MAETERLINCK (Maurice).

La Vie des abeilles.

Paris, Eugène Fasquelle / Col. ''Le Rayon d'honneur'', 1928.

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Un vol. au format pt in-8 (202 x 143 mm) de 319 pp.

Reliure de l'époque de demi-basane azur à coins, filets à froid portés sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, tête dorée, couvertures conservées.

Un des exemplaires du tirage numéroté sur vélin de fil du Marais ; seul papier.

Il s'ouvre sur un frontispice photographique figurant l'auteur.

Maeterlinck s’intéresse ici à l’insecte le plus banal de nos campagnes, l’abeille, et à sa vie sociale en écrivain complet.

Romancier, il structure sa narration sur le cycle de vie des ruches. Poète, il chante les rayons dorés qui s’alignent parallèlement, la rigueur virtuose des petites architectes qui savent ménager des passages de 1,2 cm exactement pour que deux abeilles puissent se croiser dos à dos. Lettré, il prend des accents homériques pour nous conter les combats des reines qui ne tirent qu’entre elles leurs dards en cimeterre. «Parfois deux reines éclosent simultanément. Alors, c’est au sortir du berceau le combat immédiat et mortel dont Huber a le premier signalé une particularité assez étrange : chaque fois que dans leurs passes , les deux vierges aux cuirasses de chitine se mettent dans une position telle qu’en tirant leur aiguillon elles se perceraient réciproquement - comme dans les combats de l’Iliade, on dirait qu’un Dieu ou une déesse, qui est peut-être le dieu ou la déesse de la race, s’interpose, et les deux guerrières prises d’épouvantes qui s’accordent, se séparent et se fuient, éperdues, pour se rejoindre peu après, se fuir encore si le double désastre menace de nouveau l’avenir de leur peuple, jusqu’à ce que l’une d’elles réussisse à surprendre sa rivale imprudente ou maladroite, et à la tuer sans danger puisque la loi de l’espèce n’exige qu’un seul sacrifice».

Cette citation contient en elle toute une part du projet de Maeterlinck : nous rendre, par la magie du verbe, à cet émerveillement qui fait de tout enfant un biologiste en puissance. Mais sans nous ôter notre entendement adulte : du cycle de la ruche Maeterlinck tire de la littérature.

Du reste, l’écrivain composait avec un souci scientifique : rien de ce qu’il note n’est inventé. D’ailleurs, en questionnant inlassablement les concepts humains qu’il applique aux abeilles, en rappelant régulièrement leur probable inadéquation au monde des insectes, lui-même montre une prudence dont les entomologistes ne font pas toujours preuve.

Maeterlinck part d’un constat imparable : avec des moyens apparemment inférieurs, et une intelligence apparemment inexistante, l’abeille a atteint un stade de perfection sociale auquel l’homme n’oserait pas même aspirer pour sa propre espèce. Comment parvient-elle à cet idéal collectif, se demande Maeterlinck. À quelles règles obéit-elle ? L’instinct est-il seul responsable ?'' (in Le Magazine littéraire).

Casteljau, Bibliographie d'apiculture française, 1099 (pour l'originale de 1901).

Dos présentant quelques frottements. Du reste, très belle condition.