THERESE BENTZON

1840-1907

 

Née à Seine-Port, elle est la fille d’Edouard von SOLMS, Consul à Wurtemberg et d’Olympe BENTZON, d’origine danoise – Son grand-père le Général Comte de Bentzon fut Gouverneur des Antilles danoises. La famille conserva des intérêts aux Antilles et le père de Thérèse y mourut quelques mois après la mariage de sa fille, en 1856, avec le banquier Alexandre BLANC, mariage qu’il avait personnellement arrangé. Le mariage de Thérèse qui suivit son époux en Dauphiné à Vienne ne fut pas heureux et ils se séparèrent après trois ans. Ils avaient un fils, Edouard, né en 1858 [Enfant brillant, diplômé à la fois de Polytechnique, Saint Cyr et Ecole Normale ! Il fit une carrière d’ingénieur, construisant le chemin de fer transsaharien en Tunisie et durant 15 ans le chemin de fer transcaspien en Russie. Il fut aussi un voyageur, voire explorateur, puisqu’il fut le premier français à pénétrer au Turkestan chinois. C’était un personnage excentrique, célèbre pour sa distraction, qui fréquenta aussi bien le Tout Paris que les apaches de Montmartre. Il mourut en 1923] - Elle retourna vivre avec son fils auprès de sa chère mère et ne la quitta plus jusqu’à sa mort (1887) – Cette mère se remaria assez rapidement avec le Comte Antoine d’Aure, Grand Ecuyer de Napoléon III. Olympe goûtait peu la Cour mais était très appréciée de l’Empereur – Antoine d’Aure adorait sa belle-fille qui le lui rendait bien (c’est ce qui explique son attachement aux Bonaparte que nous verrons dans sa correspondance). C’est lui qui lui fit connaître George SAND – La femme de lettres se prie d’amitié pour cette jeune femme très douée pour les langues (de famille cosmopolite, elle fut élevée de plus par une nurse anglaise). Elle l’invita à Nohant et elles correspondirent. Décelant un sens critique sûr chez Thérèse, George la présenta à BULOZ, le directeur de La Revue des Deux Mondes. Elle fut engagée en 1872 dans cette prestigieuse maison de presse comme critique, tout en ayant soin de signer Th. Bentzon, laissant penser au lecteur que l’auteur était « Théodore ». Très peu de femmes contribuèrent à La Revue des Deux Mondes et toutes signèrent d’un pseudonyme masculin. Au fur et à mesure de sa collaboration, elle put faire paraître dans la revue quelques travaux personnels. Elle réussit à convaincre Buloz de l’intérêt d’une grande étude sur les mœurs américaines. La curiosité pour ce pays à la mode attirerait les lecteurs, elle parlait la langue, avait des contacts sur place, s’était révélée une femme progressiste mais raisonnable… Fin 1893 elle fut missionnée par La Revue des Deux Mondes pour partir et livrer « comment une européenne voit l’Amérique ». Il s’agissait surtout de rendre compte de la condition des femmes. Le récit, celui d’une femme voyageant seule, paru dans la revue en 1894 eut un grand succès. Sa publication à la suite chez Calman-Lévy sous le titre Les Américaines chez elles n’eut pas moins de 8 éditions. Thérèse laissa un tel souvenir aux Etats-Unis qu’aucun américain connu ne visitait Paris dans les années suivantes sans se présenter chez elle. Elle fit autorité en France sur toutes les questions touchant le mouvement social et intellectuel aux Etats-Unis.

 

Manuscrit écrit de sa main (non signé), 15 pages in-8, avec ratures et corrections, intitulé « Roulement de tambour » - Il s’agit d’une nouvelle en français d’après celle de Miss Margaret W. HIGGINSON, qui fut à l’origine publiée dans la revue américaine Outlook – En préface, Thérèse précise que « ces quelques pages touchantes sont écrits par une très jeune personne, Miss Margaret Wald Higginson, fille du Colonel Higginson, l’un des hommes représentatifs des Etats-Unis » [militant abolitionniste] – « Elles semblent dédiées aux femmes et aux jeunes filles du monde qui de plus en plus prennent chez nous l’habitude de visiter les hôpitaux et les dispensaires, d’apporter surtout aux enfants malades l’aumône d’un peu de plaisir et de superflu »