portrait de 

Marie Delna 

gravure exécutée en 1897

Dimensions toute la feuille 27x18 centimètres

Document authentique et original du XIXe siècle 

Marie DELNA
La voix de pourpre et d’or, ainsi la qualifiait Charles Gounod,

La cantatrice Marie Delna, de son vrai nom Marie Ledant, naît à Paris, 42 rue Vieille du Temple le 3 avril 1875, dans une modeste famille d’ouvriers à domicile. Son père Alphonse Théodore est bijoutier, sa mère Lucie Nigon, chapelière. Celle-ci décède alors que la petite fille n’a que 15 mois. Marie et sa soeur Louise sont recueillies par leur grand-mère maternelle, Marie-Louise Lacroix, veuve remariée de Charles Nigon, tailleur de pierres, qui vit chichement à Longjumeau avec son fils et les deux enfants de son second mari Charles Lacroix. En 1881, la terrible crue de l’Yvette submerge tout le bas de Longjumeau et rend leur vie encore plus difficile. Marie, à sept ans, est recueillie par ses grands parents maternels, les époux Ledant, qui viennent d’acquérir à Meudon le fonds d’un petit restaurant situé près de la station de chemin de fer, le Café du Panorama. Marie est éduquée chez les soeurs de la Présentation à la Vierge où sa voix précoce fait merveille dans le choeur de l’Institution. C’est au Café du Panorama qu’un peintre paysagiste, Eugène Baudoin va découvrir le talent vocal de Marie, et la convaincre d’abandonner ses projets de prise de voile pour se consacrer au chant lyrique. Elle n’a que quinze ans lorsque Rosine Laborde, le célèbre professeur des divas, en l’entendant s’écrie “C’est la Malibran que vous m’amenez-là !” et l’accueille gratuitement à son cours. Vingt mois plus tard, Carvalho, directeur de l’Opéra Comique l’auditionne et l’engage sur le champ. Peu après, il lui donne sa chance dans le rôle de Didon des “Troyens à Carthage” d’Hector Berlioz. Marie Ledant, qui devient Delna, n’est encore jamais montée sur scène. Elle venait à peine d’entamer l’air “Chers Tyriens” au premier acte que “s’élevèrent de toutes parts d’unanimes acclamations qui, pendant un long moment, contraignirent l’orchestre à s’arrêter... C’est que jamais voix plus rare, plus homogène et plus étendue, d’un timbre plus riche et plus coloré, jamais déclamation plus noble et plus pure ne s’étaient fait entendre. Une minute venait de suffire pour consacrer la gloire d’une enfant de dix sept ans. La suite de sa carrière va confirmer ce début triomphal. Après Didon, elle enchaîne trois créations : les premières parisiennes de “Werther” de Massenet rôle de Charlotte) et « Falstaff » de Verdi (rôle de Mistress Quickly) et la première mondiale de “L’attaque du Moulin” de Bruneau (rôle de Marceline). C’est pour elle que Benjamin Godard écrira sa dernière oeuvre “La Vivandière”. Ce personnage de Marion, la vivandière au grand coeur, lui tiendra presque lieu de seconde identité. Elle va rester à l’Opéra Comique jusque fm 1896 et y chanter Orphée de Gluck et Zerline du “Don Juan” de Mozart. Elle entre à l’Opéra et y triomphe dans le rôle de Fides du “Prophète” de Meyerbeer. Elle y sera successivement Dalila, Léonore de « La Favorite », Cassandre de « La prise de Troie » de Berlioz,, Guinèvre de « Lancelot » de Victorin de Joncières, puis reviendra à l’Opéra Comique pour chanter Marianne de “L ‘Ouragan” de Bruneau. En 1903, elle chante “Carmen” au Théâtre de la Monnaie quand elle tombe amoureuse et, en pleine gloire, quitte la scène, se marie, met au monde une fille et se fixe à Bruxelles jusqu’en 1907, date de son retour au théâtre pour une saison triomphale au Théâtre Lyrique de la Gaîté. Après une tournée qui la conduit jusqu’aux Etats-Unis, elle s’éloigne à nouveau de la fin de 1912 jusqu’à la guerre de 14. Pendant la guerre elle chante pour les blessés et, en 1919, achète à Montmorency un hôtel particulier.
La fin de sa vie est triste, des spéculations malheureuses l’ont ruinée. Elle vend son hôtel et se réfugie à Villemomble. Son mari et sa fille la quittent. Elle reste seule et meurt dans la gêne à l’hôpital de la Pitié, le 24 juillet 1932. Elle est enterrée au Père Lachaise