La flèche octogonale de granit actuelle de la cathédrale Saint -Tugdual de Tréguier, commencée en 1785 et terminée en 1787 est financée par Louis XVI par les taxes sur les loteries. Elle remplace une flèche de plomb qui datait du XVème siècle dont la légende dit qu'elle aurait été financée par Satan. 

La légende = les travaux de la cathédrale débute au XIème siècle et se terminent en 1411. Cependant avant l'achèvement des travaux, l'évêque (Jean de Plouec ?) ne pouvait la doter d'un clocher faute de moyens et aides financières. Un jour Satan déguisé en seigneur breton rencontre le prélat en son presbytère et lui propose un marché : posséder l'âme de tous ceux qui décèderont entre la grand messe et les vêpres dès le 1er dimanche qui suivra son achèvement. Le clocher (une flèche de 68 mètres de haut) est construit par Satan qui réclame évidemment son dû. Mais l'évêque à la fin de la messe, faisant preuve de malignité, chante l' "ite missa est" (la fin de la messe donc la prise de congé) suivi immédiatement du 1er psaume des Vêpres "dixit dominum domino deo" (ce psaume prêche le combat pour chasser les infidèles). Le psaume est repris en chœur par les fidèles et le diable prend la fuite. 

Une autre version de la fin de cette légende est proposée dans ce livre. Le prêtre évoque après l' "ite missa est" une prière "domine ad adjuvandum me festina" qui est un appel à l'aide de Marie.

Cette légende est évoquée par Anatole Le Braz dans un conte "Le diable et l'Enfer" in "La légende de la mort en Basse-Bretagne" 1893, par Théodore Botrel, le conte intitulé "Le clocher de Tréguier" in "Contes du lit-clos" 1912 et Octave-Louis Aubert in "Légendes traditionnelles de Bretagne" 1931. Ce dernier a été éditeur de beaux livres et livres d'art, peut-être est-ce lui l'auteur de cette édition.

Les jolis dessins en couleurs en encadrement du texte sont signés d'un monogramme A.M. que je n'ai pu identifier.