La poésie grecque est le trésor où tous les peuples d'Occident ont puisé
au cours des siècles. La féerie de ses chants alternés forme une
cantate à la vie, aux démons nobles ou malicieux qui en sont les
spectateurs et parfois les figurants.
Les poètes grecs ont tout accepté de la vie, leurs vers ont été le filet
dont les mailles ont retenu tous les trésors de la mer ; nous pouvons
encore y sentir palpiter la respiration de ce qu'a ramené leur pêche
miraculeuse. De leurs ports dorés, de leurs petites villes battues des
vents au flanc des collines pierreuses, ils ont lancé leur barque sur
cette mer pour laquelle ils ne sont jamais avares d'épithètes, la mer
violette, la mer sans vendanges, ou la mer vineuse, et tout ce qu'ils
ont écrit semble garder encore la puissante odeur de la salure. La mort
elle même fait partie de la vie, et le naufrage, et l'abordage, et la
longue course, et la captivité, et l'amour bref ou long des filles que
l'on rencontre dans le port. La Grèce n'a jamais cessé de proclamer la
vérité unique d'Antigone :
Nombreuses sont les merveilles du monde,
Mais
la plus grande des merveilles reste l'homme.