COLETTE, Sidonie-Gabrielle.

Lettre autographe signée, le 24 mars 1915, 5 pages in-8 : 181 x 134, sur papier à lettre bleu et beige, accompagnée de son enveloppe timbrée.


Belle et foisonnante lettre de Colette à son amie Marguerite Moreno. Colette est malade, seule à Paris avec sa petite fille de 2 ans : « J’ai la grippe depuis… depuis que je ne t’écris plus. Tu comprends, les premiers symptômes de cette grippe, déclarée depuis 48 heures, m’ont empêchée de t’écrire depuis n mois. O Moreno toi-même indigne ! j’attendais la fin de la guerre. J’aurais aimé t’écrire : « ouf ! c’est fini, ça va mieux. » Seulement comme j’ai besoin que tu m’écrives, je déroule mes anneaux, mes anneaux grassouillets, et je viens quêter une lettre. »

Dans cette missive, s’invite le spectre de la Grande Guerre à travers l’attente du retour de son époux (Sidi) : « Sidi ? je l’attends. Nous sommes suspendus, lui et moi, à une fallacieuse permission de huit jours, qu’on lui tend et lui retire, comme une dragée au bout d’un fil. Ça me dégoute. Mapauvre Sultane-à- Moustaches … Robert, son frère, se conduit magnifiquement. Cité à l’ordre de son régiment, en passe d’être nommé sergent, spécialité de reconnaissance dangereuse accomplies tout seul, c’est un très chic enfant. » Henri de Jouvenel sera blessé, Colette partira alors incognito sur le front pour retrouver son époux. De ce voyage en enfer, elle ramènera des chroniques poignantes qui seront publiées notamment dans le journal Le Matin.Elle évoque son professeur et complice de mime Georges Wague : « Les ??? ? ils répètent. C’est ce qu’on peut dire de plus agréable, pour eux, - et pour nous, puisqu’on va se rincer les conduits, comme dit Wague, avec une pièce nouvelle. J’ai trop de choses à te dire. J’éclate. Et c’est pour çaque je ne te dis rien. »

Trace d’onglets en marges des feuillets et de l’enveloppe.