Text in English, suivi d’une
version Française.
The absolute masterpiece
of anti-exoticism, sad coconut palms after the rain. Elma Taylor (1900-1992) is
a Hawaiian painter whose quality of certain works remains poorly understood and
greatly underestimated. For who has really lived in the islands, this painting
is quite exceptional. It offers a reminiscence of lived realities, far removed
from the standardized images conveyed by the tourism industry - that of
green-blue lagoons, golden sands and postcard coconut palms. In Hitia’a on the
East Coast of Tahiti it rains more than 3.5 meters of water per year on
average. There are often whole days of greyish rain, storms and cyclones. The
coconut palms then appear leached, sometimes gaunt and blackish as in this
painting. Baudelaire wrote "when the low and heavy sky weighs like a cover
on the moaning spirit in the grip of long troubles", and this can also
apply to the humid tropics. But almost always, just before the end of the day,
there is a brief clearing during which we can see the golden light of the
setting sun. This is what this painting expresses, we imagine a lonely woman
left cloistered all day by the rain, which finally stopped for a few minutes at
dusk. The melancholy woman, even depressed, goes out to glean a little light
before dark.
Un chef d’œuvre absolu de
l’anti-exotisme, tristes cocotiers après la pluie. Elma Taylor (1900-1992) est
une peintre hawaïenne dont la qualité de certaines œuvres reste mal comprise et
très sous-estimée. Pour qui a vraiment vécu dans les îles, ce tableau est tout
à fait exceptionnel. Il offre une réminiscence de réalités vécues, bien loin
des images standardisées véhiculées par l’industrie du tourisme – celle des lagons
vert-bleus, du sable doré et des cocotiers de carte postales. A Hitia’a sur la
Côte Est de Tahiti il pleut plus de 3.5 mètres d’eau par an en moyenne. Il y a
souvent des jours entiers grisâtres de pluie, des tempêtes et des cyclones. Les
cocotiers apparaissent alors lessivés, parfois décharnés et noirâtres comme sur
ce tableau. Baudelaire écrivait « quand le ciel bas et lourd pèse comme un
couvercle sur l’esprit gémissant en proie au longs ennuis », et ceci peut s’appliquer
aussi aux tropiques humides. Mais presque toujours, juste avant la fin du jour,
il y a une brève éclaircie pendant laquelle on peut voir la lumière dorée du
soleil qui se couche. Voilà ce qu’exprime ce tableau, on imagine une femme
seule restée cloitrée toute la journée par la pluie, qui s’est enfin arrêtée
pour quelques minutes au crépuscule. La femme mélancolique, voir dépressive, sort
pour grapiller un peu de lumière avant la nuit.