GRAVURE SUR ACIER DU XVIIe SIÈCLE REPRÉSENTANT UN PLAN DE LA VILLE DE GAND (GENT) :


TITRE : PRÆNOBILI MAGNIFICO AMPLISSIMOQ(UE) MAGISTRATUI IN CLYTAR CIVITATIS GANDAVENSIS

Hanc Territory eiufdem accuratam tabulam

Dedicat Dicatqz

Henricus Hondius


DATE : CIRCA 1641


GRAVEUR / ÉDITEUR : HONDIUS HENRICUS II (1597-1651, ACTIF : 1612-1644), GRAVEUR, CARTOGRAPHE ET ÉDITEUR NÉERLANDAIS


DIMENSIONS DU PAPIER : 47 x 39 CENTIMÈTRES ENVIRON


DIMENSIONS DE LA GRAVURE À LA CUVETTE : 46,7 x 37,5 CENTIMÈTRES ENVIRON


ÉTAT : LA GRAVURE A ÉTÉ CONTRECOLLÉE SUR UN PAPIER FORT DU XIXe SIÈCLE POUR LA RENFORCER. ELLE A ÉTÉ DÉCOUPÉE À L’INTÉRIEUR DE LA CUVETTE SUR LE BORD SUPÉRIEUR ET LE BORD GAUCHE EN PARTIE, EN ROGNANT UNE PARTIE DU FILET NOIR ENCADRANT L’ILLUSTRATION SUR LE BORD SUPÉRIEUR. ELLE COMPORTE DES ROUSSEURS, DES FROTTEMENTS, DES SALISSURES, DES PLIS, LE NOMBRE « 60 » ÉCRIT AU CRAYON À PAPIER DANS LE COIN SUPÉRIEUR DROIT.


DESCRIPTIF : LA GRAVURE REPRÉSENTE UN PLAN DE LA VILLE DE GAND DONT LES PRINCIPAUX LIEUX ET MONUMENTS SONT LÉGENDÉS DIRECTEMENT SUR L’ILLUSTRATION.

LE TITRE « PRÆNOBILI MAGNIFICO AMPLISSIMOQ(UE) MAGISTRATUI IN CLYTAR CIVITATIS GANDAVENSIS Hanc Territory eiufdem accuratam tabulam Dedicat Dicatqz Henricus Hondius » EST INSCRIT SUR UN ÉTENDARD DANS LE COIN SUPÉRIEUR GAUCHE DU PLAN. IL S’AGIT D’UNE DÉDICACE DE HENRICUS HONDIUS (Au noble, magnifique et plus imposant magistrat de la célèbre ville de Gand dont le territoire a été représenté exactement par cette carte)

EN DESSOUS DU TITRE, EST DESSINÉE UNE ROSE DES VENTS AVEC LES 4 POINTS CARDINAUX ÉCRITS EN NÉERLANDAIS.

DANS LE COIN INFÉRIEUR GAUCHE, L’ÉCHELLE EST REPRÉSENTÉE DANS UN CARTOUCHE.

LE PLAN EST ENCADRÉ DE 15 VIGNETTES DÉPEIGNANT DIVERS LIEUX DE GAND AINSI QUE DES SCÈNES ALLÉGORIQUES REPRÉSENTANT LES ARMOIRIES DE LA RÉGION ET DE LA VILLE, CAPITALE DU COMTÉ DE FLANDRE.


SOURCE : BLOMMAERT PHILIPPE, LE CHATEAU DE TER LACK, MAISONS DE CAMPAGNE AUX ENVIRONS DE GAND (XVIIe), GAND, IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE DE L. HEBBELYNCK, 1854: « Henri D'Hondt, le célèbre graveur, qui vivait au commencement du XVII siècle, nous laissa un grand plan topographique de la ville de Gand, dont un seul exemplaire est connu (‹), déposé au cabinet des estampes et cartes de la Bibliothèque royale de France (e). La publication de ce plan fut due aux soins de A. Sanderus, qui obtint à cette fin un subside des magistrats de Gand, auxquels il s'était adressé en 1636 (s). Sept feuilles de texte en langue latine contenant la description de la ville, dédiée à Guillaume de Blasere, accompagnent le plan. Le même graveur publia encore un autre plan de la ville de Gand, réduit à une moindre échelle, et qui est reproduit dans la partie supérieure du grand plan topographique dont nous venons de parler, sauf la bordure où sont représentées les maisons de campagne. Ce petit plan parut à part et fut dédié au magistrat de Gand : Praenobili, magnifico amplissimoque magistratui inclytae civitatis Gandatensis hanc territorii ejusdem accuratam tabulam dedicat, dicatque Henricus Hondius. -- Celle carte est surtout importante pour la connaissance du territoire de la banlieue de Gand, d'autant plus que les maisons de campagne qui existaient alors aux environs de la ville y sont représentées et en forment le cadre. Elles sont au nombre de treize, à savoir :

I. La maison de plaisance de M. Van Overwale (Domus domini de Overwale), dont la construction parait dater de la même époque que la gravure, du commencement du XVII• siècle, est située hors de la porte de Courtrai, au hameau dit S. Pieters-Ayghem ou Adeghem. Deux tourelles s'élancent aux angles antérieurs du corps-de-logis, entouré de larges étangs. Elle est actuellement occupée par M° Ph. De Potter.

II. Le pavillon de l'évêque de Gand, Antoine Triest (mort en 1657), situé près des remparts et de l'église d'Acker-ghem, dut aux vues magnifiques dont on y jouit, et qui s'étendent des prairies de la Biloke jusqu'à Tronchiennes, son nom de Belvédère. Cet endroit naguères encore agreste, fut changé en un lieu de délices par l'évèque susdit; la maison était ornée de tableaux des plus grands maitres et le jardin de plantes les plus recherchées. L'évéque d'Ypres, Georges Chamberlin, composa l'inscription suivante, que le propriétaire fit placer à l'entrée de sa villa.

« Audi hospes :

Nuper jacebam nominis squaller mei

Nuscosa, sordens, apema agrestis germinis

Et carpionum statio, nane delitiam beri,

Sone vaticanse amenitatis semola.

Et Triestioram sum subarbanum et vocor Belcedere. »

III. La maison de campagne du baron de Pamele était un bâtiment moderne, de forme carrée, entouré de jardins.

IV. Le château de Ter Lack, dont nous parlerons plus au long dans la suite, y porte l'inscription : Domus domini d'Uplinter, et est situé au hameau de Saint-Pierre-Alost.

V. La maison de campagne de M. Van der Cameren (Do-nus domini Van Cameren) était peu considérable et se trouvait à la proximité de la précédente.

VI. La villa du seigneur de Novaretz était située tout près de l'Escaut, et fut transformée vers la fin du siècle dernier en guinguette, dite het Strop.

VII. La seigneurie de Raveschoot, à Gand, formait un fief qui relevait de la cour féodale de Termonde; elle s'étendait du pont des Cinq Arcades jusqu'à la porte de Se. Liévin, au quartier nommé het Zand, et touchait vers l'ouest aux Munkmeerschen, où la cour de cette seigneurie (het hof van Raveschot) était située. La maison fut reconstruite par Liévin Triest, qui possédait cette seigneurie au XVI siècle, en 1563 d'après la date marquée à la façade et conservée sur l'estampe. Elle existe encore aujourd'hui à peu près dans le même état, et appartient à M. Beyaert. La généalogie de la famille Raveschot est rapportée par Hellin dans son Histoire chronologique des évêques et du chapitre de l'église cathédrale de S. Bavon.

VIII. La maison de campagne de M. Minnaert, bailli de la vicomté de Gand en l'an 1635 et suivants, se trouve près de l'Escaut à Gentbrugge, et non loin de l'église de cette paroisse; elle fut occupée en dernier lieu par Monseigneur l'évêque de Gand.

IX. Une autre maison de campagne de peu d'importance à Gentbrugge, était occupée par le chanoine Vilain, qui décéda en 1651.

X. Le château de Louis de Blasere, seigneur d'Idewalle, watergrave de Flandres, était situé à Afsné près de la Lys, et consistait en un grand corps-de-logis à hauts pignons, entouré de larges étangs. Sanderus l'a reproduit dans la Flandria Illustrata, t. I.

Le fils du seigneur d'Idewalle, Guillaume De Blasere, échevin de Gand, y cultivait en 1646 un nombre considé rable d'orangers, lant de ceux qu'il avait tirés de l'Italie, que de ceux qu'il avait gagnés de semence; une orangerie de 100 pieds de longueur les préservait pendant l'hiver de la rigueur du froid. On fut étonné à Rome, d'apprendre que l'on avait trouvé l'art de cultiver ces beaux arbres dans un climat aussi éloigné du Midi. Le père Jean-Baptiste Ferrari, Jésuite, dans son Hesperides, sive de malorum aureorum cultura et usu, libri qualuor (Romae, 1646, in-fol.), parait fort surpris qu'on füt parvenu dans la Belgique à cultiver des orangers et à leur faire porter des fruits (+).

XI. La maison de campagne du chanoine Jean-Charles Triest, neveu de l'évêque, est un bâtiment en carré long à une tourelle octogone, situé tout près du Rietgracht, à Ghentbrugge. La gravure porte pour inscription : Domus domini canonici Triest, domini de Rattendale. Le chanoine Triest était fils de Charles, conseiller au conseil de Flandres (mort en 1621) et d'Anne Van der Beken, dame de Rattendale. Cette villa appartient actuellement à M. le comte de Thiennes.

XII. Le château du baron de Jamoigne, à Ghentbrugghe, reconstruit il y a quelques années par M* Octave Durot, est occupé actuellement par M. Lauwick-Hameliock. Au commencement du XVIIe siècle, ce château appartenait à Gilles Du Faing, baron de Jamoigne, souverain-bailli des Flandres, qui était un des hommes les plus riches et les plus distingués de son temps. Il était baron de Jamoigne, seigneur du Faing, Linay, Hasselt, Markeghem, Vrye, Hoyen, Pontrave, Rye, etc.; membre du conseil de guerre de S. M.; nommé gentilhomme de la bouche des sérénissimes archiducs, par lettres-patentes du 8 août 1617. Il fut envoyé à différentes époques en qualité d'ambassadeur en Allemagne, en Lorraine, à Juliers et en Italie. En l'an 1612, il eut l'honneur d'être ensoyé de la part de S. M. Philippe III, vers le roi de Danemarck, à l'occasion de la mort de la reine. Il mourut à Gand le 11 déc. 1633, et fut enterré à la crypte de S-Baron, sous la chapelle dite de S°-Marguerite, qui est la deuxième au circuit du chœur du côté gauche; déjà en 1626, il avait fait dresser cet autel, qui est encore orné des armoiries de la famille Du Faing. Le dernier du nom était son petit-fils Alexandre Du Faing, décédé le 5 juillet 1709.

Et XIII. La maison du seigneur de Meerekerke, connue sous le nom de Vaernewyck : Domus domini de Meerekerke, nominata Vaernewyck, qui était située non loin de l'église de cette paroisse, qu'on nomme à tort Mariakerke.

La plupart de ces maisons de campagne sont des constructions qui ne remontent guère qu'à la fin du XV° ou au commencement du XVI siècle; plusieurs même ne sont pas beaucoup antérieures à la publication du plan où elles sont représentées. Les seules qui puissent être classées parmi les châteaux féodaux du moyen-âge, sont : le château du seigneur d'Idewalle, à Afsnede, et celui de Ter Lack, dont nous donnons ici une notice historique »



HISTORIQUE : LA PREMIÈRE VERSION DE CE PLAN NE CONTENAIT PAS LE CADRE DE VIGNETTES. LA VERSION AVEC LE CADRE A ÉTÉ ÉDITÉE POSTÉRIEUREMENT PAR HONDIUS HENRICUS. EXEMPLAIRE TRÈS RARE.


(RÉFÉRENCE LIBRAIRIE : A140/23 - L - 58)