Louis-Pierre Bougie
Artiste peintre, graveur
Louis-Pierre Bougie, né à Trois-Rivières, Québec, le 16 août 1946 et mort à Montréal, Québec,
le 10 janvier 2021 d'une pneumonie, est un peintre et graveur canadien spécialisé en taille douce et
en eau-forte après une longue formation aux ateliers Lacourière-Frélaut à Paris, où il a travaillé
pendant plus de quinze ans, et lors de nombreux séjours de travail et d'étude en France, Portugal,
Pologne, Irlande, Finlande et New York.
Ses œuvres sont régulièrement exposées dans des galeries canadiennes, américaines et européennes. Plusieurs de ses œuvres font partie de grandes collections publiques et privées notamment au Québec
et à New York. Bougie est le chef de file de la gravure au Québec, par la profondeur du propos
et la continuité du travail.
Biographie
Formation
Après une initiation à la gravure à l’École des Beaux-Arts de Montréal, où il était étudiant libre
dans les cours d’Angèle Beaudry, Louis-Pierre Bougie a poursuivi sa formation dans de nombreux ateliers, principalement à Paris, chez Lacourière-Frélaut (1979-1993), chez Tazé et Champfleury, et aussi à Vancouver et Montréal. Il a fait des séjours de formation à Strasbourg (1979-1982), à Cracovie (1980), à Helsinki (2003),
à Buenos Aires (2006), renouant avec une tradition de transmission du métier dans les ateliers
de taille-douce qui s’apparente au compagnonnage.
2006 : Studio du Québec à Buenos Aires, Argentine.
2003 : Studio du Québec à Helsinki, Finlande.
1996 : Studio du Québec à New York.
1992-1993 : Ateliers Champfleury, Lacourière-Frélaut
et René Tazé à Paris, et Atelier Sagamie, Alma.
1988 : Atelier Lacourière-Frélaut à Paris (édition de gravures).
1984-1987 : Atelier René Tazé à Paris.
1982-1987 : Atelier Circulaire à Montréal.
1980 : Atelier Libre Lotozowska 3 de Cracovie, Pologne.
1979-1987 : Cité Internationale et Lacourière-Frélaut à Paris (gravure).
1979-1982 : Arts Décoratifs de Strasbourg (litho), artiste invité ; Ateliers Champfleury (litho)
et Lacourière-Frélaut à Paris.
1975-1982 : Atelier Luc Nadeau à Montréal et à Baie-Saint-Paul.
1975-1977 : Atelier Arachel, (litho, eau forte) et Atelier Graff à Montréal.
1972-1973 : Vancouver School of Art (étudiant libre).
1969-1972 : Atelier de Recherche Graphique de Montréal, Guilde Graphique de Montréal.
1967-1970 : École des Beaux-Arts de Montréal, étudiant libre en gravure avec Angèle Beaudry.
Louis-Pierre Bougie meurt le 10 janvier 2021 à Montréal.
Œuvre
Louis-Pierre Bougie a produit un œuvre gravé et peint considérable, faisant appel aux
techniques traditionnelles du burin, de l’aquatinte, du chine encollé, pour produire un travail
en taille-douce résolument moderne.
Bougie appartient à la grande lignée des Goya, Blake et Rops, il a développé une technique originale
du monotype, qui met à contribution les procédés de la gravure pour intégrer des dessins
réalisés à partir de modèles vivants.
On assiste alors à une inversion de la technique : le papier est déjà dessiné à la pierre noire et rehaussé à l’acrylique avant de recevoir l’image de la plaque : une planche de cuivre encrée, qui aura été mordue au préalable par des badigeons d’acide (des crachis ou « spit-bites ») et quelques éraflures au grattoir.
L’impression saisit le tout dans une transparence surnaturelle : à donner de la lumière, c’est bien
ce que l’on entend par enluminure. Chez Bougie, la gravure devient un procédé qui permet d’ouvrir, et de sceller un espace, où le désir et l’imagination se déposent autrement dans la matière corporelle,
où la lumière (par rehaut et par enluminure) fait remonter autrement l’apparaître et
nous redonne une part de nous-mêmes.
Implication
En 1975, Louis-Pierre Bougie vit à Outremont, voisin de Serge Fiori. Celui-ci lui demande d'effectuer l'illustration de Si on avait besoin d'une cinquième saison, le second album du groupe Harmonium. Il utilise une technique mixte avec aquarelle, encre, peinture acrylique et pierre noire pour effectuer l'œuvre.
Au début des années 1980, alors qu’il multiplie les séjours dans des grands ateliers de gravure
à l’étranger (Strasbourg, Paris, etc.) Louis-Pierre Bougie fonde – avec quelques artistes passionnés
d’eau-forte (Pierre-Léon Tétreault, Kittie Bruneau, etc.) - l’Atelier circulaire. Il n’aura de cesse,
tout au long de sa carrière, d’aider à promouvoir les œuvres gravées des artistes québécois, au Québec comme à l’extérieur du Canada, et à multiplier les liens avec le milieu littéraire.
En 1983, dans un texte commun, les poètes Gaston Miron et Michaël La Chance ont envoyé un télégramme à Louis-Pierre Bougie : « Nous saluons Louis-Pierre Bougie qui est de ceux qui, en devançant le lendemain augmente ses possibilités et dévie le temps de son encerclement mortel. » Sa réputation de buriniste hors pair et d’aquafortiste de renommée internationale a contribué à jouer ce rôle de diffusion et de valorisation de la gravure québécoise. Ce travail de médiateur, Bougie le joue de façon significative par les invitations qu’il lance à des artistes étrangers, pour une impression taille-douce d’un livre d’artiste (François-Xavier Marange), pour des résidences de production (Martin Müller-Reinhart), pour des échanges Québec-France-Québec-Taiwan, etc. Discret et solitaire, il a joué un rôle décisif pour encourager et promouvoir nombre d’artistes du Québec qui sont passés par l’Atelier circulaire ou à l’occasion d’expositions collectives qu’il organise
et dont il a été commissaire.
Nombreuses exposition en solo ou collectives
L’œuvre gravée de Louis-Pierre Bougie est, pour une part, dialogue avec la poésie : ce qui donnera lieu à quelques collaborations en galerie et surtout à des livres d’artistes où se rencontrent typographes, graveurs, poètes et relieurs. Louis-Pierre Bougie a collaboré avec plusieurs poètes : Gaston Miron (un « Après-dire » dans Le Prince, un poème liminaire dans Forger l’effroi), Paul Chamberland, Geneviève Letarte (un livre), Jérôme Élie, Michel Butor (un livre), Michel van Schendel (deux livres), François-Xavier Marange (un livre), Paule Marier, Michaël La Chance (4 livres), etc. Ce sont des collaborations étroites où l’écrivain ne manque pas, à chaque fois, d’être impressionné par l’approche à la fois rude et sensible, rugueuse et édénique,
que Bougie donne à la création. C’est ainsi que, dans un esprit de collaboration créatrice
et d’amitié avec les poètes, de nombreux livres d’artistes voient le jour,
lesquels seront rassemblés pour de grandes expositions :
2013 : Centre d'archives de Montréal, BAnQ : « Louis-Pierre Bougie – 30 ans de livres d'artiste »
(commissaire : Claude Morissette).
2007 : Grande Bibliothèque, BAnQ, reprise de l’exposition de 2005 à Québec :
« Actualité de l'estampe au Québec ».
2005 : Musée national des beaux-arts du Québec
1990 : Bibliothèque des arts, Université du Québec à Montréal.