D'après Wikipédia.
« Le fauvisme est
venu du fait que nous nous placions tout à fait loin
des couleurs d'imitation et qu'avec les couleurs pures
nous obtenions des réactions plus fortes. »
Henri Matisse.
Le fauvisme est
un courant de peinture du début du XXe siècle. Tiré
d'une expression du journaliste Louis Vauxcelles, il
débuta historiquement à l'automne 1905, lors du Salon
d'automne qui créa scandale, pour s'achever moins de dix
ans plus tard, au début des années 1910. En fait, dès
1908, il est déjà à son crépuscule. Son influence marqua
néanmoins tout l'art du XXe siècle, notamment par la
libération de la couleur. Le précurseur du fauvisme
était Henri Matisse, mais d'autres artistes, comme André
Derain, Maurice de Vlaminck ou encore Georges Braque en
ont fait partie.
Dans un article "le
Salon d'automne" publié dans le Gil blas le 17 octobre
1905, Vauxcelles décrit le salon salle par salle. Il
écrit notamment "Salle N°VII MM. Henri Matisse, Marquet,
Manguin, Camoin, Girieud, Derain, Ramon Pichot. Salle
archi-claire, des oseurs, des outranciers, de qui il
faut déchiffrer les intentions, en laissant aux malins
et aux sots le droit de rire, critique trop aisée.
[.....] Au centre de la salle, un torse d'enfant et un
petit buste en marbre, d'Albert Marque, qui modèle avec
une science délicate. La candeur de ces bustes surprend
au milieu de l'orgie des tons purs : Donatello chez les
fauves".
Le fauvisme est
caractérisé par l'audace et la nouveauté de ses
recherches chromatiques. Les peintres avaient recours à
de larges aplats de couleurs violentes, pures et vives,
et revendiquaient un art fondé sur l'instinct. Ils
séparaient la couleur de sa référence à l'objet afin
d'accentuer l'expression et réagissaient de manière
provocatrice contre les sensations visuelles et la
douceur de l'impressionnisme.
Les sources et
objectifs du fauvisme
Plusieurs influences communes peuvent être
reconnues dans les œuvres de ses artistes.
Nous assistons, aux alentours de 1900, à un
retour imposant de la couleur qui s'avèrera
d'autant plus violent que cette couleur semble
avoir difficilement supporté l'éclipse assez
courte que lui ont fait subir les nabis. Les
conceptions lumineuses du « pleinairisme »
ensoleillé des impressionnistes se sont effacées
devant les faibles éclairages de la lampe des
Nabis. Des scènes d'intérieur, des tonalités
volontairement assourdies et fidèles au jeu de
nuances timides et discrètes, de grands aplats
colorés, de radieuses illuminations,
d'éclatantes architectures, des scènes de
famille sagement bourgeoise à travers la lumière
factice du jour venue de fenêtres disparaissant
sous des rideaux...
Les impressionnistes constituent la
première source. Leurs touches particulières,
qui juxtaposent des couleurs pures au lieu de
les mélanger, laissant à l'œil du spectateur le
soin d'effectuer un travail de recomposition,
sont reprises par Matisse, qui fut élève de Paul
Signac à l'été 1904, et qui les transmet à son
tour à Derain. Luxe, calme et volupté (1904) en
est un exemple emblématique. Manguin lui-même
est à la fois proche de Matisse et de Signac ou
Cross, peintres divisionnistes s'il en est,
tandis que Camoin fait directement référence à
Manet par la concision de son dessin.
Les couleurs cristallines
impressionnistes sont également reprises,
notamment par Manguin, dont la palette est
dominée par des tons jaunes et orangés lumineux.
Raoul Dufy, quant à lui, reprend fréquemment le
thème de la Rue Montorgueil de Monet, dans
ses 14 juillet au Havre ou
rue pavoisée. Le déploiement des drapeaux en
travers de la rue est prétexte au déploiement de
la couleur, ce que Monet avait déjà remarqué, et
que Marquet avait utilisé la même année (14
juillet au Havre). Néanmoins, la composition,
avec les lignes des drapeaux qui
s'entrecroisent, est très novatrice. |
Henri Matisse
|
C'est, de ce fait, une
revanche forte des couleurs, des lumières et du plein
air qui va éclater et qui va entrainer dans la peinture
des bouleversements dont il est alors difficile de
prévoir les conséquences. C'est donc au Salon d'Automne,
alors qu'une salle avait été réservée aux œuvres du
nouveau groupe d'artistes, que les mots de : « scandale,
fumisterie, démence, ignorance » avaient accueilli les
tentatives tumultueuses de ces jeunes gens. Le critique
Louis Vauxcelles, parlant de la petite tête d'un enfant
d'inspiration florentine, œuvre du sculpteur Marque, la
désigna comme : « Donatello au milieu des fauves ».
Cette expression fit fortune et fut utilisée pour
définir ce mouvement de Fauvisme.
De très jeunes peintres, quelque époque à laquelle ils
appartiennent, n'ont jamais rejeté cette parole de
l'Écriture : « Il faut tuer ce qui nous précède ». Or,
c'est aux alentours de leur vingtième année et sur leurs
professeurs que ces jeunes fauves se firent leurs
premières dents. À la suite d'une sorte de hasard,
l'Académie Julian et l'École des Beaux-Arts virent les
apparitions successives de Marquet, Rouault, Camoin,
Manquin, Dufy, Braque et à l'atelier Carrière celles de
Matisse, Puy, Derain, Laprade, Chabaud parmi les plus
valeureux du groupe.
Dufy, Marquet, Mérodack-Jeanneau ou Girieud utilisent
plutôt la technique de Gauguin, avec de grands aplats.
Matisse et Derain n'hésitent pas non plus à s'en servir,
et oscillent parfois entre les influences pointillistes
et de Gauguin. Dans Japonaise au bord de l'eau Matisse
montre cette hésitation, en utilisant des touches assez
longues quoique distantes l'une de l'autre, et même, à
certains moments, des aplats. De même, Derain compose
parfois ses toiles avec de larges rubans de couleurs (Le
faubourg de Collioure, 1905), alors que, dans des œuvres
contemporaines (Bateaux dans le port de Collioure,
Effets de soleil sur l'eau), il n'utilise que de petites
touches juxtaposées.
Le style de Gauguin se retrouve dans un autre élément :
l'utilisation du cerne autour des personnages. Celui-ci
est particulièrement visible dans la danse d'André
Derain (1906).
André Blondel |
Il
est
également important de souligner l'influence que
Louis Valtat (1869-1952) eut auprès de Matisse
et des futurs fauves, Rouault, Marquet, Camoin,
Manguin, Puy et quelques autres qui suivaient en
1896 l'enseignement de Gustave Moreau à l'École
des Beaux Arts de Paris. Valtat présenta
d'ailleurs, aux côtés de Kandinsky et Jawlensky,
cinq peintures dans la salle XV du Salon
d'automne de 1905 ; mais dès le Salon des
Indépendants de 1896, il exposa des peintures
réalisées à Arcachon durant l'hiver 1895-1896,
ainsi que quatre-vingts aquarelles, des dessins
et des bois gravés qui comprenaient déjà des
caractéristiques du fauvisme : des couleurs
pures, des formes simplifiées, des perspectives
abolies et des ombres supprimées. Matisse serait, dans
son enthousiasme prononcé pour la couleur et
pour la matière, à l'origine de ce mouvement. Il
s'attache à lui seul à développer en profondeur
certaines données du Fauvisme, notamment lorsque
ses compagnons de la première heure abandonnent
la nouvelle esthétique pour retourner à des
conceptions plus traditionnelles. L'influence de
Matisse, autant en France qu'à l'étranger, sur
sa génération autant que sur les suivantes, est
due à l'universalité d'un art prestigieux qui
déborda largement les données propres du
Fauvisme plutôt qu'à sa position de chef
d'école. C'est sous la conduite de Matisse et
aussi sous l'influence de Van Gogh que les
futurs fauves (Vlaminck, Derain, Manguin...)
expriment dans leurs envois au Salon d'Automne
un farouche et virulent enthousiasme pour les
joies dynamiques des tons les plus crus.
Tout de même conscients de cette
fragilité de la couleur, ils réagissent contre
un Impressionnisme auquel ils reprochent comme Cézanne, Renoir ou
Gauguin son manque de
structure, son refus de la notion de permanence.
D'autre
part les fauves se proposent d'imaginer une
réalité plus authentique que celle des
apparences, construite solidement par les tons
purs. Cette imagination de la réalité a comme
source selon Matisse : des chocs émotifs,
survenus comme des coups de foudre ou autres
images dans le cerveau du Poète. La nouvelle
esthétique s'appuie sur des thèmes précis comme
l'opposition aux nuances de la palette
impressionniste, le goût du monumental, le refus
de l'évocation réaliste de la nature et les
recherches de transpositions de la couleur. On
trouve des visions féériques et multicolores de
ciels verts, de fleurs rouges vermillon,
d'arbres couleur citron, de visages vert
émeraude et ceci, dans l'intention de substituer
aux harmonies mesurées mais conventionnelles de
l'écriture traditionnelles, des polyphonies
colorées par l'emploi de la couleur telle que
sortie des tubes que Derain comparera à des
cartouches de dynamite. |
Cézanne aussi est une source
d'inspiration importante. Dans La Gitane de 1905, peinte
à Saint-Tropez 1, Matisse reprend ainsi la
géométrisation du corps des personnages caractéristique
du solitaire d'Aix. Derain quant à lui s'en inspire dans
La danse, pour mener sa réflexion sur la place de la
figure humaine dans un paysage, autant que dans Les
baigneuses de 1907, pour styliser ses figures. De même,
la composition du Port de Collioure, très réfléchie,
fait beaucoup penser à Cézanne.
Chez
Vlaminck,
c'est plutôt l'héritage de Van Gogh que l'on retrouve,
comme le montre Partie de campagne réalisée en 1907.
Bien qu'hostile aux institutions muséales, il avait
découvert cet artiste lors d'une exposition en 1901 chez
Bernheim-Jeune, ce qui avait définitivement orienté sa
carrière vers la peinture. C'est d'ailleurs à cette même
exposition que Derain le présenta à Matisse.
"Je ne vais jamais
au musée, j'en hais l'odeur, la monotonie. Je
déteste le mot " classique". La science me fait
mal aux dents. " (M. Vlaminck)
Cette
phrase est révélatrice de l'état d'esprit de
l'artiste. Il a d'ailleurs toujours refusé de
passer pour tel et décida de se former lui-même.
Il aime les séduisantes imageries pour leur
évocation haute en couleurs, leurs oppositions
décidées, pour ce lyrisme léger. Son sentiment
de la nature s'affirme aussi comme condition
populaire. Sa nature est romancée. Derain le
qualifiait comme étant « le plus peintre d'entre
nous ». Bien plus que le roman, que la musique,
la peinture correspondait chez lui au besoin
d'une matière plus concrète capable d'exprimer
toute la sensualité d'un empirisme naturel.
André Derain effectue sa première
contribution au mouvement par une adhésion au
principe de l'organisation d'un espace réalisé
en fonction de la surface de la toile. Il
manifeste à ses débuts un certain esprit
d'indécision originaire de son instinct de
peintre et d'une culture très étendue ainsi que
d'un conflit entre les deux notions. Cette
condition là s'aggravera du fait que Matisse et
Vlaminck présentent, l'un avec sa prudence,
l'autre avec son instinct non contrôlé, deux
tendances dont il percevait les effets
successifs contraignants. Les amis de Derain
connaitront en lui un maître du pinceau, une
touche puissante, une aisance sereine et avec
une sureté des nuances et aux accents purs et
décidés déjà à une virtuosité surprenante,
portant la marque d'un tempérament sensuel.
" Le grand danger pour l'art, c'est
l'excès de culture " "Que gagne-t-on à manquer
de culture ?" (A.Derain)
Tout ceci s'exprime donc d'abord par un coloris
exubérant donc Derain va s'attacher à pousser
l'intensité à un paroxysme dont Vlaminck lui
même demeurera le premier surpris, dans une
intention de réaliser des harmonies plutôt que
des symphonies colorées. Derain est donc le
premier à remarquer que la technique des fauves
pouvait construire mais pas architecturer une
toile. Il est très curieux mais pas forcément
audacieux et on s'en apercevra quand le Cubisme
l'invitera à surpasser les limites que son
instinct le poussait à franchir mais que son
esprit le contraindra
finalement à respecter. Il avait pressenti qu'il
existe deux cultures : celle qui devient constructive
si assimilée, et celle
qui ne constitue qu'un simple ornement de
l'esprit. C'est à ce dilemme que son œuvre se
heurte. Si ces hésitations l'ont privé d'une
originalité qu'il souhaitait éventuellement,
elles ont contribué chez lui à des réussites
éclatantes, notamment dans ses compositions
fauves.
Enfin, une
dernière influence : celle des « arts premiers
», océanien et africain. Ces arts exotiques,
très décriés au XIXe siècle pour leur «laideur»
et remis à l'honneur par Gauguin, sont
collectionnés par les artistes qui les
découvrent lors des expositions universelles. De
nombreuses œuvres présentent des personnages aux
visages stylisés en forme de masque, comme c'est
le cas par exemple pour La Gitane de Matisse.
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André Derain
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Les Fauves s'avisent
d'ordre, de mesure dans un domaine où ils redoutent les
pires excès, les pires erreurs. Ils usèrent d'un moyen
étonnamment brillant : charger la couleur d'organiser sa
propre discipline. Le sujet n'est considéré que sous
l'angle de sa seule fonction plastique et désormais, le
degré d'intensité du ton, la mesure des surfaces
peintes, la répartition des blancs, la distribution des
cernes expressifs, le développement des arabesques
inspirées favorisent la cohésion et l'équilibre
souhaités. L'éternel problème de la profondeur et de
l'illusion de l'espace est résolu par la puissance et le
choix de la place des tons. La lumière n'est plus source
d'éclairage, mais d'intensité et tout accident est
rejeté au bénéfice de l'essentiel. La simplification est
la garantie de la multiplicité des tons. Une toute
nouvelle grammaire est imaginée, codifiée selon des
logiques personnelles et sans doute l'intention suprême
de l'artiste reste de retrouver la sensation première du
choc éprouvé et les fauves entendaient laisser
l'instinct s'organiser de façon à ne pas trahir la
liberté qu'il avait prise vis-à-vis de l'objet de son
émotion. Les fauves ne veulent plus compromettre leurs
chances d'être compris.
Ce mouvement ne durera cependant que le temps de voir
surgir quelques œuvres magnifiques de lyrisme et de
couleurs. La dispersion rapide des fauves atteste que la
tentative ne fut pas menée au bout de ses conséquences.
Il existe une marge qui reste considérable entre ce que
les fauves voulaient être et ce qu'ils sont devenus.
Matisse commença à sentir les limites du mouvement et il
n'osa pas les franchir, de peur de rompre avec une
réalité traditionnelle de la nature dont il ne pouvait
se passer. Finalement, le fauvisme s'affirme plus comme
une technique qu'une esthétique.
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