D'après Wikipédia.
L'Art déco est un mouvement artistique né au cours des années 1910 et
qui a pris son plein épanouissement au cours des années 1920 avant de
décliner dans les années 1930. Il fut extrêmement vivace surtout dans
les Arts décoratifs, l'architecture, le design, la mode et le costume,
mais concerna en fait plus ou moins toutes les formes d'arts
plastiques. Il est le premier style à avoir eu une diffusion mondiale,
touchant principalement la France, la Belgique, tous les pays
anglo-saxons (Royaume-uni, États-Unis, Canada, Australie,
Nouvelle-Zélande, Inde, Philippines, etc.), ainsi que plusieurs villes
chinoises telles Shanghai ou Hong Kong.
Le style Art déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts
Décoratifs et industriels modernes qui se tient à Paris en 1925.
Vocabulaire prenant des formes différentes selon les régions, les
architectes et leurs clients, son unité stylistique tient à l'emploi de
la géométrie (et à la géométrisation) à des fins décoratives.
Sans leader véritable, ni théorie, ce style fut critiqué dès ses
premières années pour sa superficialité. Il était particulièrement
employé pour tous les édifices devant valoriser l'image de son
commanditaire ou évoquant les loisirs : l'architecture commerciale
(boutique, siège social, etc.), les théâtres et cinémas mais aussi
l'architecture domestique (le décor servant de signe de distinction
sociale). Touchant d'abord les classes les plus aisées, il se propagea
rapidement dans l'ensemble du corps social et devint très populaire.
Les sources de l'Art déco doivent être recherchées dès les années
1900-1910.
Un mouvement de réaction contre
l’Art nouveau apparaît dès le début du
siècle en France, et encore plus tôt à l’étranger comme en Belgique, en
Allemagne, aux Pays-Bas, etc. : certains qualifient déjà les formes Art
nouveau de « molles » ou encore de « style nouille » (nou). Ils
s’orientent dès lors vers des lignes simples, des compositions
classiques et un emploi parcimonieux du décor. Ce désir de retour à
l'ordre, à la symétrie et à la sobriété prend différentes expressions
selon les pays.
En Autriche, par exemple, la ligne ondoyante des premiers temps de
l'Art nouveau est rapidement remplacée par un réseau de lignes
orthogonales et les volumes simples sous l'influence de l'architecte et
designer écossais Charles Rennie Mackintosh. Josef Hoffmann, Koloman
Moser, Otto Wagner et les Wiener Werkstätte sont les artistes
emblématiques de cette tendance.
Le hasard d'une commande passée à Hoffmann introduit cette évolution à
Bruxelles, grande ville Art nouveau s'il en est, dès 1905-1911 : le
palais Stoclet impose ses volumes simples et blancs au bord de l'une
des artères principales de la capitale belge. Les intérieurs, connus
par photographies, mobilisent l'ensemble des Wiener Werkstätte et le
peintre Gustav Klimt.
En
France, les premiers signes de cette volonté de changement sont
perceptibles dès les années 1900. En 1907, Eugène Grasset publie une
Méthode de composition ornementale qui donne la part belle aux formes
géométriques et à ses déclinaisons et tranche avec la liberté ondoyante
du style Guimard, si prisé à Paris quelques années plus tôt. L'année
suivante, Paul Iribe dessine
pour Paul Poiret un album de mode dont
l'esthétique frappe le milieu parisien par sa nouveauté. Troisième
événement important, le Salon d'Automne de 1910 voit l'invitation des
artistes munichois qui depuis plusieurs années avaient adopté des
formes strictes et dépouillées. Autour de 1910, les décorateurs
français André Mare et Louis Süe font eux aussi évoluer leur style vers
davantage de rigueur et de retenu. Enfin, entre 1910 et 1913, a lieu le
chantier du théâtre des Champs-Élysées, autre signe du changement
esthétique radical que connaît le milieu parisien d'alors. D'abord
confiés à Henry Van de Velde, la conception et le chantier reviennent
rapidement à Auguste Perret. La composition rigoureuse de la façade et
la place mesurée laissée au décor frappent les esprits lors de
l'inauguration en 1913.
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Gustav
KLIMT
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Ces évolutions sont résumées en 1912 sous la plume d'André Vera. Son
article Le Nouveau style, paru dans la revue L'Art décoratif, exprime
le rejet des formes Art nouveau (asymétriques, polychromes,
pittoresques, qui excitent davantage les sentiments que la raison), et
appelle à une « simplicité volontaire », à une « matière unique » et à
une « symétrie manifeste ». La fin de l'article exhorte les artistes à
s'inspirer du classicisme du XVIIe siècle marqué par « la clarté,
l'ordre et l'harmonie » et à reprendre le fil de l'histoire des styles
français à partir de la période Louis-Philippe, sans pasticher. Les derniers mots de Vera décrivent deux
thèmes qui seront omniprésents
dans le futur style Art déco : « la corbeille et la guirlande de fleurs
et de fruits ».
L'influence
de la peinture ne doit pas être négligée dans l'explication
de ces évolutions. Ces années 1910 sont le moment de diffusion et
popularisation du fauvisme et plus encore du cubisme. Les peintres de
la Section d'or exposent des œuvres souvent plus accessibles pour le
public que ne l'étaient celles des Picasso et Braque de
Auguste PERRET |
la période du
cubisme analytique. Les thèmes (sport, ouvrier, etc.) et les couleurs
chatoyantes tranchent avec les natures mortes fragmentées et
avant-gardistes des pionniers du mouvement. Le vocabulaire cubiste est
mûr pour séduire les créateurs de mode, de mobilier et de décoration
intérieure.
Enfin, le Paris des années 1910 découvre les ballets russes de Serge
Diaghilev, mêlant danse, musique, et peinture, inspirés des « Mille et
une nuits », ils sont une invitation au luxe et à l'exotisme; les
costumes sont créés par Léon Bakst et bien d'autres. D’où la mode des
éventails, des plumes, des jets d’eau, des couleurs vives. Les couleurs
insolites s’imposeront dans le décor et le mobilier : on verra des
boudoirs aux murs orangés, des salons tendus de noir.
Ordre,
couleur et géométrie : l'essentiel du vocabulaire Art déco est
posé.
Les
années folles
La Première Guerre mondiale a profondément blessé les économies et
sociétés française et allemande. Tandis que l'Allemagne des années 1920
est assommée sous les coups de la défaite et d'une grave crise
économique (dont témoigneront les artistes de la Nouvelle Objectivité),
la France voit son économie repartir. Les crises monétaires de 1924 et
1926-1927 n'entament pas une progression qui culminera en 1930.
Cette reprise ne peut faire oublier les difficultés sur le terrain. Les
villes détruites avaient besoin d'être reconstruites (telles Reims et
Saint-Quentin par exemple, détruites à 80 % pendant la guerre, qui
seront reconstruites en grande partie dans un style architectural Art
Déco). Par ailleurs, l'instabilité monétaire génère une hausse des prix
constantes jusqu'en 1927 et la législation sur les loyers cause une
forte crise du logement pour les classes populaires et moyennes.
Mais le début des années 1920 voit aussi les manifestations de la
fortune intacte des classes les plus aisées. À Paris, comme dans les
grandes villes de province, les commentateurs de l'époque observent la
construction de riches immeubles de rapport, villas et hôtels
particuliers. Autant de chantiers prolifiques pour les artistes
décorateurs et les architectes Art déco. |
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