HUYSMANS (Joris-Karl).

A rebours
avec une Préface de l'auteur
écrite vingt ans après le roman.

Paris, Bibliothèque-Charpentier / Fasquelle Editeurs, s.d. [circa 1930].

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Un vol. au format in-12 (188 x 123 mm) de xxiv - 294 pp.

Reliure de l'époque de demi-cartonnage émeraude à coins, dos lisse orné de doubles filets dorés, titre doré, supra libros doré en queue.

Bible du décadentisme, il ne se passe pourtant presque rien dans ce roman !

En effet, la narration se focalise presque entièrement sur le personnage principal, Des Esseintes, un anti-héros esthète et excentrique, et constitue à peu de choses près un catalogue de ses goûts et dégoûts.

Verlaine, Baudelaire, Corbière, Mallarmé (que l'ouvrage contribua à lancer dans le monde littéraire) sont les poètes favoris du protagoniste. Chez les romanciers, il fait l'éloge de Poe, du Salammbô de Flaubert, et surtout de Villiers de l'Isle Adam.

À rebours marque la rupture de Huysmans d'avec le naturalisme de Zola : la plupart des thèmes présents dans l'œuvre sont ou seront associés à l'esthétique symboliste. Des Esseintes apparaît comme l'archétype du jeune homme européen atteint du « mal du siècle » : on peut dire que l'auteur voit dans la décadence un dépassement à la fois du romantisme et du naturalisme.

Après une vie agitée où il a fait l'expérience de tout ce que pouvait lui offrir la société de son temps, Des Esseintes se retire dans un pavillon, à Fontenay, dans lequel il réunit les ouvrages les plus précieux à ses yeux, les objets les plus rares, et se consacre à l'oisiveté et à l'étude.

De l'ensemble de la littérature française et latine, il ne retient qu'un petit nombre d'auteurs qui le satisfont. Il s'intéresse aux tableaux de Gustave Moreau, crée des parfums raffinés, ou encore, un jardin de fleurs vénéneuses…

L'anecdote de la tortue constitue à de nombreux égards une métaphore de la destinée du personnage principal : il fait incruster dans la carapace d'une tortue des pierres précieuses, mais celle-ci finit par mourir peu après sous le poids des joyaux...

À rebours constitue l'une des innombrables sources du roman d'Oscar Wilde, Le Portrait de Dorian Gray.

En outre, ce roman était la bible de Serge Gainsbourg, son modèle, sa référence secrète, et pouvait à cet égard en réciter des passages entiers, et s'en inspirera d'ailleurs pour l'écriture de son œuvre littéraire Evguénie Sokolov.

Papier légèrement oxydé pouvant en outre présenter de rares tout autant que discrètes rousseurs. Petite plissure angulaire affectant quelques feuillets. Nonobstant, belle condition.