MÉMOIRES D'UN « 75 » (Les), illustré par Louis COMTE

TUDESQ André (1883-1925)

Edité par Editions & Librairie, Paris, 1914

A propos de cet article

Un volume grand in-4, 28 x 19,5 cm ; 1,2 kg ; 256 pages ; 20 gravures sur bois in- et hors texte d'après des dessins de Louis Comte, reliure pleine percaline rouge de l'éditeur, tranches dorées. Reliure et corps d'ouvrage en parfait état de conservation, sans défauts. André Tudesq était un célèbre journaliste, grand reporter, ami intime d'Apollinaire, dont André Billy raconte que lorsque le « Journal » l'engagea comme « grand reporter », ce fut au salaire mensuel de 900 francs, somme modeste, mais avec des frais de déplacement illimités … « je me rappelle de l'éblouissement que nous fit ce chiffre […] la grande vie s'ouvrait pour notre ami, le monde du luxe, des paquebots, des palaces ». Pour couvrir la guerre des Balkans en 1913 et rédiger le sensationnel article « Dans Scutari assiégée » (où il n'a jamais pénétré…) il touchera la somme de 25.000 francs, soit près de 30 fois son salaire nominal ! Lorsqu'il s'agit de masquer une série d'erreurs dans les choix doctrinaux commis avant le premier conflit mondial, on n'hésite pas à mettre en oeuvre un corpus d'opérations de propagande… On conforte ainsi - tout particulièrement au profit de l'arrière - le mythe de la toute-puissance du canon de 75, l'arme de la revanche ! En effet, si ce canon de campagne est assurément une merveille technologique qui surpasse aisément les réalisations contemporaines, tout particulièrement celles de l'Allemagne, il masque les choix malheureux de l'État Major qui reposent presque entièrement sur cette seule pièce. On avait négligé les avertissements de quelques officiers avertis, qui souhaitaient que l'artillerie française se dote également d'obusiers - aptitude au tir plongeant - voire d'une artillerie lourde - aptitude à l'action lointaine avec de graves conséquences dans les débuts du premier conflit mondial. En attendant mieux, toute une série d'opérations de propagande à la gloire du canon de 75 débutèrent dès la fin de 1914 et durant toute l'année 1915. Notre ouvrage, publié au mois de décembre 1914, dont le seul intérêt pour l'histoire de l'artillerie réside dans son très beau cartonnage (Engel) raconte les aventures imaginaires d'une pièce d'artillerie qualifiée de « merveilleuse », au nom évocateur de « Revanche », servies par un style au patriotisme flamboyant : « je revois encore, dans la cour d'honneur des Invalides, le vieux général remué de sanglots, à qui fut remis mon drapeau, notre drapeau. J'entends les clairons sonnant aux champs. Je vois le piquet d'honneur dans la chapelle du vieil Hôtel. » Un morceau d'histoire de France, à l'état de neuf, en édition originale