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243- tir96Médaille en cuivre, de la Monnaie de Paris ( poinçon corne d'abondance depuis 1880) .Frappée en 1971 .
Quelques traces de manipulations, minimes, patine chocolat .
Refrappe d'un dupondus vers l'an 15 .
Exemplaire justifié 174 / 500 :
Artiste / graveur : d'après l'antique .
Dimensions : 60 mm environ .Poids : 139 g .Métal : cuivre .Poinçon sur la tranche (mark on the edge) : corne d'abondance + cuivre + 1971 + 174 / 500 .
Envoi rapide et soigné.
The stand is not for sale .Le support n'est pas à vendre.
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Tibère (latin : Tiberius Cæsar Divi Augusti Filius Augustus), né à Rome
le 16 novembre 42 av. J.-C. et mort à Misène le 16 mars 37 ap. J.-C.,
est le deuxième empereur romain de 14 à 37. Il appartient à la dynastie
Julio-Claudienne.
C'est un descendant de la gens Claudia et il
porte à la naissance le nom de Tiberius Claudius Nero, comme son père.
Durant sa jeunesse, Tibère se distingue par son talent militaire en
conduisant avec succès de nombreuses campagnes le long de la frontière
septentrionale de l'Empire et en Illyrie, souvent aux côtés de son frère
Drusus I, qui meurt en Germanie.
Après une période d'exil
volontaire dans l'île de Rhodes, il retourne à Rome en 4 ap. J.-C. où il
est adopté par Auguste et devient le dernier des successeurs potentiels
de l'empereur, se nommant dorénavant Tiberius Iulius Cæsar. Il mène
alors d'autres expéditions en Illyrie et en Germanie afin de remédier
aux conséquences de la bataille de Teutobourg.
À la mort de son
père adoptif, le 19 août 14, il obtient le nom de Tiberius Iulius Cæsar
Augustus et il peut lui succéder officiellement dans la fonction de
princeps senatus car il est depuis 12 ans associé au gouvernement de
l'Empire romain, détenant aussi l'imperium proconsulaire et la puissance
tribunitienne, les deux pouvoirs majeurs des empereurs du Principat. Il
met en place d'importantes réformes dans les domaines économiques et
politiques, met un terme à la politique d'expansion militaire, se
limitant à sécuriser les frontières grâce à l'action de son neveu
Germanicus.
Après la mort de ce dernier et de celle de son fils
Drusus II, Tibère favorise l'ascension du préfet du prétoire Séjan. Il
s'éloigne de Rome et se retire sur l'île de Capri. Lorsque le préfet
essaie de s'emparer du pouvoir, Tibère le fait destituer et assassiner.
L'empereur ne retourne plus dans la capitale, où il est haï, jusqu'à sa
mort en 37.
Caligula, fils de Germanicus et d'Agrippine l'Aînée, lui succède.
Tibère
a été durement critiqué par les historiens antiques tels que Tacite et
Suétone, mais sa personnalité a été réévaluée par les historiens
modernes, qui reconnaissent en lui un politicien habile et prudent.
Avant l'accession à l’Empire
Origines de la famille et jeunesse (42-26 av. J.-C.)
Sa naissance et son enfance mouvementée
Tibère
naît à RomeN 1,a 2,1 le 16 novembre 42 av. J.-C.N 2 de l'homonyme
Tiberius Claudius Nero, césarien et préteur la même année, et de Livie,
de près de trente ans plus jeune que son mari. Aussi bien par la branche
paternelle que maternelle, il appartient à la gens Claudia, une vieille
famille patricienne arrivée à Rome lors des premières années de la
période républicaine et qui se distingue au cours des siècles par
l'obtention de nombreux honneurs et de hautes magistraturesa 3. Depuis
l'origine, la gens Claudia se divise en de nombreuses branches
familiales, parmi lesquelles celle qui prend le cognomen Nero (qui, en
langue sabine, signifie « fort et valeureux »a 3) à laquelle appartient
Tibère. Il peut donc se dire membre d'une lignée qui a donné naissance à
des personnages d'un rang très élevéa 4, comme Appius Claudius Sabinus
ou Appius Claudius Cæcus, qui comptent parmi les défenseurs de la
suprématie des patriciens lors du Conflit des ordresN 3,a 5.
Un buste de Tibère conservé à Paris au musée du Louvre.
Son
père est parmi les plus fervents partisans de Jules César, et après sa
mort, il se range aux côtés de Marc Antoine, lieutenant de César en
Gaule et pendant la guerre civile, et entre en conflit avec Octave,
héritier désigné de Jules César. Après la constitution du Second
Triumvirat entre Octave, Antoine et Lépide, et à la suite des
proscriptions, les désaccords entre les partisans d'Octave et ceux de
Marc Antoine aboutissent à un conflit ouvert, ce dernier étant toujours
soutenu par le père de Tibère. Avec la guerre de Pérouse suscitée par le
consul Lucius Antonius et Fulvie, épouse de Marc Antoine, le père de
Tibère rejoint les partisans de Marc Antoine, fomentant des troubles
dans de nombreuses régions de l'Italie. Après la victoire d'Octave qui
vainc Fulvie à Pérouse et rétablit son contrôle sur la péninsule
italienne, le père de Tibère fuit avec sa femme et son fils. La famille
se réfugie à Naples puis en Sicile, qui est contrôlée par Sextus Pompée.
De là, la famille rejoint l'Achaïe où se rassemblent les troupes de
Marc Antoine qui ont quitté l'Italie.
Le petit Tibère, obligé de
prendre part au voyage, vit une enfance douloureuse et mouvementéea 6
jusqu'à l'accord de Brindisi qui rétablit une paix précaire et permet
aux partisans de Marc Antoine de revenir à Rome, où son père Tiberius
Claudius Nero semble avoir arrêté toute action politique2.
Par
ailleurs, Suétone rapporte que l'astrologue Scribonius, affranchi,
prévoyait au jeune Tibère une grande destinée et qu'il règnerait mais
sans les insignes d'un roia 7.
Mariage de sa mère Livie avec Octave
Buste de Livie Musée Saint-Raymond
En
39 av. J.-C., Octave décide de divorcer de sa femme Scribonia, qui lui a
donné une fille, Julia, pour épouser la mère du petit Tibère, Livie,
dont il est sincèrement amoureux. Le mariage présente aussi un intérêt
politique : Octave espère se rapprocher du camp de Marc Antoine, alors
que le père de Tibère a l'intention, en accordant sa femme à Octave,
d'éloigner le rival Sextus Pompée, qui est l'oncle de Scribonia3. Le
triumvirat demande pour le mariage l'autorisation du collège des
pontifes étant donné que Livie a déjà un enfant et qu'elle en attend un
second. Les prêtres accordent le mariage, en demandant, comme unique
clause, que soit confirmée la paternité de l'enfant à naître.
Le
17 janvier 38 av. J.-C., Octave se marie avec Livie, qui après trois
mois donne naissance à un fils qui reçoit le nom de Nero Claudius
Drusus. La question de la paternité, en effet, est restée incertaine :
certains affirment que Drusus est né d'une relation adultère entre Livie
et Octave, tandis que d'autres ont salué le fait que le bébé soit conçu
en seulement quatre-vingt-dix jours soit le temps écoulé entre le
mariage et la naissancea 8,4. Il est ensuite admis que la paternité de
Drusus revient au père de Tibère, car Livie et Octave ne se sont pas
encore rencontrés lorsque l'enfant est conçu4.
Alors que Drusus
est élevé par sa mère dans la maison d'Octave, Tibère reste auprès de
son père jusqu'à l'âge de neuf ans. En 33 av. J.-C., celui-ci meurt et
c'est le jeune enfant qui prononce l'éloge funèbre (laudatio funebris)
sur les rostres du Forum Romaina 6. Drusus sera l'enfant chéri par
Livie, tandis que Tibère sera le mouton noir de sa famille, pour cause :
ses valeurs républicaines très marquées. Tibère se retrouve dans la
maison d'Octave avec sa mère et son frère alors même que les tensions
entre Octave et Marc Antoine provoquent un nouveau conflit qui prend fin
en 31 av. J.-C. avec la bataille navale décisive d'Actium. En 29 av.
J.-C., lors de la cérémonie du triomphe d'Octave pour la victoire sur
Marc Antoine et Cléopâtre VII, Tibère précède le char du vainqueur,
conduisant le cheval intérieur gauche, tandis que Marcus Claudius
Marcellus, le neveu d'Octave, monte celui à l'extérieur droit, et se
trouvant ainsi à la place d'honneura 6 (Auguste, qui pense d'ores et
déjà à la succession, favorise son neveu Marcellus). Tibère dirige les
jeux urbains et participe, à la tête de l'équipe des « enfants les plus
grands », aux Ludus Troiae qui ont lieu dans le cirquea 6.
À
l'âge de quinze ans, il revêt la toge virile, et il est donc initié à la
vie civile : il se distingue comme défenseur et accusateur dans de
nombreux procèsa 9, et il se consacre, en même temps, à l'apprentissage
de l'art militaire, montrant des aptitudes particulières pour
l'équitation5. Il entreprend avec beaucoup d'intérêt des études de
rhétorique latine et grecque et de droit ; il fréquente des cercles
culturels liés à Auguste où on parle aussi bien grec que latin. Il fait
la connaissance de Mécène qui finance des artistes comme Horace, Virgile
et Properce. La même passion l'anime pour la composition de textes
poétiques, à l'imitation du poète grec Euphorion de Chalcis sur des
sujets mythologiques, dans un style tortueux et archaïque, avec une
grande utilisation de mots rares et désuetsa 10,6.
Ascendance
[afficher]
Ascendance de Tibère
Tibère dans la dynastie des Julio-Claudiens
[afficher]
Généalogie des Julio-Claudiens
Carrière militaire (25-7 av. J.-C.)
Si
Tibère doit beaucoup de son ascension politique à sa mère Livie,
troisième épouse d'Auguste, ses capacités de commandement et de
stratégie ne peuvent cependant pas être mises en doute : il est resté
invaincu au cours de toutes ses longues et fréquentes campagnes, au
point de devenir, au fil des années, l'un des meilleurs lieutenants de
son beau-père.
Dans la péninsule Ibérique et à Rome (25-21 av. J.-C.)
L'Auguste
de Prima Porta, statue d'Auguste en tenue militaire de parade. Il est
possible que Tibère soit représenté sur le relief de l'armureN 4,7.
En
raison de l'absence de réelles écoles qui permettent d'acquérir une
expérience militaire, en 25 av. J.-C., Auguste décide d'envoyer Tibère,
âgé de seize ans, et Marcellus en Hispanie en qualité de tribuns
militaires8. Les deux jeunes gens, qu'Auguste envisage comme possibles
successeurs, participent aux phases initiales de la guerre cantabre qui a
commencé l'année précédente avec Auguste et qui se termine en 19 av.
J.-C. sous le général Marcus Vipsanius Agrippaa 11,9,10.
Deux ans
plus tard, en 23 av. J.-C., à l'âge de dix-huit ou dix-neuf ans, Tibère
est nommé questeur de l'annoneN 5, en avance de cinq ans sur le
traditionnel cursus honoruma 9,11. Il s'agit d'une tâche
particulièrement délicate puisqu'il lui incombe d'assurer
l'approvisionnement en blé de la ville de Rome, qui compte alors plus
d'un million d'habitants, dont deux cent mille ne peuvent survivre que
grâce à la distribution gratuite de blé par l'État. La ville traverse
une période de famine en raison d'une crue du Tibre qui détruit de
nombreuses cultures dans les campagnes du Latium, empêchant même les
navires de rejoindre Rome avec l'approvisionnement nécessaire9.
Tibère
fait face à la situation avec vigueur : il achète, à ses propres frais,
le blé dont les spéculateurs disposent dans leurs magasins et le
distribue gratuitement. Il est salué comme un bienfaiteur de Rome9. Il
est ensuite chargé de contrôler les ergastules, ces lieux souterrains
pour les voyageurs et ceux qui cherchent refuge pour échapper au service
militaire, et qui servent aussi de cachots pour les esclavesa 9,9. Il
s'agit, cette fois-ci, d'une tâche peu prestigieuse, mais tout aussi
délicate9, parce que les patrons des lieux se sont rendus odieux auprès
de toute la population, créant ainsi une situation de tensiona 9.
En Orient (20-16 av. J.-C.)
Buste
de Tibère (Rome, musée dell'Ara Pacis, copie de l'original de l'époque
augustéenne conservée à la Ny Carlsberg Glyptotek de Copenhague).
Au
cours de l'hiver 21-20 av. J.-C., Auguste ordonne à Tibère, âgé de
vingt ans, de commander une armée de légionnaires, recrutée en Macédoine
et en Illyrie, et de se rendre en Orient, en Arméniea 11,10,a 12,a 13,a
14. En effet, cette région est d'une importance vitale pour l'équilibre
politique de l'ensemble de la zone orientale, jouant un rôle d'État
tampon entre l'Empire romain à l'ouest et celui des Parthes à l'est, et
les deux veulent en faire un État vassal afin d'assurer la protection
des frontières contre leur ennemi respectif12,13. Après la défaite de
Marc Antoine et l'effondrement du système qu'il a imposé en Orient,
l'Arménie est retournée sous l'influence des Parthes, ce qui a favorisé
l'accession au trône d'Artaxias II.
Auguste ordonne donc à Tibère
de chasser Artaxias dont les Arméniens pro-romains demandent la
destitution et d'imposer sur le trône son plus jeune frère, pro-romain,
Tigrane. Les Parthes, effrayés par l'avancée des légions romaines,
acceptent un compromis et un accord de paix est signé par Auguste arrivé
en Orient depuis Samos. Ils restituent les insignes et les prisonniers
qu'ils ont en leur possession après la défaite de Crassus lors de la
bataille de Carrhes en 53 av. J.-C.a 15. De la même manière, la
situation en Arménie est résolue avant l'arrivée de Tibère et de son
armée par le traité de paix entre Auguste et le souverain parthe
Phraatès IV : le parti pro-romain peut ainsi prendre le dessus et des
agents envoyés par Auguste éliminent Artaxias. À son arrivée, Tibère ne
peut donc que couronner Tigrane qui prend le nom de Tigrane III au cours
d'une cérémonie paisible et solennelle sous la surveillance des légions
romaines12.
À son retour à Rome, le jeune général est célébré
par de nombreuses fêtes et la construction de monuments en son honneur
tandis qu'Ovide, Horace et Properce écrivent des vers pour célébrer
l'entreprise14. Le plus grand mérite de la victoire revient cependant à
Auguste en tant que commandant en chef de l'armée14 : il est proclamé
imperator pour la neuvième foisa 11,a 16,a 17,a 18,a 19 et il peut
annoncer au Sénat que l'Arménie devient un vassal sans en décréter
l'annexiona 20. Il écrit dans ses Res Gestæ Divi Augusti (son testament
politique) :
« Alors que je pouvais faire de la Grande
Arménie une province, une fois le roi Artaxias mort, j'ai préféré, à
l'exemple de nos ancêtres, confier ce royaume à Tigrane, fils du roi
Artavasde et petit-fils du roi Tigrane, par l'intermédiaire de Tibère
qui était alors mon beau-fils. »
— Auguste, Res Gestæ Divi Augusti, 27.
En
19 av. J.-C., Tibère est promu au rang de ex-préteur ou ornamenta
prætoria et il peut donc siéger au Sénat parmi les ex-prætores15.
En Gaule, Rhétie et Vindélicie (16-15 av. J.-C.)
Bien
qu'Auguste, après la campagne en Orient, ait officiellement déclaré au
Sénat qu'il abandonne la politique d'expansion, sachant qu'une extension
territoriale serait excessive pour l'Empire romain, il décide de mener
de nouvelles campagnes pour sécuriser les frontières. En 16 av. J.-C.,
Tibère, récemment nommé préteur, accompagne Auguste en Gaule où ils
passent les trois années suivantes, jusqu'en 13 av. J.-C., afin de
l'aider dans l'organisation et la direction des provinces
gauloises10,16. Le Princeps senatus se fait aussi accompagner par son
beau-fils lors de la campagne punitive au-delà du Rhin contre les tribus
des Sicambres et de leurs alliés les Tenctères et les Usipètes, qui, au
cours de l'hiver de 17-16 av. J.-C., ont causé la défaite du proconsul
Marcus Lollius et la destruction partielle de la Legio V Alaudæ et la
perte des insignesa 21,a 22,a 23,a 24.
Buste de Drusus, frère de
Tibère (Rome, Musée dell'Ara Pacis, copie de l'original de la période de
Tibère conservée aux musées du Capitole de Rome).
En 15 av.
J.-C., Tibère, avec son frère Drusus, mène une campagne contre la
population rhète, répartie entre le Norique et la Gaulea 25, contre les
Vendéliquesa 11,a 26. Drusus a déjà précédemment chassé des territoires
italiques les Rhètes mais Auguste décide d'envoyer Tibère afin de
résoudre définitivement le problèmea 27. Les deux hommes attaquent sur
deux fronts par une opération d'encerclement de l'ennemi sans lui
laisser d'échappatoire. Ils conçoivent « l'opération en tenaille »
qu'ils mettent en œuvre grâce aussi à l'aide de leurs lieutenantsa 28 :
Tibère se déplace depuis l'Helvétie tandis que son jeune frère vient
d'Aquilée et de Tridentum, parcourant la vallée de l'Adige et de
l'Isarco (à leur jonction est construit le Pons Drusi (« pont de Drusus
») à proximité de l'actuelle Bolzano) pour remonter enfin par l'Inn.
Tibère, qui avance depuis l'ouest, bat les Vendéliques autour de Bâle et
du lac de Constance. C'est en ce lieu que les deux armées se rejoignent
et se préparent à envahir la Bavière. L'action conjointe conduite par
les deux frères permet d'avancer jusqu'à la source du Danube où ils
remportent la victoire définitive sur les Vendéliques17.
Ces
succès permettent à Auguste d'assujettir les peuples de l'arc alpin
jusqu'au Danube, et lui vaut, de nouveau, d'être acclamé imperator
tandis que Drusus, le préféré d'Auguste, reçoit plus tard un triomphe
pour cette victoire et d'autres. Sur la montagne, près de Monaco, à
proximité de La Turbie, le trophée d’Auguste est érigé pour commémorer
la pacification d’une extrémité à l’autre des Alpes et rappeler les noms
de toutes les tribus soumises. Néanmoins, en dépit de ses mérites,
l'empereur interdit aux sénateurs de lui décerner un surnom honorifique,
ce que Tibère perçoit comme un acte de malveillance et ce qui nourrit
encore son sentiment d'injustice18.
De l'Illyrie à la Macédoine et à la Thrace (13-9 av. J.-C.)
En
13 av. J.-C., en gagnant la réputation d'un très bon commandant17,
Tibère est nommé consula 11,19 et il est envoyé par Auguste en Illyriea
29 : le valeureux Agrippa, qui a longuement combattu les populations
rebelles de la Pannonie, meurt à peine rentré en Italiea 30. La nouvelle
de la mort du général provoque une nouvelle onde de rébellion chez les
populations soumises par Agrippaa 31, en particulier les Dalmates et les
Breuces. Auguste confie à son beau-fils la tâche de les pacifier.
Tibère, prenant le commandement de l'armée en 12 av. J.-C., met en
déroute les forces ennemies grâce à sa stratégie et à la ruse dont il
fait preuve19. Il soumet les Breuces avec l'aide de la tribu des
Scordisques soumise peu de temps plus tôt par le proconsul Marcus
Viniciusa 32,a 33. Il prive ses ennemis de leurs armes et il vend comme
esclave la majorité des jeunes après les avoir déportés. Il obtient une
victoire totale en moins de quatre ans notamment avec l'aide de grands
généraux comme Marcus Vinicius, gouverneur de la Macédoine et Lucius
Calpurnius Piso. Il met en place une politique de répression très dure
contre les vaincusa 11. En même temps, sur le front oriental, le
gouverneur de la Galatie et Pamphylie, Lucius Calpurnius Piso, est
contraint d'intervenir en Thrace car la population, et en particulier
les Besses, menacent le souverain thrace, Rhémétalcès Ier, allié de
Romea 34,a 35,a 36,a 37.
En 11 av. J.-C., Tibère est engagé
contre les Dalmates qui se sont rebellés à nouveau, et assez vite contre
la Pannonie qui a profité de son absence pour conspirer à nouveau. Le
jeune général est donc fortement impliqué dans la lutte simultanée
contre plusieurs peuples ennemis, et il est obligé, à plusieurs
reprises, de se déplacer d'un front à l'autre. En 10 av. J.-C., les
Daces poussent au-delà du Danube et font des raids dans les territoires
de Pannonie et de Dalmatie. Ces derniers, harcelés par les peuples
soumis à Rome, se rebellent à nouveau. Tibère, qui s'est rendu en Gaule
avec Auguste au début de l'année, est donc contraint de retourner sur le
front illyrien, pour les affronter et les vaincre à nouveau. À la fin
de l'année, il peut finalement revenir à Rome avec son frère Drusus et
Auguste.
La longue campagne se conclut, la Dalmatie est désormais
intégrée de façon permanente dans l'État romain et elle subit le
processus de romanisation. Elle est confiée, comme province impériale,
au contrôle direct d'Auguste : une armée y est stationnée en permanence,
prête à repousser toutes attaques le long des frontières et à réprimer
d'éventuelles nouvelles révoltes19.
Auguste évite dans un premier
temps d'officialiser la salutatio imperatoria dont les légionnaires ont
acclamé Tibère (nommé imperator par ses troupes) et il se refuse à
rendre les honneurs à son beau-fils ainsi qu'à autoriser la cérémonie du
triomphe, contre l'avis du Sénata 38. Tibère est autorisé à parcourir
la Via Sacra sur un char décoré de l'insigne du triomphe et à célébrer
une ovation exceptionnellea 38 (pénétrer à Rome en char, honneur qui
n'avait encore été accordé à personne) : il s'agit d'un nouvel usage
qui, bien que de moindre importance que la célébration de la victoire
par un triomphe, constitue néanmoins un grand honneura 11,20.
Campagne de Drusus en Germanie de 12 à 9 av. J.-C.
En
9 av. J.-C., Tibère se consacre entièrement à la réorganisation de la
nouvelle province de l'Illyrie. Alors qu'il quitte Rome, où il a célébré
sa campagne victorieuse pour se rendre sur les frontières orientales,
Tibère est informé que son frère Drusus, qui se trouve sur les rives de
l'Elbe pour lutter contre les Germainsa 39, est tombé de son cheval, se
fracturant le fémur20. L'incident semble banal et est donc négligé. La
santé de Drusus se dégrade cependant fortement en septembre et Tibère le
rejoint à Mogontiacum afin de le réconforter, après avoir parcouru en
un seul jour, plus de deux cents milesa 40.
Drusus, à la nouvelle
de l'arrivée de son frère, ordonne que les légions le reçoivent
dignement, et il meurt un peu plus tard dans ses bras21. À pied, Tibère
conduit le cortège funèbre qui ramène la dépouille de Drusus à Romea
40,a 41. Arrivé à Rome, il prononce l'éloge funèbre (laudatio funebris)
pour son frère défunt sur le Forum Romain alors qu'Auguste prononce le
sien dans le cirque Flaminius ; le corps de Drusus est ensuite incinéré
sur le champ de Mars et placé dans le mausolée d'Augustea 42.
En Germanie (8-7 av. J.-C.)
Au
cours des années 8-7 av. J.-C., Tibère se rend de nouveau en Germanie,
envoyé par Auguste, pour continuer le travail commencé par son frère
Drusus, après sa mort prématurée, et combattre les populations locales.
Il traverse donc le Rhina 43, et les tribus barbares, à l'exception des
Sicambres, font, par peur, des propositions de paix qui reçoivent un net
refus de la part du général, car il est inutile de conclure une paix
sans l'adhésion des dangereux Sicambres ; quand ceux-ci envoient des
hommes, Tibère les fait massacrer ou déportera 44. Pour les résultats
obtenus en Germanie, Tibère et Auguste obtiennent encore l'acclamation
d’imperatora 45 et Tibère est nommé consul en 7 av. J.-C.a 46. Il peut
donc terminer les travaux de consolidation du pouvoir romain dans la
région par la construction de plusieurs ouvrages, y compris les camps
romains de Oberaden (de) et HalternN 6, élargissant l'influence romaine
jusqu'au fleuve Weser.
Éloignement de la vie politique (6 av. J.-C.-4 apr. J.-C.)
Un buste de Tibère conservé au musée romain-germanique de Cologne.
Poursuivant
des intérêts politiques familiaux, Tibère est poussé par Auguste en 12
av. J.-C. à divorcer de sa première femme, Vipsania Agrippina, fille de
Marcus Vipsanius Agrippa, qu'il a épousée en 16 av. J.-C. et de qui il a
eu un fils, Julius Cæsar Drusus.
L'année suivante, il épouse
Julia, la fille d'Auguste, et donc sa demi-sœur, veuve du même Agrippaa
47,22,23. Tibère est sincèrement amoureux de sa première femme Vipsania
et il ne s'en éloigne qu'avec beaucoup de regretsN 7. L'union avec Julia
connaît d'abord de l'amour et de l'harmoniea 41, puis elle se dégrade
rapidement après la mort de leur fils, né à Aquiléea 41. L'attitude de
Julia, entourée de nombreux amants, contraste avec le caractère de
Tibère, particulièrement réservé24.
En 6 av. J.-C., Auguste
décide de conférer à Tibère la puissance tribunitienne pour 5 ansa 11,a
48,25 : sa personne devient ainsi sacrée et inviolable et cela lui donne
le droit de veto. De cette façon, Auguste semble vouloir amener à lui
son beau-fils, et il peut de plus mettre un frein à l'exubérance de ses
jeunes petits-fils, Caius et Lucius César, les fils d'Agrippa, qu'il a
adoptés et qui semblent être les favoris pour la successiona 49.
Malgré
cet honneur, Tibère décide de se retirer de la vie politique et de
quitter la ville de Rome pour s'en aller dans un exil volontaire sur
l'île de Rhodes, qui le fascine depuis la période où il y avait
séjourné, de retour d'Arménie10,a 50. Certains affirment, comme Grant,
qu'il est indigné et consterné par la situation23 ; d'autres estiment
qu'il sent le manque de considération d'Auguste à son égard pour l'avoir
utilisé comme tuteur de ses deux petits-fils, Caius et Lucius César,
les héritiers désignés, en plus d'un malaise grandissant et du dégoût
envers sa nouvelle femme26.
Cette soudaine décision paraît
étrange, car elle est prise au moment où Tibère remporte de nombreux
succès et alors qu'il est au milieu de sa jeunesse et en pleine santéa
51. Auguste et Livie tentent en vain de le retenir et le princeps évoque
cette question au Sénat.
Tibère, en réponse, décide de cesser de
manger et jeûne pendant quatre jours, jusqu'à ce qu'on l'autorise à
quitter la ville pour aller là où il veuta 51. Les historiens anciens ne
donnent pas une interprétation unique de cette curieuse attitude.
Suétone résume toutes les raisons qui ont conduit Tibère à quitter Rome :
« […] soit par dégoût de sa femme qu'il n'osait ni accuser ni répudier,
et que pourtant il ne pouvait plus souffrir, soit pour éviter une
assiduité fastidieuse, et non seulement affermir son autorité par
l'absence, mais l'accroître même, dans le cas où la république aurait
besoin de lui. Quelques-uns pensent que, les enfants d'Auguste étant
adultes, Tibère leur abandonna de son plein gré le second rang qu'il
avait longtemps occupé, à l'exemple d'Agrippa, qui, lorsque Marcellus
eut été appelé aux charges publiques, s'était retiré à Mytilène, pour
que sa présence ne lui donnât point l'air d'un concurrent ou d'un
censeur. Tibère lui-même avoua, mais plus tard, ce dernier motif. […] »
— Suétone, Vie des douze Césars, Tibère, 10 (trad. Désiré Nisard, 1855)
Dion
Cassius ajoute à ses thèses, qu'il énumère toutes aussi, que « Caius et
Lucius se crurent méprisés ; Tibère craignit leur colèrea 52 » ou
encore qu'Auguste l'exile pour complots contre les jeunes princes qui
sont ses héritiers, voire « que Tibère était mécontent de ne pas avoir
été nommé Césara 52 ».
Buste de Caius enfant (Rome, musée dell'Ara
Pacis, copie de l'original de l'époque augustéenne conservée au museo
Oliveriano de Pesaro).
Pendant toute la durée de son séjour à
Rhodes (près de huit ans10), Tibère tient une position sobre, évitant de
se trouver au centre de l'attention et de prendre part aux événements
politiques de l'île, sauf dans un seul cas. En fait il n'a jamais
utilisé son pouvoir issu de la puissance tribunitienne dont il est
investia 50. Cependant, quand en 1 av. J.-C. il cesse d'en bénéficier,
il décide de demander la permission de revoir ses parents : il estime
que, quand bien même il participerait à la politique, il n'aurait plus
pu, en aucune manière, mettre en danger la primauté de Caius et Lucius
César. Il reçoit un refusa 50 et décide alors de faire appel à sa mère
qui ne peut rien obtenir d'autre que Tibère soit nommé légat d'Auguste à
Rhodes, et donc que sa disgrâce soit en partie cachéea 53. Il se
résigne donc à continuer à vivre comme un simple citoyen, inquiet et
méfiant, évitant tous ceux qui viennent lui rendre visite sur l'île.
En
2 av. J.-C., sa femme Julia est condamnée à l'exil sur l'île de
Ventotene (anciennement Pandataria), et son mariage avec elle est annulé
par Auguste : Tibère, heureux de cette nouvelle, cherche à se montrer
magnanime envers Julia, dans une tentative de retrouver l'estime
d'Augustea 50.
Buste de Lucius enfant (Rome, musée dell'Ara Pacis,
copie de l'original de l'époque augustéenne conservée au museo
Oliveriano de Pesaro).
En 1 av. J.-C., il décide de rendre visite
à Caius César, qui vient d'arriver à Samos, après qu'Auguste lui a
attribué l’imperium proconsulaire et l'a chargé d'effectuer une mission
en Orient où est mort Tigrane III. La question arménienne est rouverte.
Tibère l'honore en mettant de côté toutes les rivalités et en
s'humiliant, mais Caius, poussé par son ami Marcus Lollius, ferme
adversaire de Tibère, le traite avec détachementa 53. Ce n'est qu'en 1
ap. J.-C., soit sept ans après son départ, que Tibère est autorisé à
rentrer à Rome, grâce à l'intercession de sa mère Livie, mettant fin à
ce qui a été un exil volontaire : en fait, Caius César, qui n'est plus
sous la coupe de Lollius, accusé d'extorsion et traîtrise et qui s'est
suicidé pour éviter une condamnation, consent à son retour et Auguste,
qui a confié la question à son petit-fils, le rappelle en lui faisant
jurer qu'il ne se serait intéressé en aucune manière au gouvernement de
l'Étata 54.
À Rome, pendant ce temps, les jeunes nobiles qui
soutiennent les deux Césars, ont développé un fort sentiment de haine à
l'égard de Tibère, et ils continuent à le voir comme un obstacle à
l'ascension de Caius César. Le même Marcus Lollius, avant le désaccord
avec Caius César, s'offre d'aller à Rhodes pour tuer Tibèrea 54 et bien
d'autres nourrissent le même projet27. À son retour à Rome, donc, Tibère
doit agir avec beaucoup de prudence, sans jamais renoncer à la
résolution de retrouver le prestige et l'influence qu'il a perdus au
cours de son exil à RhodesN 8,10,28.
Juste au moment où leur
popularité atteint le niveau le plus élevé, Lucius et Caius César
meurent respectivement en 2 et 4, non sans que Livie soit soupçonnée :
le premier tombe mystérieusement malade, tandis que le second est tué
par trahison en Arménie alors qu'il négocie avec ses ennemis une
proposition de paix29.
Tibère qui, à son retour, a quitté son
ancienne maison pour s'installer dans les jardins de Mécène (connus
aujourd'hui sous le nom de Auditorium Mecenate, peut-être décorés avec
des peintures de jardin par Tibère) et a évité de participer à la vie
publiquea 55, est adopté par Auguste, qui n'a pas d'autres héritiers. Le
princeps, toutefois, l'oblige à adopter à son tour son neveu
Germanicus, fils de son frère Drusus, bien que Tibère ait déjà un fils
conçu avec sa première femme, Vipsania, nommé Julius Cæsar Drusus et
plus jeune d'un an seulement23,30. L'adoption de Tibère, qui prend le
nom de Tiberius Julius Cæsar, est célébrée le 26 juin 4 avec une grande
fête, et Auguste ordonne la distribution à ses troupes de plus d'un
million de sestercesa 55,a 56,31. Le retour de Tibère au pouvoir suprême
donne, non seulement au principat une stabilité, une continuité et une
harmonie interne mais aussi une nouvelle impulsion à la politique
d'Auguste en matière de conquête et de gloire à l'extérieur des
frontières impériales32.
Nouveaux succès militaires (4-11)
En Germanie (4-6)
Les campagnes de Lucius Domitius Ahenobarbus (3 à 1 av. J.-C.) et de Tibère (4 à 6) en Germanie.
Immédiatement
après son adoption, Tibère est de nouveau investi de l’imperium
proconsulaire et de la puissance tribunitienne quinquennalea 57 ou
décennale31 et il est envoyé par Auguste en Germanie parce que les
précédents généraux (Lucius Domitius Ahenobarbus, légat de 3 à 1 av.
J.-C. et Marcus Vinicius de 1 à 3 ap. J.-C.) n'ont pas été en mesure
d'étendre la zone d'influence conquise antérieurement par Drusus entre
12 et 9 av. J.-C. Tibère veut aussi retrouver la faveur des troupes
après une décennie d'absence33.
Après un voyage triomphal au
cours duquel il est à plusieurs reprises célébré par les légions qu'il a
déjà commandées précédemment, Tibère arrive en Germanie, où, au cours
de deux campagnes menées entre 4 et 5, il occupe de manière permanente,
par de nouvelles actions militaires, toutes les terres de la zone
septentrionale et centrale comprises entre le Rhin et l'Elbe34. En 4, il
soumet les Cananefates, les Chattuares et les Bructères, et place sous
domination romaine les Chérusques qui s'en étaient soustraits. Avec le
légat Caius Sentius Saturninus, il décide d'avancer encore plus dans les
territoires germaniques et passe au-delà de la Weser, et en 5, il
organise une opération de grande envergure qui implique l'utilisation de
forces terrestres et de la flotte de la mer du Nord.
Assisté des
Cimbres, des Chauques et des Sénons, qui ont été forcés de déposer les
armes et de se rendre à la puissance de Rome, Tibère peut étreindre dans
un étau meurtrier les redoutables Lombardsa 58,35.
Le dernier
acte nécessaire est celui d'occuper la partie méridionale de la Germanie
et la Bohême des Marcomans de Marobod, afin de compléter le projet
d'annexion et de faire du Rhin à l'Elbe, la nouvelle frontière32,a 59.
Tibère conçoit un plan d'attaque impliquant l'utilisation de plusieurs
légions lorsqu'une révolte éclate en Dalmatie et en Pannonie ce qui
arrête l'avancée de Tibère et de son légat Caius Sentius Saturninus en
Moravie. La campagne, conçue comme une « manœuvre à tenaille » est une
opération stratégique majeure dans laquelle les armées de Germanie (2-3
légions), de Rhétie (2 légions) et d'Illyrie (4-5 légions) doivent se
réunir en un point convenu et lancer l'attaque concertée36. Le
déclenchement de la révolte en Pannonie et en Dalmatie, empêche les
légions de l'Illyrie de rejoindre celles de Germanie et il y a le risque
que Marobod s'allie aux rebelles pour marcher sur Rome : Tibère, qui
est à quelques jours de marche de l'ennemi, conclut hâtivement un traité
de paix avec le chef marcoman et se dirige au plus vite en Illyriea
57,36.
En Illyrie (6-9)
La campagne de Tibère en Illyrie en 6.
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Après
quinze années de paix relative, en 6, l'ensemble du secteur dalmate et
pannone reprend les armes contre le pouvoir de Rome32 : la raison est
l'incompétence des magistrats envoyés par Rome pour gérer la province,
qui ont mis en place de lourdes taxesa 60. L'insurrection commence dans
la région sud-orientale de l'Illyrie avec les Dæsitiates commandés par
un certain Baton, dit de « Dalmatie »a 61, qui est rejoint par la tribu
pannone des Breuces sous le commandement d'un certain Pinnes et d'un
second Baton, dit de « Pannonie »a 62.
En raison de la crainte
d'autres révoltes dans tout l'Empire, le recrutement de soldats devient
problématique, de nouvelles taxes sont mises en place pour répondre à
l'urgence32. Les forces mises en œuvre par les Romains sont aussi
importantes que lors de la Deuxième Guerre punique : dix légions et plus
de quatre-vingts unités auxiliaires, ce qui équivaut à environ cent à
cent vingt mille hommes37.
Tibère envoie ses lieutenants en
avant-garde afin de débarrasser la route des ennemis au cas où ils
auraient décidé de marcher contre l'Italiea 63 : Marcus Valerius
Messalla Messallinus réussit à vaincre une armée de 20 000 hommes et se
barricade à Sisak pendant qu'Aulus Cæcina Severus défend la ville de
Sirmium afin d'éviter sa prise et il repousse Baton de Pannonie sur la
Dravea 64. Tibère arrive sur le théâtre des opérations vers la fin de
l'année lorsqu'une grande partie du territoire, à l'exception des
places-fortes, est aux mains des rebelles, et la Thrace entre aussi en
guerre aux côtés des Romains.
Comme à Rome, on est inquiet par le
fait que Tibère tarde à régler le conflit, en 7, Auguste lui envoie
Germanicus en qualité de questeura 65 ; le général, pendant ce temps,
pense à réunir les armées romaines engagées dans la région le long de la
rivière Save, afin de disposer de plus de dix légions. De Sirmium,
Aulus Cæcina Severus et Marcus Plautius Silvanus conduisent l'armée vers
Sisak, éliminant les forces combinées des rebelles dans une bataille
près des marais volcéesa 66. Après avoir rejoint les forces armées,
Tibère inflige des défaites successives à ses ennemis, rétablissant
l'hégémonie romaine sur la vallée de la Save et consolidant les
conquêtes obtenues grâce à la construction de plusieurs forts. En
prévision de l'hiver, il sépare les légions, il en conserve cinq avec
lui à Sisak et envoie les autres protéger les frontièresa 66.
En
8, Tibère reprend les manœuvres militaires et bat en août une nouvelle
armée pannone. À la suite de la défaite, Baton de Pannonie trahit Pinnes
en le donnant aux Romains, mais il est par la suite capturé et exécuté
par ordre de Baton de Dalmatie qui prend également le commandement des
forces de la Pannoniea 67. Un peu plus tard, Marcus Plautius Silvanus
réussit à vaincre les Breuces de Pannonie qui étaient parmi les premiers
à se rebellera 68. Débute alors l'invasion romaine en Dalmatie, Tibère
dispose ses troupes pour être en mesure de lancer l'attaque finale de
l'année suivante.
En 9, Tibère reprend les hostilités, en
divisant l'armée en trois colonnes et en mettant Germanicus à la tête de
l'une d'entre elles. Alors que ses lieutenants mettent fin aux derniers
foyers de rébellion, il part en Dalmatie à la recherche du chef de la
rébellion, Baton le Dalmatea 69, se joignant à la colonne du nouveau
légat Marcus Æmilius Lepidus. Il le rejoint dans la ville d'Andretium où
les rebelles se rendent, mettant fin après quatre ans, au conflita 70.
Par
cette victoire, Tibère est encore une fois acclamé imperator et il
obtient le triomphe qu'il célèbre seulement un peu plus tarda 71, alors
qu'à Germanicus sont accordés les honneurs du triomphe (ornamenta
triumphalia)a 72.
De nouveau en Germanie (9-11)
La Germanie romaine de 7 à 9 (défaite de Varus à Teutobourg).
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En
9, après que Tibère eut défait avec succès les rebelles dalmates,
l'armée romaine stationnée en Germanie et dirigée par Varusa 73, est
attaquée et battue dans une embuscade tendue par une armée dirigée par
le germain Arminius alors qu'il traverse la forêt de Teutobourg.
Trois
légions, composées des hommes les plus expérimentés sont totalement
anéantiesa 74, et les conquêtes romaines au-delà du Rhin sont perdues
car elles restent privées d'une armée de garnison pour les garder.
Auguste craint également que, après une telle défaite, les Gaulois et
les Germains, s'alliant, marchent contre l'Italie. La décision du
souverain marcoman Marobod est importante, et il reste fidèle aux pactes
passés avec Tibère en 6 et refuse l'alliance avec Arminius.
Tibère,
après avoir pacifié l'Illyrie, rentre à Rome où il décide de reporter
la célébration du triomphe de manière à respecter le deuil imposé par la
défaite de Varusa 75. Le peuple aurait voulu qu'il prenne un surnom,
comme le Pannonique (Pannonicus), l'Invincible (Invictus) ou le Pieux
(Pius), qui permettrait de se souvenir de ses grandes entreprises.
Auguste, pour sa part, rejette la demande en répondant que, un jour, il
prendrait lui aussi le titre d'Augustea 75, puis il l'envoie sur le Rhin
afin d'éviter que l'ennemi germanique attaque la Gaule romaine et que
les provinces, à peine pacifiées, puissent se révolter de nouveau à la
recherche de leur indépendance.
Arrivé en Germanie, Tibère peut
mesurer la gravité de la défaite de Varus et ses conséquences qui
empêchent d'envisager une nouvelle reconquête des terres qui vont
jusqu'à l'Elbea 76,a 77. Il adopte, par conséquent, une conduite
particulièrement prudente prenant toutes les décisions avec le conseil
de guerre et évitant de faire appel, pour la transmission des messages, à
des hommes du cru comme interprètes. De la même façon il choisit avec
soin les endroits où installer les camps, afin d'éviter tout risque
d'être victime d'une nouvelle embuscadea 76. Il met en place, pour les
légionnaires, une discipline de fer, punissant de manière très sévère
tous ceux qui transgressent les ordresa 78. Par cette stratégie, il
obtient un grand nombre de victoires et maintient la frontière le long
du Rhin en s'assurant de la fidélité à Rome des peuples germaniques,
parmi lesquels les Bataves, les Frisons et les Chauques qui habitent ces
lieuxa 78.
Succession (12-14)
La procession de la famille d'Auguste sur le côté sud de l'autel de la paix.
La
succession est l'une des plus grandes préoccupations de la vie
d'Auguste. Il est souvent atteint de maladies qui font craindre, à
maintes reprises, une mort prématurée. Le princeps épouse en 42 av.
J.-C. Clodia Pulchra, belle-fille de Marc Antoine, qu'il répudie l'année
suivante pour épouser Scribonia et peu après Livie.
Pendant
quelques années, Auguste espère avoir comme héritier son gendre Marcus
Claudius Marcellus, le fils de sa sœur Octavie, qui s'est marié avec sa
fille Julia en 25 av. J.-C.a 47. Marcellus est adopté mais il meurt
jeune, deux an