[CHOUANNERIE]. ANONYME.
Lettre Autographe. Rennes, Quartier général, 20 prairial an 3 [8 juin 1795].
2 pp. in-folio étroit sur papier vergé teinté vert.      

...Mon ami, te connaissant curieux des nouvelles de nos armées et principalement du succès de leurs armes, je m’empresse de te donner connaissance des derniers (...). La nouvelle officielle arrivée ici hier de Laval, annonce que 1200 hommes de nos troupes ont été attaqués par 6000 Chouans, attaque qui leur a été bien infructueuse. Nos troupes escortaient des munitions et déjà ces scélérats en calculaient le partage ; mais leurs parts furent bientôt mises égales par deux colonnes, commandées par le général Sosuet qui les cerna de tous côtés, et par une seule décharge, et une charge à baïonnete aux reins, en fit mettre 800 sur le quarreau (sic) et le reste en déroutte...  En voici une autre qui prouve la fraternité de nos braves soldats. Le 14 un capitaine de chasseurs (...) commandant un détachement de 100 hommes, partir de la Guerche pour escorter des voitures de transports militaires chargées de fourrage et la poste pour Vitré. Il arriva sur les 6 heures du soir au village de la Motte-Gérard (...). Ses éclaireurs de droite et de gauche furent attaqués (...). L’ennemi ne cessa point (...) de continuer son feu pendant une lieüe. La fusillade s’étant entendue de Vitré, un détachement vole à leur secours et tous ensemble dissipent la horde de cannibales qui ont pour sistême Salus in fuga... Le lendemain une nouvelle attaque d’éclaireurs dans le même secteur de la Motte-Gérard : ...Le feu le plus opiniatre s’engagea de part et d’autre (...). Ces scélérats pritent la fuite (...). le Capitaine de notre 1er détachement fit ramasser ces blessés au nombre de spt, et en perdit neuf, les paquets de la poste tombèrent au pouvoir de l’ennemi (...). D’après les renseignements pris sur les lieux (...), il reste pour très constant que l’ennemi a perdu beaucoup de monde, puisqu’ils ont vu les emportant par charretées. J’ai oublié de te dire que la première affaire de Laval a eu lieu aux châteaux de Grand-Champ et de Penhoët (...). Le Comte Desils Général royaliste de tout le Morbihan et Jean Grand chef du même parti pour le district de Fouët, ont été reconnus parmi les morts... Il recopie en p.s. une lettre (incomplète) adressée au général Rey dans laquelle est décrite l’infiltration d’un des leurs dans le camp des Chouans : « Extrait d’une lettre adressée à port Malo, au Général Rey, commandant la première division le neuf prairial 3 année Rép. » : ...informé qu’il se faisait aux environs des rassemblements de Brigands, d’autant plus difficiles à surprendre, que leurs espions les avertissent exactement de l’approche des troupes de la république, je me suis déterminé à me costumer en chouan, avec quinze des grenadiers de mon détachement (...), je me suis rendu à la gentillomière de la Ramée.... où ils ont été accueillis par la Dame Trogoff, ...« Soyez les bienvenus », nous dit la dame vous ne pouvez arriver plus à propos avec votre troupe car je suis menacée, pour cette nuit, de la visite des Crapeaux bleus...