par sa vie tragique et a même évolué à rebours, vers une forme de sérénité.

Modigliani laisse quelque 25 sculptures en pierre, essentiellement des têtes de femme, exécutées en taille directe peut-être au contact de Constantin Brâncuși et évoquant les arts premiers que l'Occident découvrait alors. Un aspect stylisé sculptural se retrouve justement dans ses toiles, infiniment plus nombreuses (environ 400) bien qu'il en ait détruit beaucoup et que leur authentification soit parfois délicate. Il s'est essentiellement limité à deux genres majeurs de la peinture figurative : le nu féminin et surtout le portrait.

Marqué par la Renaissance italienne et le classicisme, Modigliani n'en puise pas moins dans les courants issus du postimpressionnisme (fauvisme, cubisme, début de l'art abstrait) des moyens formels pour concilier tradition et modernité, poursuivant dans une indépendance foncière sa quête d'harmonie intemporelle. Son travail continu d'épuration des lignes, des volumes et des couleurs a rendu reconnaissables entre tous son trait ample et sûr, tout en courbes, ses dessins de cariatides, ses nus sensuels aux tons chauds, ses portraits frontaux aux formes étirées jusqu'à la déformation et au regard souvent absent, comme tourné vers l'intérieur.

Centrée sur la représentation de la figure humaine, son esthétique d'un lyrisme contenu a fait de Modigliani, post mortem, l'un des peintres du XXe siècle les plus appréciés du public. Considérant qu'elle ne marquait pas l'histoire de l'art de façon décisive, la critique et le monde académique ont davantage tardé à reconnaître en lui un artiste de premier plan.
Biographie
Photo noir et blanc et de côté d'une façade de maison en pierre avec porte arrondie et jalousies aux fenêtres
Maison natale de Modigliani (cliché de 1903)N 1.

Amedeo Modigliani, qui se confiait peu, a laissé des lettres mais aucun journal1. Celui de sa mère et la notice biographique qu'elle a rédigée en 1924A 1 constituent des sources partielles. Quant aux souvenirs des amis et relations, ils ont pu être altérés par l'oubli, la nostalgie de leur jeunesseM 1 ou leur vision de l'artiste : la monographie d'André Salmon en 1926 en particulier est à l'origine de « toute la mythologie ModiglianiM 2 ». Peu attirée par l'œuvre de son père en tant qu'historienne d'art, Jeanne Modigliani s'est efforcée de retracer son parcours réel « sans la légende et au-delà des déformations familialesM 3 » dues à une sorte de dévotion condescendante pour le disparub,M 4. La biographie dont elle livre une première version en 1958 contribue à réorienter les recherches sur l'homme, sa vie et sa création2,3.
Jeunesse et formation (1884-1905)

Amedeo Clemente naît en 1884 dans le petit hôtel particulier de la famille Modigliani, via Roma 38, au cœur de la cité portuaire de LivourneP 1. Après Giuseppe Emanuele, Margherita et Umbertoc, il est le dernier enfant de Flaminio Modigliani (1840-1928), homme d'affaires en butte à des revers de fortune, et d'Eugénie née Garsin (1855-1927), tous deux issus de la bourgeoisie sépharadeP 2. Amedeo est un enfant de santé fragile, mais son intelligence sensible et son inappétence scolaire persuadent sa mère de l'accompagner dès l'adolescence dans une vocation artistiqueN 1 qui va vite lui faire quitter l'horizon étroit de sa ville nataleN 2.
Deux familles que tout oppose
Photo sepia d'un homme assez corpulent en costume trois pièces et d'une femm
Peut-être un artiste ? »
Photo noir et blanc d'une dizaine de garçons assis sur trois rangs
1895, lycée Guerazzi de Livourne : Amedeo est assis au 1er rang, au centreN 6.

Très proche de sa mère, « Dedo » connaît une enfance choyée et, nonobstant les difficultés matérielles, son désir de devenir artiste ne suscite aucun conflitK 1, contrairement à ce que pensait André SalmonM 11.

Eugénie Garsin s'installe avec ses enfants dans une maison de la via delle VilleN 6 par prudence mise à son nomP 7, et s'éloigne de sa belle-famille comme de son mariN 7 parti se refaire en SardaigneM 12. Elle accueille bientôt son père veuf — fin lettré aigri jusqu'à la paranoïa par ses déboires commerciaux mais adorant son petit-filsM 10 — et deux de ses sœurs : Gabriella, qui vaque au ménageM 13, et Laura, psychiquement fragileM 11,d. Pour compléter ses revenus Eugénie donne des leçons de français puis ouvre avec Laura une petite école privéeP 7, où Amedeo apprend très tôt à lire et à écrireN 6. Soutenue par ses amis intellectuelsM 14, cette maîtresse femme stoïqueM 8 et qui aime écrire se lance en outre dans la traduction (poèmes de Gabriele D'Annunzio) et la critique littéraireM 12,K 1.

La légende veut que la vocation de Modigliani se soit subitement déclarée en août 1898, lors d'une sérieuse fièvre typhoïde avec complications pulmonaires : l'adolescent n'ayant jamais touché un crayon aurait alors rêvé d'art et de chefs-d'œuvre inconnusK 1, le délire fébrile libérant ses aspirations inconscientes. Il est plus probable qu'il les ait simplement réaffirmées, car il avait déjà manifesté son goût pour la peintureN 8. En 1895, où il avait souffert d'une grave pleurésie, Eugénie qui le trouvait un peu capricieux — entre réserve timide et bouffées d'exaltation ou de colèreM 15 — s'était demandé si un artiste ne sortirait pas un jour de cette chrysalideM 16,N 6. L'année suivante il réclamait des cours de dessinM 17 et vers treize ans, en vacances chez son père, réalisait quelques portraitsP 8.

Initié depuis longtemps à l'hébreu et au TalmudN 6, Amedeo se réjouit de faire sa Bar-mitzvahM 16 mais ne se montre en classe ni brillant ni studieuxP 9 : non sans inquiétude sa mère le laisse à quatorze ans quitter le lycée pour l'académie des Beaux-ArtsN 9 — achevant par là de se brouiller avec les Modigliani, qui réprouvent ses activités comme son soutien à son aîné, militant socialiste en prisonM 12.
De Livourne au Mezzogiorno

Après deux années d'études à Livourne, Modigliani effectue pour sa santé et sa culture artistique un voyage d'un an dans le sudA 2.
Tableau montrant des navires à voile et un coin de quai
G. Micheli, Dans le port de Livourne, huile sur toile, 1895N 10.

Aux Beaux-Arts de Livourne, Amedeo est le plus jeune élève de Guglielmo MicheliK 1, peintre de paysageM 18 formé par Giovanni Fattori à l'école des MacchiaioliN 10 : se référant à Corot ou Courbet, ceux-ci ont rompu avec l'académisme pour se rapprocher du réel et prônent la peinture sur le motif, la couleur plutôt que le dessinN 11, les contrastes, une touche légèreK 2. L'adolescent rencontre entre autres Renato Natali, Gino Romiti, qui l'éveille à l'art du nu, et Oscar Ghiglia, son meilleur ami malgré leur écart d'âge. Il découvre les grands courants artistiques, avec une prédilection pour l'art toscan et la peinture italienne gothique ou RenaissanceN 9 ainsi que pour le préraphaélisme. Il cherche plus volontiers son inspiration dans les quartiers populaires qu'à la campagne, et loue avec deux camarades un atelier où il n'est pas exclu qu'il ait contracté le bacille de KochP 10. Ces deux années chez Micheli pèseront peu dans son parcours4 mais Eugénie note la qualité de ses dessinsM 11, seuls vestiges de cette époqueN 7.
Panneau sculpté en bas et haut-relief représentant deux arbres et quatre hommes dont un agenouillé
Camaino, Monument funéraire de Cassone della Torre (détail), 1318, Basilique Santa Croce de Florence.

Amedeo est un garçon courtois, timide mais déjà dans la séductionM 19. Nourri chez sa mère de discussions ardentes5, il lit au hasard les classiques italiens et européens. Autant que pour Dante ou Baudelaire il s'enthousiasme pour Nietzsche et D'AnnunzioM 19, la mythologie du « Surhomme » rencontrant sans doute ses fantasmes personnelsR 1 — Micheli le surnomme d'ailleurs gentiment ainsi4. De ces lectures provient le répertoire de vers et de citations qui lui vaudra à Paris sa réputation, peut-être un peu surfaiteM 14, de grande éruditionA 3. Cet « intellectuel « métaphysico-spirituel » aux tendances mystiquesA 4 » restera en revanche toute sa vie indifférent à la question sociale et politique, voire au monde qui l'entoureA 5.

En septembre 1900, atteint de pleurésie tuberculeusee, il se voit recommander le repos au grand air de la montagneP 10. Requérant l'aide financière de son frère Amedeo Garsin, Eugénie préfère emmener l'artiste en herbe faire son Grand Tour en Italie du SudN 12. Début 1901 il découvre Naples, son musée archéologique, les ruines dConcernant ses multiples conquêtes amoureuses, aucune ne semble avoir duré ni vraiment compté pour lui durant cette période30. Ce sont essentiellement des modèles, ou des jeunes femmes qu'il croise dans la rue et persuade de se laisser peindre, parfois peut-être sans arrière-penséeP 25. Il entretient en revanche une amitié tendre avec la poétesse russe Anna Akhmatova, qu'il rencontre durant le carnaval de 1910 alors qu'elle est en voyage de noces31, et qui revient à Paris entre mai32 et juillet 191133 : on ne sait si leur relation a débordé l'échange de confidences et de lettres34, les discussions sur la poésie35 ou l'art moderne36 et les interminables promenades dans Paris37 qu'elle évoquait plus tard avec émotion31, mais il aurait fait d'elle une quinzaine de dessins, presque tous perdusP 36.
La peinture en question
Portrait peint en buste d'une femme de trois-quarts face dans un chromatisme sombre
La Juive, 1908, huile sur toile, 55 × 46 cm, coll. privée.

Modigliani traverse quelques années de questionnements : même son expérience vénitienne ne l'avait pas préparé au choc du postimpressionnismeM 32.
Portrait peint à mi-corps d'une femme de trois-quarts face avec une longue veste cintrée éclatante sur un fond sombre
Femme à la veste jaune - L'Amazone, 1909, huile sur toile, 92 × 65 cm, coll. privée.

À Montmartre il peint moins qu'il ne dessine13 et tâtonne dans l'imitation de Gauguin, Lautrec, Van Dongen, Picasso ou d'autresM 32. Marqué au Salon d'automne de 1906 par les couleurs pures et les formes simplifiées de GauguinP 37, il l'est plus encore l'année suivante par une rétrospective sur Cézanne38, dont il expérimente les principes7 : La Juive emprunte à CézanneM 38 comme à GauguinK 9 ou au trait « expressionniste39 » de Lautrec. La personnalité artistique de Modigliani était toutefois assez formée pour qu'il n'adhère pas à n'importe quelle révolution en arrivant à Paris : il reproche au cubisme24 un formalisme désincarnéA 14 et refuse de signer le manifeste du futurisme que lui soumet Gino Severini en 191040,N 24.

Indépendamment de ces influences38, Modigliani souhaite concilier tradition et modernité6. Ses liens avec les artistes de l'École de Paris encore naissante — « chacun à la recherche de son propre style41 » — l'encouragent à tester de nouveaux procédés, pour rompre avec l'héritage italien et classique sans pour autant le renierN 25 et élaborer une synthèse singulière5. Il vise le dépouillement, son tracé se clarifie, ses couleurs se renforcent7. Ses portraits manifestent son intérêt pour la personnalité du modèleK 9 : la baronne Marguerite de Hasse de Villars refuse celui qu'il a fait d'elle en amazone, sans doute parce que, privée de sa jaquette rouge et de son cadre cossu, elle y arbore une certaine morgueK 10,N 26.

S'il n'évoque guère son travail22 ni ses conceptions picturales42, il arrive à Modigliani de s'exprimer sur l'art avec un enthousiasme qui fait par exemple l'admirationK 9 de Ludwig Meidner : « Jamais auparavant je n'ai entendu un peintre parler de la beauté avec autant d'ardeurN 21. » Paul Alexandre pousse son protégé à participer aux expositions collectives de la Société des artistes indépendants et à présenter au Salon de 1908P 38 un dessin et cinq toiles7 : son chromatisme et son trait concis, personnels sans innovation radicale, reçoivent un accueil mitigéN 27. Il ne produit qu'entre six et dix-huit tableaux l'année suivante, la peinture étant passée pour lui au second planP 39 ; mais les six qu'il propose au salon en 1910 sont remarqués, Le Violoncelliste notamment, dont Guillaume Apollinaire, Louis Vauxcelles et André SalmonP 40 apprécient le côté cézannienN 26,43.
Deux séjours à Livourne

Modigliani est retourné en 1909 et en 1913 dans son pays et sa ville natals : des incertitudes demeurent sur ce qui s'y est passé.
Photo noir et blanc d'un homme en manches de chemise, postérieur et pied gauche sur une table, foulard au cou, cigarette à la main
À Florence en 1909N 26.

En juin 1909, sa tante Laura Garsin en visite à la Ruche le trouve aussi mal en point que mal logéP 41 : il passe donc l'été chez sa mère, qui le gâte et prend soin de lui tandis que Laura, « écorchée vive, comme luiP 42 », l'associe à ses travaux philosophiquesM 39. Il en va autrement avec les anciens amis. Amedeo les juge encroûtés dans un art de commande trop sage, eux ne comprennent pas ce qu'il leur dit des avant-gardes parisiennesP 43 ni les « déformations » de sa propre peintureM 40 : médisants, envieux peut-être, ils lui battent froid au tout nouveau Caffè Bardi de la place CavourN 2. Seuls lui restent fidèles Ghiglia et Romiti, qui lui prête son atelierP 43. Modigliani réalise plusieurs études et portraits, dont Le Mendiant de Livourne, inspiré à la fois de Cézanne et d'un petit tableau du XVIIe siècle napolitain, et exposé au Salon des indépendants l'année suivanteM 41.

Il est probable que les premiers essais de Modigliani pour sculpter la pierre datent de ce séjour, son frère aîné l'aidant S'il est possible qu'il l'ait déjà croisée fin décembre 1916N 37,62, c'est en février 1917, peut-être lors du carnaval, que Modigliani semble s'être épris de cette élève de l'académie Colarossi âgée de 19 ans, qui s'affirme déjà dans une peinture inspirée du fauvismeM 60. Elle-même s'émerveille de ce que ce peintre de 14 ans son aîné la courtise et s'intéresse à ce qu'elle faitP 72.
Photo noir et blanc d'un homme assis de face en costume trois pièces de velours côtelé, devant une table, quelques toiles au mur
Amedeo dans l'atelier du 8 rue de la Grande-Chaumière.

Ses parents, petits-bourgeois catholiques soutenus par son frère aquarelliste de paysages, s'opposent radicalement62 à cette liaison de leur fille avec un artiste raté, pauvre, étranger et sulfureuxP 73. Elle n'en brave pas moins son pèreN 37 pour suivre Amedeo dans son taudis puis s'installer définitivement avec lui en juillet 1917M 61 : persuadé comme d'autres qu'elle saura arracher son ami à s