● Geneviève TABOUIS - (Paris 1892 - Paris 1985) ●
Geneviève Tabouis, née Geneviève Le Quesne, est une journaliste française. Dénonciatrice du régime totalitaire naissant de l’Allemagne. Hitler lui-même a dit dans un discours du 1° mai 1939 : « Madame Tabouïs, la plus intelligente des femmes, sait ce que je vais faire avant que je le sache moi-même. C’est ridicule… »
L.A.S - Paris, 6 avril [1946]
1p in-4 - (21x27cm env)
à Maurice garçon [suite à son élection à l’Académie Française le 4 avril 1946] :
« Bravo et encore bravo ! Si heureuse de votre superrrrbe élection !
Fidèlement vôtre "
Bel état de conservation - à noter une petite déchirure sur 1.5cm coté droit de la lettre
Envoi soigné / protégé
Informations complémentaires :
Appartenant à la bourgeoisie, elle naît en 1892 et est la fille de Fernand Le Quesne, artiste peintre. À l'âge de sept ans, elle est élevée par sa mère, Berthe Le Quesne (née Lafosse), fille d’un riche industriel1. Elle fait d'abord ses études au couvent de l'Assomption, un établissement parisien en vogue. Quand elle a treize ans est votée la loi de séparation des Églises et de l'État et les religieuses perdent le droit d'enseigner. Elle les quitte alors pour un lycée public. Elle étudie ensuite à la faculté des lettres de Paris et à l'École d'archéologie du Louvre, ce qui lui fera écrire trois biographies à succès sur Toutânkhamon (1929), Nabuchodonosor (1931) et Salomon (1936). Elle est introduite dans les milieux diplomatiques par son oncle par alliance, Jules Cambon (époux de sa tante maternelle Eugénie Lafosse2), et par le frère de ce dernier, Paul Cambon, lui aussi diplomate. Elle collabore à La Petite Gironde en 1922, puis au quotidien L'Œuvre à partir de 1930. On peut lire ses éditoriaux dans le journal Marianne à compter du 1er mars 1939 de manière sporadique, puis à chaque parution, à compter de novembre 1939 jusqu'à la cessation de la publication du journal, en août 1940.
Dans son autobiographie, elle ne parle pas de son mari Robert Tabouis (qu’elle avait épousé en 1916 et qui allait devenir administrateur délégué de Radio Luxembourg) et elle ne parle qu’en passant de sa fille et de son fils, lequel fut appelé sous les drapeaux en 1938. Appartenant à la haute société de France et d’Angleterre, elle fut invitée au couronnement de George VI en 1937 et évoque à cette occasion sa robe de couronnement conçue par Edward Molyneux.
En 1903, elle réside plusieurs mois à l'ambassade de France à Madrid avec son oncle Paul Cambon. En 1906, elle assiste avec son cousin au mariage d’Alphonse XIII d’Espagne avec la princesse Victoire-Eugénie de Battenberg. Entre 1907 et 1914, elle se rend chaque année à Berlin pendant deux mois pour rendre visite à son autre oncle, Jules Cambon, nommé ambassadeur de France à Berlin, ce qui lui permettait de rencontrer plusieurs dignitaires allemands. Après la fin de la Première Guerre mondiale, elle assiste avec lui à plusieurs séances de la Société des Nations.
Elle ne cesse de mettre en garde contre la montée d'Adolf Hitler et le réarmement allemand. La persistance de sa dénonciation du totalitarisme pousse l’écrivain français ultranationaliste Léon Daudet à la surnommer, en 1933, « Madame Tata, la voyante ». Après l’annonce par l’Allemagne qu'elle allait réintroduire la conscription obligatoire à partir de mai 1935 pour reconstruire ses forces armées, le diplomate grec Nikolaos Politis lui dit : « Vous avez intérêt à rester alerte, Madame Tabouis, sinon on va commencer à vous appeler Cassandre. Vous avez prédit des événements malheureux, et le pire de tout, c’est qu’ils se produisent toujours ». Adolf Hitler lui-même l’attaque dans un discours du 1er mai 1939 avec un commentaire sarcastique : « … Madame Tabouis, la plus intelligente des femmes, sait ce que je vais faire avant que je le sache moi-même. C’est ridicule… ».
Réfugiée à Londres en raison de ses prises de position farouchement opposées au nazisme, elle ne rejoint pas la France libre naissante3 mais part aux États-Unis où elle dirige, du 12 janvier 1942 au 25 août 1945, un périodique francophone à New York, Pour la victoire, publié par les éditions Notre Paris Corp., qui connaît 34 numéros. Elle devient l'amie et la confidente d'Eleanor Roosevelt.
Rentrée en France, elle fait partie des services de politique étrangère de divers journaux : La France libre (1945-1949), L’Information (1949-1956) et Paris Jour (à partir de 1959). Pour son esprit critique et par jalousie peut-être, on l'a accusée longtemps d'être un agent soviétique. Il ressort des éléments trouvés dans les archives soviétiques et publiés par son biographe, Denis Maréchal, que Geneviève Tabouis recevait mensuellement 5 000 francs de l'ambassade soviétique dans les années 19304.
Épouse, depuis 1916, de Robert Tabouis (qui deviendra PDG de la Compagnie générale de la télégraphie sans fil puis administrateur de Radio Luxembourg), elle se fait connaître de la France entière sur cette antenne par ses chroniques politiques des années 1950 et 1960, les Dernières nouvelles de demain (1949-1967), qu'elle entame invariablement par sa célèbre phrase fétiche « Attendez-vous à savoir… », « J'ai encore appris… » et relaie par des « Et vous saurez… » et concluait ses éditoriaux à Radio Luxembourg d'un : « À dimanche prochain, pour les dernières nouvelles de demain. » Puis ce furent les Nouvelles exclusives (1964-1966) et l'Inédit du dimanche (1967-1981). Elle y intervient encore à l'âge de 88 ans.
Elle est inhumée à Paris au cimetière des Batignolles (27e division).
Source : wikipedia