Ancien Tirage

de

William KLEIN

Spanish Harlem, New York, 1954


Tirage réalisé par un ancien imprimeur d'art - Modèle d'archives Imprimeur

impression en bichromie rehaussé d'un vernis brillant

Ce Tirage inédit a été retrouvé au fin fond d'un atelier de montage dans des casiers d'archives d'une ancienne imprimerie d'Art, précieusement conservé à plat et à l'abri de la lumière dans une enveloppe. Il est resté en bon état de conservation. Présence de traces de salissures et marques au verso dues aux manipulations de l'imprimeur. En revanche le recto est intact, en parfait état et d'une remarquable brillance.

 

Cet exemplaire était gardé par l'imprimeur afin de lui servir de références pour son calage et la mise en couleur sur machine lors des retirages.


Format du tirage : 18,2 cm x 23,7 cm


Dans la quartier espagnol d'Harlem à New York,William Klein déjoue à l'époque tout les codes, avec un cadrage expérimental, par la structure de sa composition, sur fond de damier noir et blanc couvert d’affiches publicitaires et de paquet de cigarettes, deux jeunes garçons prennent la pose, l’un est assis au niveau de Klein qui lui même s’est agenouillé pour réaliser son cliché à hauteur d’enfant, l’autre jeune adolescent se tient debout de dos, appuyé au mur, seules ses jambes et avant-bras sont visibles, sa tête est littéralement coupé par le cadrage.

L’important pour lui est avant tout la pose, le jeune au jean et à la ceinture véhicule les styles dictés par la mode. Les motifs floraux de la chemise hawaïenne du plus jeune rivalisent avec les carreaux de l’arrière plan, saturé d’informations visuelles dans un chaos que maitrise son œil, en tant que graphiste.

Utilisant un objectif grand angle William Klein déforme la perspective, affichant des zones de flous aléatoires qui remplissent d’une violence et d’une angoisse contenues. Il échappe aux catégories comme aux mouvements, il jongle entre les genres et les codes de la photographie, avec un travail techniquement sur l’emploi d’un film ultra-rapide, une grand angle et sur des cadrages spécifiques qui transforment et déforment ses sujets, avec le choix d’un grain assez gros, une force au premier plan envahissant, et un noir et blanc accentué à l’extrême.


Comme Man Ray, il cherche une nouvelle écriture, invente des styles, il dit de Man Ray « On se ressemble, tous les deux. Il est juif new-yorkais comme moi. Il a fait de la peinture, de la photographie, de la mode, des portraits et des films ».


Juste avant de s’embarquer pour New York il achète son premier Leica à Henri Cartier-Bresson, dans les locaux de l’agence Magnum Photos, arrivé à New York, il s’aperçoit que l’objectif de 50mm de Cartier-Bresson ne convient pas à sa vision. Il veut pouvoir s’approcher plus près des gens, des objets et équipe son appareil d’un grand angle, un 28mm, le pointant au plus près, donnant ainsi naissance à ses premières images d’un style révolutionnaire et d'une perspective nouvelle.

« Pas de règles, pas d’interdits, pas de limites. » William Klein

William Klein avec Robert Frank signe l'entrée de la photo dans l'art contemporain. Robert Frank avec son ouvrage « Les Américains », et William Klein avec celui de « New York », ils initient une révolution, créant une rupture avec photographie à l'ancienne d’une image propre et parfaite à la Henri Cartier-Bresson ou à la Robert Doisneau. L’objectif de son appareil est percutant, sa photo bouscule, est forte et ne prétend à aucune objectivité documentaire, il est présent et peut mettre en scène, interagir avec son sujet, il décadre, floute, pousse la grosseur des grains, sature en accentuant aussi bien le noir et blanc que la couleur, n’hésite à créer des accidents et des rajouts lors de ses tirages.


Novateur, son travail photographique contraste avec tout ce qui s'est fait auparavant, artiste aux multiples facettes, passionné, il change en permanence de mode d’expression, avec des allers et retours de la peinture à la photographie. Il impose un style et un regard instinctif dans le domaine photographique et influence les photographes comme Helmut Newton, Richard Avedon, Frank Horvat, David Bailey et Jeanloup Sieff.

Photographe incomparable par le don qu'il a de ne jamais « s'enfermer dans un système » déclare le photographe Peter Lindbergh. Sa discrétion est à la hauteur des innovations qu'il peut apporter dans le monde de la photo. Il n'a de cesse, au cours de sa carrière, de toujours remettre en question les conventions et les bonnes manières, de toujours s'efforcer d'éviter les habitudes par l'introduction voulue d'éléments qui n'ont pas leur place sur la photo, le hasard, la déformation, le bougé. Il fait évoluer la photographie vers un nouvel espace d'expression, le pop art, le graphisme, le dadaïsme.

Conquérant du ciel photographique, William Klein a révolutionné la photographie, produit aussi bien de spectaculaires séries de mode et sur les grandes capitales mondiales, aussi bien en noir et blanc qu’en couleurs, avec la même audace extrême. Sa photographie semble poussée jusqu'à l’excès, à la fois dynamique et statique. Ses images ne sont que des exercices visuels audacieux d’un artiste qui bouscule les vieilles habitudes de la photographiques. La vibrante impatience avec laquelle Klein se sert d’un appareil donne l’impression d’un tachisme en voie de formation dans la photographie, ce qui ressemble à une dissolution est en fait un regard et une pratique photographique plus intenses et plus conformes à son époque.


Il réalise lui-même les maquettes de ses ouvrages, voulant un nouvel objet visuel, pour rompre avec le style classique d'une photographie sur une page avec des marges blanches et un texte explicatif sur l'autre. Il est à l'origine d'un changement éditorial avec des doubles pages et des pleines pages sans marges, modernisant la lecture, les photographies apparaissant comme un film.





« Photographier, c'est un moment de transe. Quand on peut saisir beaucoup de choses à la fois, quand je peux sentir que la photo va être bonne. J'attends que tout se mette en place, je sais que ça va se passer. Alors je cadre, j'arme, je déclenche. » William Klein

William Klein (1928) photographe français né à New York, il est également peintre et réalisateur, surnommé « bad boy ». Fils d'immigrés juifs hongrois, il grandit dans le quartier d’Harlem et ne suit pas les traces de son père qui tient une boutique de vêtements. Dès le lycée, il prend la direction artistique du journal des élèves, écrivant des articles, mettant en pages et dessinant des caricatures. Il fait des études universitaires de sociologie et obtient son diplôme en 1945. En 1946 à l’âge de 18 ans, il s’engage dans l’armée d’occupation et est envoyé en tant que G.I en Allemagne puis à Paris ou il découvre la capitale pour la première fois. Démobilisé en 1948, il décide de s’installer à Paris pour devenir peintre et y rencontre Jeanne Florin qui devient son épouse en 1950, mais aussi sa principale collaboratrice, son amie, son alliée, sa complice de chaque jour pendant plus de 50 ans. Il fréquente la Sorbonne pendant un an et demi et étudie lors d’un court passage, la peinture à l'atelier de Fernand Léger. De 1951 à 1954, il découvre la photographie en Italie en passant deux années à Milan ou il travaille avec les architectes italiens Mangiarotti Zanuso et Gio Ponti sur des peintures murales géométriques « Hard-edge ». Cela vient renforcer sa démarche contemporaine à travers laquelle il approfondit cette nouvelle voie en l'adoptant à sa vision artistique. Cherchant à documenter ses réalisations, il s’essaye à la photographie et réalise que par ce moyen il peut enfin attraper au vol ce qu’il a toujours voulu saisir, le mouvement, à ce moment précis la photographie devient le principal allié de son œuvre qu'il ne quittera plus.

En 1954, il rencontre Alex Liberman, directeur artistique de l'édition américaine du « Vogue » qui lui propose un contrat au sein du magazine. Il est l'un des photographes attitrés de Vogue au coté de Richard Avedon et Henry Clarke. Il se rend à New-York et réalise lors de son séjour un sorte de journal photographique qui fait l’objet de son premier ouvrage sous le titre de « Life is Good and Good For You in New York : Trance Witness Revels » publié aux éditions du Seuil en 1956. Le livre dont il a conçu lui-même la maquette, devient très rapidement une référence et un collector, introuvable de nos jours. En 1957 son livre est couronné et est récompensé par le prix Nadar, très vite remarqué, le cinéaste Federico Fellini lui offre un place d’assistant pour le film « les Nuits de Cabiria ». Il part à Rome, le retard du film donne à Klein l'opportunité de réaliser, dans le même esprit que son premier ouvrage sur New York, une série de clichés de la capitale italienne qu’il publie sous le titre de « Rome » en 1959, parallèlement il tourner son premier court-métrage pop « Broadway by Light ».

Au début des années 60, William Klein produit des films pour la télévision française et tourne des émissions comme « Cinq colonnes à la une ». En 1963 à la « Photokina » il est à l'honneur d'une exposition « 30 photographes qui ont fait l'histoire de la photographie ». En 1964 il publie à nouveau deux ouvrages « Moscou » suivie de « Tokyo » qui sont des succès d'édition. A la fin des années 60’, Klein s’éloigne de la photographie pour se consacrer entierement à la réalisation de films. En 1966, il réalise « Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? » qui a initialement peu de succès mais devient plus tard culte. Et enchaine « Loin du Vietnam » en 1967, « Mr. Freedom » en 1969, « Muhammad Ali the Greatest » en 1974, « Le couple témoin » en 1976.

1980 marque son retour à la photographie, il publie de nombreux ouvrages, monographies et catalogues. Klein apparait comme un photographe nouveau, enchainant les expositions au MoMA et à la « Light Gallery » de New York, puis deux autres plus tard au « Centre Pompidou » à Paris. Il collabore avec les journaux le « Sunday 's time », « Libération » et pour la firme «  Leica ». En 1984 il réalise la célèbre pochette de l'album « Love on the Beat » pour Serge Gainsbourg.

En 1990, Il reçoit en Suède le Prix International Hasselblad et en 1991 il se voit décerner au rang de Commandeur des Arts et des Lettres. En 1999 il réalise le long métrage « Le Messie ». En 2002, il publie « Paris+Klein » et une grande exposition, à la « Maison Européenne de la Photographie » sest organisée, rendant hommage autant à l’artiste qu’a sa relation intime qu'il a entretenue avec la capitale française.

En 2005 sa femme et son amour de toujours disparait victime d’un accident de clinique. La même année le Centre Pompidou lui consacre à nouveau une grande rétrospective et coédite avec les éditions Marval, « Retrospective », ouvrage de plus de 400 pages qui retrace travaux photographiques, films et peintures les plus importants du photographe.

Le Grand Prix de l’Institut Américain des Arts lui est attribué en 2007. En 2008, il publie « Contacts », un recueil de ses grandes photographies revisitées par des interventions à la peinture sur des contacts agrandis.

Il réalise 35 films et près de 250 spots publicitaires. Mais également il participe à de nombreux films majeurs tournés par de grand réalisateurs notamment celui de Louis Malle «  Zazie dans le métro » en 1960.






Il s'agit d'un tirage que l'imprimeur avait archivé comme modèle de référence

et contrecollé sur un support afin de pouvoir le préserver au fil du temps.







Un merveilleux témoignage de l'impression d'art traditionnelle qui a totalement disparu de nos jours.
Remarquable tirage, proche d'une photographie, lumineux, contrasté, aux tonalités d'une très belle densité.
Son rendu ainsi que sa définition avec ses détails nets, et sa brillance, sont absolument magnifiques.


« La photo, pour moi, est un moyen de dire ce que je pense de la vie. »  William Klein




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