Les plats dis aux bateaux sont très présents en Méditerranée depuis l’antiquité puis au moyen-âge. L’un des plus anciens modèles datant du Xème siècle a été découvert à Bahnassa en Egypte, il est actuellement au musée du Caire (inv 7900).

L’iconographie du plat que je vous présente est aussi totalement semblable à ceux en céramique siliceuse d’Iznik. Cette ville utilise ce décor depuis le XVIe siècle. On notera également des productions andalouses du XIVe et XVe siècles.

Il semblerait vraisemblable qu’un peintre sur céramique ottoman soit venu s’installé à Fès au XVIIIe, introduisant ce type de production.

Cette iconographie peut être considérée comme particulière dans des pays régis dans la mouvance de l’islam sunnite qui interdit la représentation des choses et des êtres vivants. Si ce thème survivra malgré tout dans le temps, il continuera d’être accompagné d’autres décors plus conformes ; entrelacs, festons, feuilles d’acanthe, rinceaux, lettres coufiques stylisées etc..

Les potiers de Fès fabriquaient leurs propres oxydes colorants et ils en gardaient jalousement le secret. Ils utilisaient cinq couleurs au maximum : le bleu, le jaune, le brun, le vert, le tout sur fond d’émail blanc. 

La proximité de l’Algérie et la conquête de celle-ci favorisa l’arrivée en France au XIXe de ce type de plats qui fut vite très recherché par les collectionneurs.

Plat en terre cuite faïencé, défauts de cuisson au naturel (retraits), on notera une légère égrenure sur le bord. Trois traces de pernettes sur le fond du plat et sous le talon (empilage de cuisson). Craquelure de l’émail due au temps passé de la vitrification. Pièce XVIIIe de très belle qualité.