Photogravure, vue de Paris, Laure Albin GUILLOT, 1945
Vue tirée de Splendeur de Paris Laure Albin GUILLOT (1879 - 1862), Photogravure en noir et blanc, issue de l'ouvrage Splendeur de Paris, exmplaire 418/700, préface de Maurice Garçon.
Imprimée par Desfossés Néogravure et éditée par les Ateliers d'Impressions et de Cartonnages d'Art.
Date : 1945
État : En bon état.
Dimensions : H.397mm x L.295mm
"Modèle de
réussite d’une femme photographe, Laure
Albin Guillot a joué un rôle de passeur entre deux générations
artistiques : celle des pictorialistes, mouvement artistique qui veut
rapprocher la photographie de la peinture, et, dès les années 1920, celle de la
Nouvelle Vision, groupe de photographes tournés vers la modernité. Vers 1901,
sous l’influence de son mari médecin, cette musicienne et dessinatrice réalise
de nombreux clichés de préparations microscopiques de cristallisations et de
cellules végétales, qu’elle appelle « micrographies ». Dans un style
pictorialiste, elle photographie aussi des paysages, en obtenant un flou léger
et vaporeux avec les objectifs Eidoscope et Opale, et soigne particulièrement
ses tirages en effectuant des recherches sur les papiers photographiques. Elle
commence aussi à photographier sa famille et son cercle d’amis. Très vite
reconnue comme portraitiste professionnelle, elle défend le portrait dit
« psychologique » : le photographe Emmanuel Sougez, chef de file
de la « photographie pure », louera sa sensibilité. Après le décès de
son mari en 1929, elle vit de ses commandes de portraits, mais aussi de la
photographie de mode et de la photographie publicitaire dans laquelle elle se
montre pionnière. Comme nombre de photographes de l’entre-deux-guerres, elle
mène de front une activité commerciale rentable et une activité créatrice
intense.
Œuvrant pour la reconnaissance de son art dans les années 1930, elle fonde la
Société des artistes photographes en 1932, obtient avec E. Sougez la création
de la section photographique de l’Exposition internationale de Paris de 1937 et
projette même la fondation d’un musée de la photographie dans le nouveau
Trocadéro. Comme le montre son travail du nu, l’artiste passe d’une esthétique
pictorialiste à une esthétique moderniste avec intelligence. Au début des
années 1920, elle réalise des nus féminins aux poses et aux cadrages
classiques. Mais, entre 1927 et 1934, elle évolue formellement en travaillant
les blancs et les cadrages. En outre, elle est, dans les années 1930, l’une des
rares photographes à aborder le nu masculin hors du cadre sportif ou
allégorique. Dans l’exposition Portraits d’hommes (galerie
Billiet-Vorms, Paris, 1935), elle présente des nus audacieux en même temps que
des portraits classiques. Ses photographies sont publiées dans Arts et métiers
graphiques (1927), dans Vu (1928), et elle participe au premier
Salon des indépendants de la photographie, dit « Salon de
l’escalier » (1928), aux côtés, notamment, d’André Kertész.
Premier salon à se tenir hors de la tutelle de la Société française de photographie (SFP), cette manifestation, qui marque la reconnaissance de la Nouvelle Vision et se présente comme l’héritière d’Eugène Atget et de Nadar, fait la part belle aux artistes cosmopolites et aux femmes. En 1931, le livre de la photographe, Micrographie décorative, qui conjugue science et art en rassemblant 20 planches parmi des centaines de micrographies, devient, malgré son modeste tirage, un ouvrage phare. Outre son exceptionnelle qualité d’impression et la « grande puissance d’évocation » de « ces compositions abstraites, régulières et souvent géométriques », c’est un « nouveau vocabulaire esthétique » qui s’élabore, selon l’historien de la photographie Christian Bouqueret. Dans les années 1930, la photographe appartient donc pleinement au mouvement de la Nouvelle Vision aux côtés de Germaine Krull ou de Florence Henri. Comme l’a montré C. Bouqueret, « la publicité aide de façon décisive la Nouvelle Photographie à percer ». L. Albin Guillot réalise ainsi des images avec de gros plans très nets pour les entreprises Renault et pour le magasin Le Bon Marché. Première à défendre ce type de photographie moderne, elle publie Photographie publicitaire (1933). En 1934, elle collabore avec l’écrivain Paul Valéry pour l’édition illustrée du Narcisse, et ses 14 planches de nus masculins rencontrent un franc succès. Elle travaille ensuite avec Pierre Louÿs (Les Chansons de Bilitis, 1937), avec Montherlant, et illustre les Préludes de Claude Debussy. Pionnière, elle ouvre la voie à de nombreuses photographes qui débutent dans les années 1930, comme Yvonne Chevalier, Ilse Bing, Ylla ou Rogi André."
(https://awarewomenartists.com/artiste/laure-albin-guillot/)