Né en 1936, Jean-Jacques Lebel publie sa première revue à Florence en 1955 (Front unique) avant d’exposer en Italie et en France chez Arturo Schwarz, Iris Clert et Simone Collinet. Dans le sillage d’Allan Kaprow, il crée le premier happening européen à Venise (L’Enterrement de la chose, 1960), publie un essai critique consacré au sujet et traduit les œuvres de William Burroughs, Allen Ginsberg, Lawrence Ferlinghetti, Michael McClure et Gregory Corso.

En 1960, il prend l’initiative du Grand tableau antifasciste collectif (avec Enrico Baj, Erró, Roberto Crippa, Gianni Dova et Antonio Recalcati). Avant d’être mis sous séquestre par la police italienne (pour plus de vingt ans), le tableau est présenté en 1961 à Milan, lors de l’Anti-procès, une manifestation internationale itinérante, artistique et politique, organisée avec une soixantaine d’artistes pour dénoncer la guerre et la torture en Algérie.

Avec Erró, Oldenburg, Nam June Paik, Yoko Ono et d’autres, Lebel produit plus de 70 happenings à travers le monde et monte en 1967, au Festival de la Libre expression, la première représentation du Désir attrapé par la queue de Picasso (avec Rita Renoir, Taylor Mead, Ultra Violet et le groupe Soft Machine).

En 1979, il lance Poliphonix, un festival nomade et protéiforme, consacré à la poésie, à l’action, à la musique et à la vidéo. Son Monument à Félix Guattari (de 8 m de hauteur) est présenté au Centre Georges Pompidou en 1994. Depuis, plusieurs rétrospectives lui ont été consacrées (Reykjavik, Vienne, Naples, Milan, Nantes, etc.).

A Genève, Paris, et récemment à la Biennale de Berlin, Poison soluble, une installation labyrinthique à charge, construite à partir d’agrandissements des photos de la prison d’Abou Grhaib, prises par l’armée américaine pendant la guerre en Irak, a entraîné de vives contestations.