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PH14
Dimensions :10,5 cm par 4,5 cm
Plaque stéréoscopique .
Envoi rapide et soigné .
« De vieux auteurs l'assurent et, dans la légende qu'ils nous ont
transmise, une réalité précise apparaît sans doute. Une femme de la côte
de Ligurie, voyant une génisse s'éloigner à la nage et revenir fort
grasse, s'avisa de suivre l'animal dans son étrange et longue course.
Sur le récit qu'elle fit de la terre inconnue qu'elle venait de
découvrir, les Liguriens y firent passer beaucoup de leurs compagnons.
Cette femme s'appelait Corsa, d'où vint le nom de Corse. C'est la
légende éponyme que nous retrouvons à l'origine de toutes les cités
antiques ; mais elle est de formation récente, car le premier nom de
l'île est Cyrnos et non pas Corsica.
La difficulté n'était point
pour embarrasser les vieux chroniqueurs, grands amateurs de merveilleux
et habitués à ne douter de rien. Il y a d'autres légendes, et plus
prestigieuses, sinon moins fantaisistes. Un fils d'Héraclès, Cyrnos,
aurait colonisé la Corse en lui donnant son nom. Giovanni della Grossa
croit que la Corse a été peuplée par un chevalier troyen, appelé Corso
ou Cor, et une nièce de Didon, nommée Sica, que Corso a bâti les villes
de l'île et leur a donné les noms de ses fils et de son neveu, Aiazzo,
Alero, Marino, Nebbino. C'est ainsi que la Grande-Bretagne a eu son
Brut, la France son Francus et que la Corse a son Corso, neveu d'Enée
»1.
« L'île de Corse, nommée Cyrnos par les Grecs, était baignée
au nord par la mer de Ligurie (Ligusticum mare), à l'est par la mer
Tyrrhénienne, au sud par le détroit Taphros ou Gallicum qui la séparait
de la Sardaigne (Sardinia), à l'ouest par la mer Ibérique »2.
Plus loin, dans son étude sur l'occupation de l'île, Xavier Poli écrit :
« L'unique texte sur lequel nous pouvons nous appuyer, pour avancer que
les Libyens ont occupé la Corse, est tiré de la Phocide de Pausanias,
qui écrivait au IIe siècle de notre ère : « À peu de distance de la
Sardaigne il est une île appelée par les Grecs Cyrnos et par les Libyens
qui l'habitent Corsica ». Une partie non minime de la population,
écrasée dans une sédition, passa de cette île dans celle de Sardaigne et
se tailla dans la montagne un territoire où elle s'établit. Les Sardes
nomment ces émigrés du nom qu'ils ont apporté de leur pays, Corses »3.
« La légende est plus précise, Sardus fils d'Hercule et fondateur
mythique de la Sardaigne aurait eu un frère Cyrnos. À la tête d'une
nombreuse armée de Libyens, l'un et l'autre auraient quitté l'Afrique
pour venir s'installer, le premier en Sardaigne, le second en Corse,
donnant leurs noms aux deux îles »2.
Selon Ptolémée « L'île de
Cyrnos, qui est aussi appelée Corsica (variantes : Corsa, Corsi,
Corsia), est bornée au nord et à l'ouest par la mer de Ligurie, à l'est
par la mer Tyrrhénienne, au sud par la mer qui la sépare de l'île de
Sardaigne ... »2.
Et Xavier Poli de conclure : « C'est de Chalcis,
principale ville de l'Eubée, que partit la plus ancienne colonie que la
Grèce envoya vers l'Occident ; elle alla fonder Cumes entre le XIe et
VIIIe siècles av. J.-C.. Nous savons qu'un des points du territoire de
Carystos, une des plus jolies villes de l'Eubée, portait le nom de
Cyrnos. Il semblerait donc vraisemblable que Corsica fut baptisée Cyrnos
par les colons de Cumes ; mais il convient aussi de dire que Cyrnos est
un nom propre d'homme que nous trouvons dans Hérodote et dans Stobée
»2.
Pour sa part, dans son ouvrage Histoire de la Corse depuis les
temps les plus anciens jusqu'à nos jours édité en 1839, Camille De
Friess-Colonna exprime : « Aucun historien n'a jusqu'à ce jour donné une
étymologie satisfaisante des noms de Cyrnos et de Corse. Les uns
assurent que Cyrnos était un fils d'Hercule, qui donna son nom au pays
que nous connaissons. Les autres, et Samuel Bochard est de ce nombre,
prétendent que le nom de Cyrne voulant dire, en langue phénicienne,
couvert de forêts, ce nom dut être imposé à la Corse d'aujourd'hui par
les voyageurs phéniciens, qui furent frappés de la richesse de ses
forêts. Quant au nom de Corse, il y a également des historiens qui
veulent qu'il ait été donné à la Corse par Corsus, fils d'Hercule ;
Bochart le fait dériver d'un mot phénicien, qui voudrait dire cornue,
nom qui lui aurait été imposé à cause des nombreux promontoires qui
s'avancent en pointe dans la mer, et des pics élevés qu'on aperçoit de
loin, avant de l'atteindre. Filippini rapporte deux versions, que nous
croyons devoir transcrire ici, pour faire voir jusqu'où peut aller la
manie des étymologies. Voici la première : une femme de Ligurie, appelée
Corsica, ayant suivi un taureau qui se rendait à la nage dans une terre
inconnue, fut rejointe par ses parents, qui, étant arrivés sur ses
traces dans un pays de très belle apparence, et où les pâturages étaient
excellents, s'y établirent et appelèrent ce pays Corsica, du nom de la
femme qui les y avait attirés. La seconde est qu'un neveu d'Énée appelé
Corsus, ayant enlevé une nièce de Didon, appelée Sica, s'enfuit dans
l'île à laquelle il donna le nom de Corsica. »4,5.
Du géographe grec Strabon6 :
« L'île de Cyrnos que les Romains appellent Corsica, est un pays
affreux à habiter, vu la nature âpre du sol et le manque presque absolu
de routes praticables, qui fait que les populations confinées dans les
montagnes et réduites à vivre de brigandages, sont plus sauvages que les
bêtes fauves. C'est ce qu'on peut, du reste, vérifier sans quitter
Rome, car il arrive souvent que les généraux romains font des descentes
dans l'île, attaquent à l'improviste quelques-unes des forteresses de
ces barbares et enlèvent ainsi un grand nombre d'esclaves ; on peut
alors observer de près la physionomie étrange de ces hommes farouches
comme les bêtes des bois ou abrutis comme les bestiaux, qui ne
supportent pas de vivre dans la servitude, ou qui, s'ils se résignent à
ne pas mourir, lassent par leur apathie et leur insensibilité les
maîtres qui les ont achetés, jusqu'à leur faire regretter le peu
d'argent qu'ils leur ont coûté. Il y a cependant certaines portions de
l'île, qui sont à la rigueur habitables, et où l'on trouve même quelques
petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiæ et Vapanes. »
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