Par la plume de Pierre Raffin, l’amicale du camion Bernard publie ces quelques réflexions à destination de ses amis, propriétaires de camions Bernard, mais aussi pour tous ceux dont la marque les a toujours intéressés. Elle n’a pas la prétention de présenter un ouvrage historique recensant tous les types de véhicules, ou même l’histoire de l’entreprise et de ses dirigeants puisque tout a déjà été dit ou presque.

L’idée de cet ouvrage est toute simple ; relater quelques souvenirs et réflexions de Pierre, simple chauffeur de poids-lourds dans les années 1950 à 1970, à une époque où la vie au volant de bahuts n’était pas ce que l’on peut imaginer en 2016, et recenser les camions Bernard encore présents. Ceux qui sont rénovés et tous les autres avec, pourquoi pas, la possibilité de mettre en relation acheteurs éventuels, collectionneurs et propriétaires.

L’achat de ces camions n’en serait que plus facilité et rendrait de grands services pour la sauvegarde de ce patrimoine, ou une remise en état au plus proche de la réalité. Le paragraphe "En grand péril" sera très utile !

La naissance d’une longue passion pour les camions. Comme les choses ont changé depuis soixante-cinq ans ! Le jour où j’ai passé mon permis de conduire (PL et Vl), je me suis présenté avec le camion que je conduisais déjà, un Delahaye 6 cylindres essence, volant en bois et conduite à droite. Le système de frein était à câbles, la batterie était sous le siège et il fallait le plus souvent utiliser la manivelle pour le mettre en route. L’examen de conduite se passait alors rue de la Jonquière, dans le 17ème arrondissement de Paris. La circulation y était pratiquement nulle, idem pour le stationnement (de nos jours tout est bloqué par les voitures). Je livrais à l’époque des bouteilles d’eau de javel (épiceries-drogueries) et je profitais donc d’une livraison pour me présenter au permis. Je conduisais depuis au moins un an mais, n’ayant pas les 18 ans requis, je ne possédais pas encore le fameux papier rose. L’examinateur est monté en cabine, on a fait 100 mètres, il m’a demandé la largeur d’un camion, au café du coin on a pris un verre de vin blanc et je suis reparti avec le permis en poche (je ne connaissais pas le code, ou très peu). Sur ce Delahaye, j’ai cassé la direction à Asnières S/Seine et pris de nombreux retours de manivelle. Quant aux freins, n’en parlons pas !