Boris VIAN (1920.1959)

 

Manuscrit autographe. Zizi Jeanmaire chante Guy Béart.

Deux pages in-4° sur papier à carreaux. 

Deux trous de classeurs en marge, sans atteinte au texte.

Slnd (1957).

 

 

« Le tout devient particulièrement brillant entre les mains, si l’on peut dire, de Zizi. »

 

Amusant manuscrit de Vian, admiratif du talent de Zizi Jeanmaire à l’écoute de son disque crée par Guy Béart.

 

 

Zizi Jeanmaire chante Guy Béart. Mon dictionnaire me l’a dit, le « zizi » ou « zitzil », est un colibri piqueté. Et Carl Sandburg, dans un conte célèbre, nous a parlé des « zizzies », ces petites bêtes bizarres qui mettent en zigzag tout ce qu’elles touchent, même les rails de chemin de fer. Zizi Jeanmaire tient des deux : elle a l’éclat du colibri, ses dimensions, sa perfection et son plumage, et puis aussi la malice des zizzies quand elle vous met le cœur en vrille avec ses roucoulades canailles. Elle a joué une partie très dure : elle s’est présentée devant le grand public avec un tour de chant tout neuf ; elle risquait tout, elle a tout gagné. Parmi les plus remarquées des chansons de son répertoire figurent celles de Guy Béart ; ingénieur des Ponts et Chaussées, ce qui lui donne une assise solide, Béart construit des chansons également solides ; mais il doit avoir un certain goût, lui aussi, pour les zizzies qui font des zigzags avec les ponts et les routes, et l’insolite se mêle au solide. La Corde au Cou, c’est l’insolite ; la Brave fille c’est le solide ; le tout devient particulièrement brillant entre les mains, si l’on peut dire, de Zizi. Du reste, Zizi chante avec sa voix et ses mains, c’est entendu, mais aussi avec tout son corps ; c’est pour ça que ça vous remue comme ça de l’entendre : on la voit avec ses oreilles … ça explique tout. »